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Sur le vif - Page 673

  • Financer les Pharaons, non merci !

     

    Sur le vif - Samedi 18.11.17 - 09.42h

     

    Thierry Savary, patron de Radio Fribourg, par ailleurs fort agréable à écouter, vient de commettre un autogoal dans l'affaire No Billag, sur la RSR.

     

    Il évoque un très ambitieux projet, très onéreux aussi, de centre multimédias à Fribourg, avec investissement immobilier. Bref, un univers qui relève totalement de l'économie privée, et n'a en aucun cas à être financé par le denier public.

     

    Il en profite pour souligner à quel point ce projet - passablement mégalomane, à première écoute, limite pharaonique - serait en danger, si la redevance disparaissait.

     

    Autogoal ! Si l'opinion publique peut comprendre que la redevance serve à soutenir des programmes, la mise en valeur d'une région, la voix donnée à ses habitants (toutes choses que Radio Fribourg, comme les TV privées régionales, assume fort bien), elle sera beaucoup moins ouverte à apprendre qu'elle doit financer des projets de développement relevant purement de l'investissement privé.

     

    Et c'est tout le drame de No Billag, avec son côté "tout ou rien". La vraie réflexion - je le dis depuis des années - doit porter sur la séparation entre soutien, non à des chaînes entières, mais à des PROGRAMMES, ou prestations journalistiques, jugés d'intérêt public, et, de l'autre côté, la part d'aventure privée des entreprises, qui n'a pas à recevoir un seul centime de subvention.

     

    Idem, lorsque la RTS nous brandit son projet titanesque sur un campus lausannois. On espère que cette aventure sera financée par ses gains publicitaires. La redevance - si elle doit exister - doit soutenir, partout en Suisse, privé ou SSR, la plus-value dans l'ordre du sens (information, débats, reportages, émissions citoyennes ou culturelles, sport de proximité, etc,). Cela, oui. Mais en aucun cas, elle ne doit s'appliquer aux projets d'investissements à risques, ou aux aventures immobilières des uns et des autres.

     

    Elle ne doit pas soutenir, à l'aveugle, des entreprises entières (privées ou SSR, peu importe). Mais, à l'intérieur de chacune de ces entreprises, apporter son appui ciblé à des ACTES JOURNALISTIQUES jugés d'intérêt général.

     

    Une comptabilité rigoureusement séparée, à l'intérieur de chaque entreprise, entre ce qui relèverait de la subvention, et ce qui a trait au risque entrepreneurial dans les investissements, s'impose donc.

     

    Évidemment, nous sommes là dans des considérations un peu plus nuancées, plus professionnelles aussi dans l'approche et l'expérience, que la théologie d'Apocalypse, entre le tout et le néant, le Salut ou la damnation, que nous propose No Billag.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Corps célestes

     

    Sur le vif - Lundi 13.11.17 - 09.40h

     

    Pendant que, sous nos braves latitudes apaisées, en Suisse, en France, en Allemagne, on n'en peut plus de débattre de sujets de société, dans l'interminable sillage de Mai 68, avec ses prétendues "libérations", voici que la guerre, la vraie, ne tardera pas à se rappeler à nos bons souvenirs.

     

    La guerre, terrible, avec ses armes, ses cortèges de morts.

     

    Celle qui se prépare au Proche-Orient, avec hélas comme terrain le Liban, sera de nature à retenir nos attentions. Et pourrait exporter ses conséquences, bien au-delà de la région. Le Proche-Orient, c'est nous.

     

    Quant à nous, surtout ne désarmons pas. Le tragique de l'Histoire, toujours, peut revenir, sonner à nos portes. Et réveiller nos consciences gisantes, au milieu de l'errance et de l'amnésie.

     

    Ce jour-là, nos querelles sur le sexe, le genre, la parole inclusive, nous sembleront, d'un coup, si vaines, si périphériques, si luxueuses.

     

    Si célestes.

     

    Pascal Décaillet

     

  • C'est le jeu, c'est la vie

     

    Sur le vif - Dimanche 12.11.17 - 14.35h

     

    Si tu ambitionnes un acte pamphlétaire, c'est bien, c'est courageux. Mais je te préviens : si c'est un VRAI pamphlet que tu commets, alors tu vas en prendre plein la poire.

     

    Tu veux croquer les puissants, ceux qui abusent de leur pouvoir ? Fort bien. Mais alors, attaque-toi, le plus directement possible, non aux dictateurs qui sévissent à vingt mille kilomètres de chez toi, mais au VRAI pouvoir abusant, chez toi. Dans ton périmètre, ton environnement immédiat. Des gens qui pourront te lire, t'écouter, t'attaquer, te créer des emmerdes, te traîner en justice. Là, oui, tu prends un risque.

     

    Attaque-toi aux pensées dominantes, terrorisantes de consensus, celles qui, chez toi, autour de toi, étouffent tout débat. Là, oui, ton verbe sera au service d'un contre-pouvoir. Mais toi, tu prendras des coups. C'est ainsi que ça fonctionne, c'est le jeu, c'est la vie.

     

    Tu voudrais écrire un pamphlet - ou, beaucoup mieux, le gueuler - dans le microcosme de la Suisse romande ? Très bien. Alors, attaque-toi à ce qui, dans ce creuset-là, bien précis, apparaît dans l'espace public comme inattaquable. Dès lors, il faudra t'attendre, parfois, à défendre ce qui est réputé indéfendable. Et là, plus que jamais, tu prendras des coups.

     

    Tu auras contre toi tes confrères, oui tes pairs, pour avoir commis l'impair. Tu auras contre toi les humoristes, ces grands serviteurs, hélas si souvent, du pouvoir et des convenances, des courants majoritaires, des pressions dominantes. Tu auras contre toi les petits malins des réseaux sociaux, qui n'en peuvent plus de guetter, à l'affût du moindre "dérapage", eh hop, mise au pilori, copie aux Ligues bien pensantes, aux collectifs autoproclamés de défense de toutes les minorités possibles et imaginables.

     

    Tu auras écrit - ou, beaucoup mieux, parlé - et tu auras ligué contre toi ceux-là même dont tu dénonces les collusions. En se ruant sur toi, ils te feront mal. Mais en même temps, ils auront exactement prouvé la justesse de ton propos.

     

    Agiras-tu ? Te tairas-tu ? Tu es libre, totalement libre. Nous sommes tous libres.

     

    Pascal Décaillet