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Sur le vif - Page 385

  • Ah, les sottes gens !

     

    Sur le vif - Jeudi 04.06.20 - 12.54h

     

    Singulière période, où le prolétaire se déplace en voiture, et où le bobo urbain jouit de l'horizontalité silencieuse des pistes cyclables.

    Le prolétaire ? Le petit artisan, l'ouvrier. Il n'a pas la chance d'habiter au centre-ville, il a besoin de son véhicule. Il en a rêvé longtemps, il a mis des années à pouvoir se l'offrir. C'est lui, bien souvent, qui ronge son frein dans les bouchons, à côté d'une piste cyclable aussi démesurément large que vide.

    Le bobo ? Habite en ville. Travaille en ville. Vote Vert. Aime les mots nouveaux : transition énergétique, transfert modal, énergies renouvelables. Cultivé, souvent. Doux, agréable. N'aime pas le cambouis. Ni le bruit, ni les moteurs. Aime le télétravail, sauf que son vélo lui manque. Pas de gros mots, pas d'ébullition, jamais hors de soi. La vie s'écoule, paisible, comme une éternité de petites graines.

    La guerre des transports est aussi cette guerre-là. Une bonne vieille guerre sociale. Entre le nanti, protégé à l'extrême dans son cocon, et l'infâme petit indépendant, avec sa camionnette de mauvais goût, même pas lavée. Même pas de badge "Nucléaire, non merci !" collé sur sa vitre arrière. Ah, les sottes gens !

     

    Pascal Décaillet

  • Complot : nos révélations !

     

    Sur le vif - Mercredi 03.06.20 - 13.03h

     

    Dans le tumulte des passions, aujourd'hui, deux forces antagonistes :

    1) Le pouvoir. Qui règne et se maintient en s'appuyant sur des dogmes. En matière sanitaire, par exemple. Ou climatique. Chaque dogme a sa secte, ses experts, ses grands-prêtres. Les plus inspirés, sans même se dévêtir, s'immergent dans les eaux baptismales du Jourdain.

    2) Ceux qui remettent en cause ces dogmes. Donc, remettent en cause le pouvoir qui les porte.

    Les partisans du champ 1, parmi lesquels pas mal de bouffons allaités à la Voie lactée du pouvoir, traitent ceux du champ 2 de complotistes. Appellation contemporaine du Cathare.

    La vie est simple et belle comme un feu de bûcher.

     

    Pascal Décaillet

  • Oubliez l'Europe, regardez l'Allemagne !

     

    Sur le vif - Mardi 02.06.20 - 06.34h

     

    Ma passion puissante pour l'Histoire de l'Allemagne et celle de la France, en profondeur depuis au moins 45 ans, m'amène à considérer comme très périphérique la question dite "européenne". Le mot même, "Europe", n'évoque pas grand-chose pour moi.

    Il évoque certes un continent. Dont j'ai visité presque tous les pays, certains (Allemagne, France, Italie) à d'innombrables reprises. On pourrait évoquer la fiction même que constitue l'étiquetage de la planète en cinq continents, mais bon, allons-y pour le continent européen. Je suis monté au Cap Nord, avec ma famille, l'été 1968, j'ai ressenti puissamment l'épine dorsale de l'Europe physique.

    Mais il n'y a pas, il n'y a jamais eu d'Europe politique. L'Empire carolingien, puis le Saint-Empire Romain-Germanique, ne constituent en fait que des jeux d'alliances fluctuants, fragiles, entre familles royales, liens d'intérêts économiques et financiers, en certaines parties de l'Europe.

    Le conglomérat appelé aujourd'hui "Union européenne" n'a aucune dimension politique. Il n'a ni défense commune, ni affaires étrangères, deux éléments qui constituent la puissance de souveraineté d'une communauté humaine. Dans la crise sanitaire que nous venons de traverser, l'UE s'est liquéfiée, elle a disparu, seules les nations ont agi. Chaque nation séparément, pour elle-même. Le concept de préférence nationale s'est naturellement imposé, sans provoquer le moindre débat. L'Europe, aux abonnés absents.

    Mieux : le jeu très ancien de triangulation entre trois pôles dominants (France, Allemagne, Angleterre) n'a cessé d'opérer, tout au long de l'Histoire de l'Europe communautaire. Réconciliation franco-allemande les premières années, tentative de greffe britannique en 1972, puis inexorable montée de l'Allemagne, suite à la chute du Mur, dès l'Acte unique. Déjà dans les Guerres balkaniques des années 1990, l'Allemagne se remet à jouer sa carte nationale. C'en est fini du nain politique de l'après-guerre.

    Nous sommes en juin 2020. L'Europe politique n'existe pas. Elle n'a jamais existé. L'Allemagne est plus puissante que jamais. Son économie demeure d'une vitalité exceptionnelle. Ses capacités stratégiques, dans l'indifférence générale, ne cessent de se renforcer. L'implantation de ses entreprises à l'Est de l'Europe se renforce.

    Face à cette Allemagne, la France est larguée. C'est un événement considérable : la construction de 1957, puis la Réconciliation (Versöhnung) de Gaulle - Adenauer, se fondaient, comme une Cathédrale, sur deux piliers de force égale. Aujourd'hui, c'est fini : l'Allemagne est loin devant. La France, une nouvelle fois, a perdu la guerre. La puissance française en Europe est morte en juin 1940, le 22 pour être précis. Dans une forêt de l'Oise.

    Nous sommes en juin 2020, il n'y a pas d'Europe. La vérité, c'est qu'il n'y en a jamais eu. Tout au plus une fiction, un paravent. La réalité demeure celle, tenace et ancrée, des intérêts nationaux. Et celle de l'inexorable montée en puissance de l'Allemagne. Ce chemin a commencé pendant la Guerre de Sept Ans (1756-1763), sous l'immense Roi de Prusse Frédéric II. Et depuis, il n'a jamais cessé. Le 8 mai 1945, dans ce parcours, n'est qu'une défaite d'étape.

    Le 8 mai 1945, pour l'Allemagne, est infiniment moins important que le 22 juin 1940, pour la France. Les livres d'Histoire ne le disent pas. Pas encore.

     

    Pascal Décaillet