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André Castella, le sourire de la République

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Sur le vif - Mercredi 03.09.14 - 09.49h

 

Pendant de longues heures, lorsque je lisais les éblouissants « Lieux de mémoire » de l’historien français Pierre Nora (NRF), j’allais contempler les monuments aux morts, dans les villages de France, et je me disais que la République, oui cette idée républicaine à laquelle je suis tant attaché, ne pouvait être un simple concept, mais devait s’incarner dans des êtres, par le miracle d'une Transfiguration. Démarche éminemment chrétienne : je l’assume. On peut être chrétien et profondément républicain, la question du Ralliement a été réglée, avec une parfaite clarté, par Léon XIII, il y a quelque 120 ans.

 

Dans l’œuvre de Nora, qui se penche notamment sur les milliers de tonnes de bronze fondu, pour en faire des stèles, dans les immédiates années après la victoire de 1918, la République est liée à la mort, au sacrifice. On érige des saints de la nation, comme l’Eglise édicte les siens, taillés dans la même pierre, proposés à la contemplation des survivants.

 

Le sens du service de l’Etat, la fidélité républicaine, alliés à une incroyable ouverture intérieure, sont les qualités qui fondent André Castella. Tout comme elles constituent et déterminent le caractère de ces autres amis que sont pour moi Jean-François Duchosal, Dominique Louis. Nous avons certes, eux et moi, servi sous le même drapeau, dans le même régiment, que deux d’entre eux ont commandé. Mais cette seule communauté des armes ne serait rien si elle n’était portée par une forme de mystique, assurément différente chez chacun, mais portée par un souffle commun. Chez ces gens-là, parmi les plus admirables que je connaisse à Genève, les Duchosal, les Louis, les Castella, on n’a pas servi l’Etat, ni le drapeau, à fins de carriérisme ou d’enrichissement, mais simplement parce qu’on y a cru.

 

Délégué à l’intégration, pendant sept ans, André Castella a donné à ce poste une rare dimension d’énergie, d’invention et d’engagement. Rien de mièvre dans sa fougue, rien de cette apologie parfois extatique de l’altérité. Non. Juste le secret subtil et fragile d’une ouverture à l’autre. Castella a cru à sa fonction, il l’a habitée. Il l’a incarnée.

 

Il va maintenant, toujours sous l’égide du républicain et régalien Maudet, se consacrer à d’autres tâches, en proximité avec le terrain et les communes. Je te dis, André, que tu dois continuer tel que tu as toujours été : républicain, serviteur, mystique. A quoi s’ajoute une sérieuse pointe d’humour et d’éternelle bonne humeur dont on ne va tout de même pas se priver, la vie n’étant pas nécessairement interminable, et toute gravité pénétrée devant être à fuir avec les enjambées du maraudeur, le forfait juste commis, dans les premières lueurs de l’aube.

 

 

Pascal Décaillet

 

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