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Sur le vif - Page 831

  • La vie en rose

     

    Sur le vif - Dimanche 23.02.14 - 10.53h

     

    En peinture comme en journalisme, il y a les modes et les courants. Depuis le 9 février, nos éditorialistes de Suisse romande, ceux-là même qui avaient si passionnément prôné le non, sont dans leur période rose. Passage obligé sur le chevalet de l'artiste: le panégyrique de Didier Burkhalter. Pas un mot sur l'échec de six semaines d'une campagne lancée à grand fracas le jour de l'an, pétaradante de dollars, et finalement fracassée contre la volonté du souverain. Non, pas un mot.



    En revanche, dire et redire, à n'en plus finir et se copiant les uns les autres, à quel point nous assistons à l'éclosion d'un "homme d'Etat". L'échec, comme chrysalide. Et le Transfiguré, papillonnant dans les chancelleries d'Europe pour sauver notre pays. Il y aurait donc une vie après la mort, de lumineuses statues de la Renaissance, Didier Imperator, toge romaine, licteurs. On imagine un bronze, Musée du Vatican, porte ouverte sur les jardins ensoleillés, chant d'une mésange.



    Je ne serais pas complet si je ne confessais ici avoir fait exactement la même chose, il y a 22 ans, avec Jean-Pascal Delamuraz. Sitôt l'échec du 6 décembre 1992, je fais partie de ceux qui ont culbuté le réel en idéalisant le vaincu. Et je l'ai fait jusqu'à sa mort, en 1998, et au-delà de sa mort.



    Je dirais simplement que Delamuraz n'était pas Burkhalter. L'un des deux me faisait rêver. La  vie est courte, on tente de choisir ses songes. Même si c'est sans doute le contraire. Bon dimanche à tous.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Il est vivant !

     

    Sur le vif - Samedi 22.02.14 - 19.44h

     

    Il faut d'urgence créer en Suisse romande un nouveau journal.



    Entendez par "journal" non pas le simple vecteur papier que nous avons tous connu, et Dieu sait si nous le chérissons. J'en ai encore des tonnes, dans toutes mes caves. J'ai vraiment entamé cette collection dans les jours qui ont suivi la mort de Charles de Gaulle, le 9 novembre 1970. J'avais un peu plus de douze ans. Toute ma vie, j'aurais voulu avoir écrit le papier de Jean Cau, dans Paris Match, sur la journée des funérailles. Oui, ma passion du journalisme est née d'une oraison funèbre, se terminant par ces trois mots: "Il est vivant". Oui, c'est christique. Oui, c'est pascal. On ne se refait pas.



    Non, plus seulement le papier. Il faut aujourd'hui une appréhension plus large.



    Petite équipe, visionnaire et passionnément travailleuse. Au tréfonds de son âme, la "journaliste attitude", qui est d'abord de dimension passionnelle, je dirais presque sacrificielle, mais aussi de jouissance à l'ouvrage. Je ne suis pas loin de penser qu'on entre en journalisme comme en religion. Non dans l'aspect métaphysique de cette dernière, mais dans l'horlogère précision de sa liturgie. D'abord, on apprend à calibrer. Un papier, un son, une image. On apprend à écrire, ou à parler dans un micro. Après, on discute.



    Laudes, matines, vêpres, il y a des prières du matin comme des journaux de l'aube, des recueillements du crépuscule comme des journaux du soir.



    Ensuite, de multiples supports, totalement adaptés à la modernité, et même la précédant. Surtout, fureur d'écrire, ou de radiophoner, ou de téléviser, ou de bloguer, ou de tout ce qu'on voudra. Pourvu que cela, aimé ou haï, procède d'un angle, d'un courage, d'une solitude assumée, d'une originalité d'approche. Que l'écrit fleure la belle ouvrage, que le micro s'offre à des voix qui ont des choses à dire. Que les gens nous détestent, nous ne sommes pas là pour être aimés !



    Aucune concession. Jamais de cocktail. Juste la constante, la révolutionnaire réinvention du métier. Jamais acquis. Toujours recommencé.


    Le métier appartient à celui qui le pratique. La prière, à celui qui prie. Le micro, à celui qui en a passionnément envie. La puissance de solitude, à celui qui veut bien la tenter.

     

    Pascal Décaillet

     

  • L'étouffante politique éditoriale du Temps

     

    Sur le vif - Mercredi 19.02.14 - 10.47h

     

    "La faillite du modèle suisse": ahurissant papier de François Cherix dans le Temps. La Suisse, Monsieur le Mage aux douze Étoiles, se porte fort bien, et sa démocratie directe, le dimanche 9 février, a tout simplement fonctionné. Un système de consultation du peuple que tous nos voisins nous envient, tant ils en sont, eux, privés. On apprécie ou non le résultat, pour ma part je respecte votre tristesse, mais de quel droit venez-vous nous parler de faillite d'un modèle ? Il ne s'est jamais aussi bien porté, le modèle, et les peuples qui nous entourent aimeraient tant s'en rapprocher un peu. Les peuples, M. Cherix, pas les technocrates cooptés de Bruxelles !



    Je vous propose, M. Cherix, de nous donner rendez-vous aux élections européennes de mai prochain. Nous verrons, ce dimanche-là, quelle construction technocratique a échoué, quel "modèle" est en faillite, quels résultats feront les euro-turbos, par rapport aux partis qui veulent rendre la parole aux peuples des différentes nations de l'UE. Oui, ce dimanche de mai, rétrospectivement, le vote de la Suisse, trois mois plutôt, pourrait bien apparaître, non comme l'insularité bizarroïde que vous voulez nous faire croire, mais comme le signal prémonitoire d'un petit peuple à ses voisins. Le signal d'un printemps démocratique, en Europe.



    Vous parlez de "faillite du modèle" pour la seule raison que vous avez perdu. Vous eussiez gagné, même de très peu, vous eussiez immédiatement titré sur "la sagesse d'un peuple qui ne s'en laisse pas conter".



    Depuis le 9 février, le Temps multiplie les textes de pleurnicheries et d'annonces d'Apocalypse. Il convoque tout le ban et l'arrière-ban des opposants à l'initiative, qui n'arrivent pas prendre acte - oui, simplement prendre acte - de la décision du 9 février. Ce jour-là, avec une bonne participation, le peuple et les cantons, sur la base d'une brochure parfaitement claire, ont pris leur décision en totale connaissance de cause. Ils veulent une régulation (pas un arrêt, une RE-GU-LA-TION !) des flux migratoires. Il s'agit maintenant de l'appliquer.



    Quant à la politique éditoriale du Temps, caricaturale, elle confirme l'impérieuse nécessité de l'avènement, en Suisse romande, d'un espace médiatique - journal papier, site internet, radio, TV, ou plutôt le tout à la fois, cela reste à inventer - capable de porter une autre sensibilité. Parce que là, entre le Temps, la RTS, Ringier et Tamedia, nous sommes sous la dictature d'une pensée unique, étouffante.

     

    Pascal Décaillet