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Les Verts, la liturgie, la bataille des mots

 

Sur le vif - Mercredi 04.12.19 - 14.28h

 

Le Conseil d'Etat genevois déclare l'urgence climatique. Il le fait savoir à l'instant, en ces termes, dans son communiqué hebdomadaire. Il s'appuie sur le rapport du GIEC, et sur les récentes manifestations de jeunes, en Suisse.

Les quelques lignes du gouvernement genevois semblent littéralement reprises d'un service de presse du GIEC, ou des Verts, à commencer par ce titre dramatisant : "urgence climatique".

La première victoire des Verts, en Suisse, en cette année 2019, n'est pas tellement électorale (ils ont progressé, mais demeurent parfaitement minoritaires dans notre pays), non, c'est dans l'ordre des mots, des choix de terminologie, qu'elle va se nicher. "Transfert modal", "finance durable", "mobilité douce", "urgence climatique".

Le latin d'église des Verts déteint sur les parvis. Il envahit la place publique, à commencer par le discours des autorités temporelles. Aujourd'hui, mercredi 4 décembre 2019, ça n'est rien moins que le gouvernement de la République et Canton de Genève qui, le plus sérieusement du monde, déclare "l'urgence climatique".

Le Conseil d'Etat ne nous dit pas : "Nous allons faire ceci, ou cela", ou très peu, juste dans les grandes lignes. En ce jour de gloire, il affiche une posture rhétorique : "l'urgence climatique".

Sa posture, son blason, les couleurs de son étendard, rien de cela n'émane de lui-même. Non, il se contente de reprendre, mot pour mot, le slogan de campagne de l'un des partis politiques présents dans le jeu d'antagonismes de notre démocratie suisse. Il prend cette formule-là, et nulle autre.

Les Verts sont très forts. Ils représentent une minorité des forces politiques à Genève et aux Chambres fédérales. Ils n'ont, dans notre Conseil d'Etat, qu'un magistrat sur sept. Mais ils réussissent à faire passer leurs mots à eux, leur langage, leur liturgie, comme désormais officielle, pour la politique de la République.

Ils ont, pour l'heure, gagné la bataille des mots. Comme il avaient, en 2011, capitalisé sur Fukushima. Quatre ans plus tard, leur château de cartes s'effondrait. Huit ans plus tard, ils trouvaient d'autres mots d'Apocalypse pour construire leur succès électoral, et assouvir leurs ambitions, qui ne sont pas moindres que celles des autres.

Là, oui, ils remportent un succès. Mais le reflux n'est jamais bien loin. Pour peu que les consciences se réveillent. Et, tout en visant sincèrement à protéger l'environnement, qu'elles commencent à faire la part des choses entre l'intérêt général et le catéchisme de propagande d'un parti.

 

Pascal Décaillet

 

 

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