Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Kosovo : le soliloque de Mme Calmy-Rey

 

Sur le vif - Dimanche 28.06.20 - 11.57h

 

La RSR vient de nous offrir une quinzaine de minutes de démission critique et intellectuelle, sur la question du Kosovo, en marge des accusations contre Hashim Thaçi. On n'aborde pas ce thème, qui exige de profondes connaissances historiques, des centaines de lectures sur la complexité balkanique à travers l'Histoire, sur le ton d'un aimable bavardage de bistrot.

On ne laisse pas une Micheline Calmy-Rey, qui n'est en rien observatrice, mais ACTRICE ET RESPONSABLE DEVANT L'HISTOIRE de la reconnaissance de l'indépendance du Kosovo par la Suisse, s'exprimer comme si elle était une simple commentatrice, sans lui opposer le moindre questionnement, la moindre contradiction, sur SON RÔLE À ELLE, À l'EPOQUE. Sans lui tendre le miroir de son obédience à l'OTAN, donc aux États-Unis d'Amérique, dont l'objectif stratégique a toujours été, dès 1990, de se constituer une tête de pont dans les Balkans. Sans l'interroger sur le rôle des services secrets allemands, à l'époque, dans la région.

On tient sous la main une Micheline Calmy-Rey, qui, à l'époque, a clairement choisi un camp contre un autre. On la laisse s'exprimer comme "chroniqueuse". On lui laisse dire n'importe quoi sur les prétendus droits parlementaires des minorités serbes au Kosovo, depuis 2000. Elle parle. Elle dit la bonne parole. Elle prêche. Et personne, en face, pour la questionner, avec du bagage historique et critique, sur SON RÔLE à elle !

Elle qui a choisi son camp. Engagé la Suisse. Milité pour une option très claire, dont elle aura à répondre devant l'Histoire. On tient sous la main une ACTRICE ! Et on la laisse pérorer, comme une passante délivrée du moindre souci.

Qu'un excellent journaliste comme Michel Audétat, renseigné, cultivé, n'ait pas bondi sur l'occasion pour, tout au moins, renvoyer à l'observatrice son passé d'actrice, est attristant. Solidarité entre chroniqueurs ? Peur du conflit ? Demeurer entre gens de bonne compagnie ? Paix des âmes ?

Qu'on ne parle plus jamais, nulle part, du Kosovo, ni des guerres balkaniques des années 1990, sans avoir lu au moins cent livres sur la question, provenant de TOUTES LES SOURCES, toutes les sensibilités contradictoires de ce nœud de complexité géopolitique. Passionnant ! À condition de faire l'effort de se hisser à un certain niveau de connaissance, d'ascèse intellectuelle, de confrontation des visions, donc de lucidité.

Plus largement, j'émets les plus grands doutes sur ces soliloques de "chroniqueurs" des anciens conseillers fédéraux dans les médias. Une mode, depuis une dizaine d'années. Ils ont été des hommes et des femmes d'action. Ils ont fait des choix, au nom du pays. Si on les invite, ça doit être pour les confronter, avec un arsenal critique, à la pertinence de leurs options. Parce ce que bavarder, donner son avis, tout le monde peut le faire.

 

Pascal Décaillet

Les commentaires sont fermés.