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Sur le vif - Page 825

  • Sébastien Desfayes : première erreur

     

    Sur le vif - Samedi 22.03.14 - 11.03h

     

    Je suis le tout premier à considérer Sébastien Desfayes comme un homme de grande valeur, avec de l’ancrage historique, de la verticalité dans la présence, le sens du combat et de la stratégie. Enfin un président du PDC, me disais-je jusqu’à maintenant, clairement trempé à droite. Avec, bien sûr, l’inflexion sociale, familiale qui, au sein de la droite, sont la marque de ce parti. Mais enfin à droite. Dans la grande famille de pensée, plurielle et bigarrée, qui s’appelle la droite. En politique, le « centre » n’existe pas, il n’est qu’un improbable Marais, un mirage. Il y a une gauche. Et il y a une droite. Dès que les enjeux sont sensibles, dès qu’ils touchent à la propriété par exemple, ou à l’individu, les grandes familles se soudent et la dualité réapparaît. Quoi qu’en pensent les bobos post-modernes, persuadés d’avoir dépassé l’Histoire, aboli sa dimension tragique, relégué aux orties les frontalités de leurs pères.

     

     

    En lisant ce matin la Tribune de Genève je déchante. Pourquoi diable, à peine élu, le nouveau président du PDC, alors que personne ne lui demande rien, vient-il aussitôt couper tous les ponts avec l’UDC et le MCG ? Pourquoi préciser en mars une politique d’alliances qui, dans toute la complexité de nos communes, ne sera mise en œuvre que dans un an, aux élections municipales ? Pourquoi, stratégiquement, se griller ainsi dès le départ ? Dans certaines communes, le PDC n’aura peut-être pas besoin de l’appui de ces deux partis. Mais dans d’autres, si. Pourquoi l’exclure d’office ?

     

     

    Pourquoi, si ce n’est par effet de manche ? Plaire à l’Assemblée générale. Se mettre du bon côté une aile chrétienne sociale qui, justement, pouvait nourrir quelque crainte face au discours de campagne du nouveau président. Plaire, aussi, et j’aime encore moins cela, au quatuor de l’Entente du Conseil d’Etat, avec ce discours sans faille sur les bilatérales, sans la moindre prise en compte de ce qui s’est passé en Suisse le 9 février. Dommage. Ces gages sont inutiles. Ils affaiblissent d’emblée le nouveau président, lui abolissent toute marge de manœuvre dans la stratégie électorale du printemps 2015.

     

     

    Surtout, il y a le fond. Au nom de quoi le nouveau président du PDC peut-il, d’une chiquenaude populiste destinée à l’interne de son parti, couper toutes relations avec deux partis de la droite genevoise, parfaitement républicains et démocratiques, représentés au Parlement, participant aux élections, n’ayant jusqu’à nouvel ordre entrepris nulle conquête du pouvoir par d’autres chemins que celui des urnes ? Si la querelle est sur le fond, que M. Desfayes le précise. On comprend qu’il ne soit pas d’accord avec ces deux partis sur le thème de la frontière. Mais, surtout au niveau des politiques communales, on peut parfaitement vivre avec cela. Et le reste ? Les finances ? La fiscalité ? La sécurité ? La santé ? La formation ? Les PME ? L’emploi ? La mobilité ? L’agriculture ? Aucune valeur commune, vraiment, entre le PDC et ces deux partis ? La communauté de pensée, le nouveau président préfère aller la chercher du côté de la gauche ? Parce qu’avec le seul PLR, les majorités seront insuffisantes.

     

     

    En politique, il faut appeler les choses par leur nom. Cette déclaration initiale est une erreur. Mettons cela sur l’émotion ecclésiale (au sens d’assemblée) de se retrouver parmi les siens. Comme dans une noce. Dans une atmosphère de chaleur et de fermentation. Mais la politique, il faudra la faire avec du jeu. Avec des alliances. Le nouveau président en est parfaitement capable. S’il veut bien éviter de nous donner la désagréable impression d’un suicide initial.

     

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Secret médical: la décision inacceptable du Conseil d'Etat

     

    Sur le vif - Jeudi 20.03.14 - 11.35h

     

    Ayant immédiatement organisé, hier soir, un débat Poggia-Buchs sur la levée (exigée par le Conseil d'Etat) du secret médical en prison, je n'ai pas encore eu le temps de rédiger un billet sur la question. J'espère trouver un moment dans la journée. Mais une chose est claire: cette décision du Conseil d'Etat est totalement inacceptable. Un patient détenu demeure, face à son médecin, un patient. Son droit au secret médical est inaltérable.



    Je sais que la majorité de l'opinion publique, dans le tout sécuritaire que veut nous imprimer le coupe Maudet-Jornot, ira largement dans le sens du gouvernement. Eh bien moi, pas. Les détenus ont des droits. Les patients ont des droits. Les détenus-patients ont des droits. Il n'y pas à les abolir d'une chiquenaude pour plaire à la pensée ambiante.



    Plus s'égrènent les heures, plus je me dis que la candidature de Pierre Bayenet, comme modèle alternatif à ce tout sécuritaire, a du sens et de la pertinence. J'ai dit et je répète que je voterai Jornot, tant l'homme est compétent et nécessaire à notre République. Mais il est sain que s'exprime avec vigueur une opposition sémantique et philosophique à sa politique judiciaire.



    Au fait, les deux hommes s'opposeront pendant une heure, en direct dans le GRAND GAC du dimanche 30 mars 2014, de 18h à 19h.



    Ah ben tiens, il est presque ficelé, du coup, mon billet.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Crimée : les clefs par l'ascèse de l'Histoire

     

    Sur le vif - Jeudi 20.03.14 - 09.31h

     

    "Pourquoi la Crimée ? Et pourquoi maintenant ?" - Le Temps, page 12.



    Enfin, l'éclairage d'une situation par les profondeurs politiques, économiques, culturelles, de l'Histoire. Enfin, quelques clefs. Qui ne condamnent personne. Mais expliquent.



    Dès 1991, pendant toutes les guerres balkaniques, je n'ai cessé les premières années, avant de me rendre sur place en reportage, de lire, lire, et lire encore les différentes visions du monde des antagonistes. Nous étions quelques-uns à proclamer que la diabolisation systématique des Serbes faisait le jeu d'autres puissances, en fonction d'antécédents puissants. Pour les identifier, il faut connaître. Se renseigner. Cela passe par une ascèse de l'Histoire.



    Aujourd'hui, dans l'affaire ukrainienne, la  vraie ligne de fracture n'est pas entre partisans des pro-Européens et des pro-Russes. Bien sûr qu'il faut trouver pour tous la solution de la meilleure coexistence possible. Non, la vraie démarcation se situe entre ceux qui acceptent de se plonger dans l'Histoire, le choc des cultures, la confrontation des visions, sans immédiatement les juger à l'emporte pièce. Et, d'autre part, ceux qui, au nom de grilles de lecture uniquement morales (et encore, leur morale à eux, autoproclamée), se contentent de coller des étiquettes, "Poutine dictateur", "Russie impérialiste", etc.



    Je ne veux pas revivre ce dialogue de sourds des guerres balkaniques. Ces intellos parisiens débarquant à Sarajevo en chemise blanche. Cette détestation organisée de tout ce qui avait le mauvais goût d'être Serbe. Cette ignorance crasse de l'Histoire, notamment des événements majeurs entre 1941 et 1945, Ce primat de la seule morale. A  ces facilités intellectuelles, résistons. Faisons pièce dès le début, ce qui ne fut pas le cas au début des années 1990. Écoutons toutes les parties. Ne diabolisions personne. Lisons, lisons et lisons encore. Ne rejouons pas la sinistre comédie des années 1990.

     

     

    Pascal Décaillet