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Sur le vif - Page 448

  • Frontaliers : un chiffre, un scandale

     

    Sur le vif - Jeudi 14.11.19 - 14.49h

     

    Frontaliers actifs à Genève : ils sont 85'199, soit une augmentation de 4,9% en un an ! Le chiffre est celui de l'Office de la statistique, cité par la Tribune de Genève.

    Désolé si je viens troubler l'ordre libéral ambiant, et la silencieuse quiétude autour de ce tabou, mais ce chiffre est tout simplement hallucinant. Il ne s'agit pas d'en vouloir aux personnes qui viennent travailler à Genève, mais bel et bien à une classe politique qui, après avoir fait un petit effort juste avant les élections du printemps 2018, semble avoir perdu le contrôle de cette folle croissance, malgré les grands discours du ministre de l’Économie sur l'inspection du travail, et la pseudo-application de la préférence cantonale.

    85'199 frontaliers, chaque jour, sur Genève ! Tant qu'il y aura, dans notre canton, une seul chômeur genevois, un seul jeune sans emploi, un seul senior laissé sur le bord du chemin, ce chiffre demeurera un scandale.

    Le principe de préférence cantonale, vilipendé dès 2005 par tout ce petit monde soumis à l'idéologie du libre-échange, par le patronat libéral, par la droite craignant de voir monter le MCG, par les syndicats de la gauche internationaliste, a immensément progressé dans les âmes, en une quinzaine d'années. Même la classe politique la plus arrogante avait bien été obligée d'en reconnaître la nécessité. Et là, patatras : 85'199 ! Ce chiffre est un scandale. Il n'y a, pour l'heure, rien d'autre à dire.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • D'une gauche l'autre

     

    Sur le vif - Jeudi 14.11.19 - 09.12h

     

    Les socialistes, je ne partage pas leurs idées, notamment en matière financière et fiscale, mais je les comprends. J'aime leur Histoire, depuis le milieu du dix-neuvième siècle, elle me passionne, elle appartient totalement au paysage politique de nos pays européens. Dans mon panthéon personnel, il y a les immenses figures sociales-démocrates d'un Willy Brandt, ou d'un Hans-Peter Tschudi. Je partage avec les socialistes les idéaux de justice sociale, de fraternité, de soutien aux plus défavorisés. Je rejette aussi beaucoup de choses, chez eux, dont le pacifisme, l'internationalisme, l'usage des déficits et celui de la dette. Je condamne aussi, avec la dernière énergie, leur tendance à oublier les fondamentaux du social, au profit du sociétâââl.

    Les Verts, je ne les comprends absolument pas. Enfin, si : je comprends - et partage - leur souci de protéger l'environnement. Mais de là à en faire un parti politique, à prétention généraliste ! Surtout, je suis totalement étranger à leur langage, urgence climatique, transfert modal, finance durable : leur liturgie n'opère sur moi aucune magie, je n'y perçois que la ficelle pour enlacer l'électeur. Je n'aime pas, non plus, leurs points communs avec les libéraux dans la surestimation de l'individu au détriment du collectif, encore moins leur utilisation de la morale, quand ça les arrange pour se faire élire : votez climat, ou vous serez responsables de la mort de la planète.

    Les socialistes, je ne suis pas des leurs, mais je les comprends, en profondeur, leur Histoire me passionne. Les Verts, eux, me donnent l'impression de surgir d'une autre planète, d'autres modèles de pensée, d'autres champs de références. Une seule chose, chez eux, m'apparaît avec une totale clarté : l'immensité de leur opportunisme, un jour Fukushima, l'autre jour le climat, pour se saisir des peurs d'un moment, et se hisser vers les attraits du pouvoir.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Faute de frappe sur Gaza

     

    Sur le vif - Mardi 12.11.19 - 15.36h

     

    Il faudra quand même expliquer un jour, concrètement, ce qui se cache derrière la traditionnelle expression "frappe israélienne sur Gaza".

    Le mot "frappe" est apparu lors de la première Guerre du Golfe, en janvier 1991. J'étais journaliste à la RSR, je me méfiais de ce mot, qui suintait l'euphémisme, directement repris des communiqués de propagande de l'armée américaine.

    Le mot "frappe" est un terme voulu par les attaquants, dans le langage savamment pesé de leur communication à l'extérieur, pour laisser entendre qu'on s'est comporté de façon raisonnable, ciblée, évitant au maximum les victimes aux alentours, non-concernées par le conflit entre militaires.

    Le mot "frappe" est destiné à rendre l'assaillant sympathique. Donner de lui l'image d'un guerrier humain, limitant la casse.

    La réalité, celle de Gaza 2019, comme celle de l'Irak 1991, ou du Vietnam des années 60/70, n'a évidemment rien à voir avec ce montage intellectuel.

    La réalité, c'est cette autre invention de vocabulaire, odieuse, les "dommages collatéraux". Entendez les victimes civiles, autour de la "frappe chirurgicale".

    A Gaza, il n'existe de "frappes" que dans les communiqués de l'armée israélienne. La réalité est celle de bombardements d'une grande violence, sur un univers urbain d'une extrême densité : imaginez un million et demi d'habitants, sur un étroit littoral, entre Genève et Lausanne !

    Il ne faut plus jamais parler de "frappes" lorsqu'il s'agit de Gaza. Ou alors, il faut préciser que ce mot trompeur est celui des communiqués israéliens.

    La guerre, c'est avant tout la guerre des mots.

     

    Pascal Décaillet