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Sur le vif - Page 615

  • La jeunesse vieillissante d'Emmanuel Macron

     

    Sur le vif - Dimanche 09.09.18 - 09.32h

     

    Emmanuel Macron n'est moderne qu'en apparence. Comme Giscard, en 1974, moderne pendant la campagne, puis très vite rattrapé par sa nature, celle d'un prédateur de la plus archaïque des espèces.

     

    Kennedy 1960, Giscard 1974, Macron 2017 : jouer sur sa jeunesse, son image, son élégance. Bien marquer le contraste avec son prédécesseur : Kennedy succède à Eisenhower, grand général en 1944 mais président passif et vieillissant entre 1953 et 1960 ; Giscard arrive après Pompidou, président malade, visage bouffi par la cortisone ; Macron doit marquer la différence avec François Hollande, surgi de la Province balzacienne.

     

    Alors, Macron 2017 a joué la carte de la "France à réformer" (vieille rengaine, déjà Giscard 74), de la jeunesse et de la rénovation. Il n'a pas donné de contenu, il s'est juste arrangé pour être présent au second tour : face à une telle adversaire, X était gagnant, il fallait juste qu'il fût Monsieur X. Alors, dûment financé par des fonds qu'il est allé chercher jusque sur la Côte Est des États-Unis, il a tout mis en œuvre pour pouvoir jouer son rôle de gendre idéal, contre la bête immonde.

     

    Tactiquement, c'est admirablement joué. Mais pour quel contenu ? Quelle politique ? D'un bout à l'autre de la campagne, personne ne l'a su. Le discours de Macron, en termes de sens, était parfaitement inaudible. Il fallait juste qu'il se montrât, affichât son élégance et sa jeunesse, et le tour était joué. Ce fut la victoire du néant sémantique, en costume parfaitement coupé.

     

    Depuis bientôt 18 mois, le néant sémantique est au pouvoir. Il n'a, pour l'heure, strictement rien réformé, il n'a fait que continuer à produire des effets d'annonce. A ce qui s'est passé de fondamental en Italie, en Autriche, en Bavière, en Hongrie, il n'a rien voulu voir. Il s'est cantonné dans ses certitudes de MRP pro-européen de la Quatrième République, doublé d'un ultra-libéral orléaniste, détestant le peuple. Il se comporte en monarque, mais juste pour la cuiller d'argent. A la colère noire des peuples, ceux qui veulent contrôler les flux migratoires et ne supportent plus l'arrogance impuissante de Bruxelles, il ne veut rien voir, rien entendre. Lui, naguère si jeune, le voilà paralysé, sourd, muet.

     

    A tout jouer sur la jeunesse et le "changement", on court au vieillissement et à l'immobilisme. C'est ce qui était arrivé au réformateur Giscard de 1974. C'est ce qui advient à Macron. Cinq ans de répit pour l'Ancien Monde. Cinq ans de perdus pour la France.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Tous fascistes, tous populistes !

     

    Sur le vif - Samedi 08.09.18 - 11.01h

     

    La gauche moralisante (qui, Dieu merci, ne constitue pas toute la gauche), commet depuis des décennies une erreur monumentale : au lieu de combattre ses adversaires sur le seul terrain qui vaille, celui des actes, elle perd son temps à les QUALIFIER. Elle leur jette des mots au visage, là où elle devrait contre-agir, par des faits.

     

    Lorsque j'étais étudiant, certaines Facultés de l'Université de Genève, seconde partie des années 70, étaient complètement à gauche. Du coup, si vous n'étiez pas de ce bord dominant, on vous traitait de "fasciste".

     

    On ne traitait pas seulement de fascistes les vrais fascistes (hyper-minoritaires), mais les jeunes libéraux, les jeunes radicaux, et même les gentilles jeunesses démocrates-chrétiennes ! Chez les colleurs d'étiquettes de gauche, aucune nuance, aucune connaissance historique, ni philosophique, de la passionnante diversité des droites, depuis la Révolution française. Non : tous fascistes !

     

    Aujourd'hui, c'est la même chose avec le mot "populiste" (qui n'a rien d'insultant, d'ailleurs). Dès que vous plaidez pour une politique de contrôle des flux migratoires, pour la démocratie directe, pour le protectionnisme agricole, on vous traite immédiatement de populiste.

     

    Alors, va pour "populiste", ma foi. Mais la gauche moralisante, une fois qu'elle aura, à cent mille reprises, bien salivé en traitant ses adversaires de "populistes", ce qui ne fait en rien avancer sa cause, elle pourra peut-être se mettre au travail. Et attaquer les problèmes à la racine.

     

    On peut toujours rêver, non ?

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Europe, Acte V

     

    Sur le vif - Samedi 08.09.18 - 08.33h

     

    De Gaulle - Adenauer, Schmidt-Giscard, Mitterrand-Kohl : il fut un temps où le couple franco-allemand, pilier de la construction européenne, donnait le ton sur le continent.

     

    S'il y a eu, dans l'après-guerre, une grande chose en Europe, c'est bien la réconciliation entre la France et l'Allemagne, scellée en la Cathédrale de Reims, le 8 juillet 1962, par un homme d'exception, côté français, et un Sage rhénan, armé de valeurs spirituelles. À cette Europe-là, celle des cœurs et des âmes, j'étais dans ma jeunesse favorable.

     

    Aujourd'hui, à Marseille, que voit-on ? Une Chancelière et un Président qui se rencontrent presque en catimini. L'Union européenne, qui a complètement dérivé depuis le début des années 1990, suite à la chute du Mur, et à un élargissement inconsidéré vers ses marches orientales, est devenue un monstre d'impuissance bureaucratique, et s'effondre. Les masques sont tombés, nous sommes à l'Acte V. Celui du dénouement, dans la tragédie classique.

     

    À Marseille, la pire des cécités, celle de deux dirigeants qui ne veulent pas voir. Ils continuent d'agir comme si le monstre bruxellois était encore pourvu de la moindre capacité d'existence et d'action. Le fut-il jamais ?

     

    À Marseille, Mme Merkel et M. Macron font semblant. Ils font comme si rien de puissamment démocratique ne s'était passé en Italie, en Autriche, en Hongrie. Comme si ce nouvel éperon nord-sud ne venait pas briser le ronronnement aveugle d'une Union en perdition.

     

    La Chancelière et le Président simulent. Ils font comme si le retour des peuples et des nations, la volonté farouche, venue d'en bas, de contrôler les flux migratoires, n'existaient pas.

     

    Ces deux-là, de Marseille, vivent dans le déni. Ils constituent, l'un comme l'autre, l'ultime répit de l'Ancien Monde. Jusqu'à quand ?

     

    Pascal Décaillet