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Sur le vif - Page 535

  • Rosa Luxemburg : cent ans demain !

     

    Sur le vif - Lundi 14.01.19 - 15.43h

     

    Point n'est besoin d'être communiste, encore moins Spartakiste, pour admirer le personnage historique de Rosa Luxemburg (1871-1919). Pour ma part, comme vous le savez, je me passionne depuis des décennies pour la Révolution allemande, celle qui a commencé le 9 novembre 1918, l'avant-veille de l'Armistice, et s'est étendue sur une bonne partie de l'année 1919, à certains égards même jusqu'en 1923.

     

    Dans les premières semaines de cette Révolution, Rosa Luxemburg, assassinée à Berlin avec Karl Liebknecht le 15 janvier 1919, a joué un rôle majeur. Il faut imaginer ce qu'a été le climat politique dans l'Allemagne vaincue de novembre 1918, et dans les mois qui ont suivi. Nous étions juste un an après la Révolution russe. Des Soviets locaux ont été proclamés dans des villes allemandes, avec des moments de confrontations très durs en Bavière.

     

    D'un côté, les Spartakistes. De l'autre, les nationalistes, constitués en Corps-francs. Pour la plupart, des démobilisés de la Grande Guerre, totalement hostiles à l'Armistice, adeptes de la théorie du coup de poignard (Dolchstoss) des politiques sociaux-démocrates contre l'Armée allemande, pas vraiment défaite sur le terrain. D'ailleurs, nulle portion de territoire allemand n'avait été touchée par les combats.

     

    C'est dans ce contexte qu'est intervenu, il y aura cent ans demain (15 janvier 1919), la mort de Rosa Luxemburg. Je ne suis pas de son camp, et ne l'aurais certainement pas été à l'époque. Mais c'était une femme d'un immense courage et d'une grande intelligence historique et politique. Nul ne peut comprendre la suite de l'Histoire allemande, notamment les causes de l'avènement du Troisième Reich, quatorze ans plus tard (30 janvier 1933), sans passer par une étude approfondie de la Révolution allemande de novembre 1918.

     

    S'il me fallait ne vous recommander que deux livres, deux chefs d’œuvre, ce seraient "November 1918" d'Alfred Döblin (publication intégrale 1949-1950), et "Die Geächteten", d'Ernst von Salomon, "Les Réprouvés" (1930). Il y raconte l'Histoire des Corps-francs.

     

    Passionné d'Histoire allemande, j'aurai demain, 15 janvier 2019, une pensée pour Madame Rosa Luxemburg.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Affaire Maudet : une issue, sans tarder !

     

    Sur le vif - Dimanche 13.01.19 - 16.16h

     

    L'affaire Maudet, sans tarder, doit trouver une issue. Pour la seule raison qu'à n'en plus finir, à l'excès, elle met en avant un homme. On aime ou non cet homme, chacun est libre. On le défend ou on l'attaque. On veut son maintien ou son départ. Mais il devient parfaitement insupportable qu'un seul homme, quelle que soit sa valeur, accapare autour de lui tant d'énergies intellectuelles, dans le champ politique.

     

    Insupportable, parce qu'en politique, surtout en Suisse, les idées priment sur les personnes. Les thèmes (mitage du territoire, imposition des entreprises, assurances sociales, primes maladie, remboursement des soins dentaires, retraites, relations CH-UE, etc.) sont un million de fois plus intéressants que le plus intéressant de nos politiciens.

     

    Au moment où nos voisins français, à la faveur du mouvement des gilets jaunes, redécouvrent enfin cette primauté des thèmes sur les personnes, avec des revendications précises sur l'invention de nouvelles formes de démocratie directe (le RIC), nous donnons, dans notre Canton de Genève, avec l'affaire Maudet, une piètre image du débat démocratique. Alors que nous, les Suisses, sommes justement cités en exemple, dans toute l'Europe, et notamment en France, pour notre système de démocratie directe.

     

    De grâce, il faut, dans un sens ou dans l'autre, régler l'affaire Maudet. Il faut la solder de tout compte. Il faut que ce règlement soit politique. Car le champ de la politique, c'est la politique elle-même, et non les juges. Si le parti de Pierre Maudet n'est pas capable, mardi soir à Uni Dufour, de trouver une issue claire - et non une impasse - à cette affaire, alors, il faudra engager d’autres forces du champ politique.

     

    Pour rappel, la politique n'appartient en aucun cas aux seuls élus. Encore moins aux partis. Elle appartient, dans un périmètre donné, à l'ensemble des citoyennes et citoyens. Au moment où, pour le découvrir enfin, nos amis français bravent le froid, l'hiver, les CRS, nous Genevois, soyons dignes de notre démocratie suisse : priorité absolue des thèmes sur les personnes, responsabilité des citoyens. S'il le faut, prise en charge directe, par ces derniers, du destin commun.

     

    S'il le faut, oui. Si les partis, les élus, les corps intermédiaires se complaisent dans l'impasse, alors oui : l'issue devra être définie par le suffrage universel. Ce sera peut-être cela, la leçon de l'interminable, l'insupportable affaire Maudet.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Des miliers de vérités humaines

     

    Sur le vif - Dimanche 13.01.19 - 00.32h

     

    Gilets jaunes : seule l'addition patiente - et critique - des dizaines de milliers de vidéos de portables, diffusées sur les réseaux sociaux, permettrait de donner une idée à peu près correcte des événements.

     

    L'addition d'images brutes, non traitées, non montées, non mixées, non mises en scène par un récit, non commentées par une voix off.

     

    Surtout, l'addition de vidéos citoyennes. Et non la fabrication de l'image par les TV pro-pouvoir, en tête desquelles l'ahurissante BFMTV. Mais les autres, aussi, toutes celles qui ont reçu consigne du CSA de "calmer les esprits".

     

    Dans la passionnante émergence des réseaux sociaux - vous savez ce que j'en pense, et à quel point j'y suis actif - la crise des gilets jaunes aura été un moment majeur.

     

    Je l'ai dit, je le répète : une fois expurgés de leurs péchés de jeunesse, les réseaux sociaux, avec leur partage horizontal des connaissances, leur complexité plurielle, leur absence de leader et de hiérarchie, constitueront demain le principal vecteur de transmission des informations.

     

    Ils changeront non seulement notre rapport au savoir, mais notre relation au pouvoir.

     

    Pascal Décaillet