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Sur le vif - Page 1053

  • Rançon, buvette, vérité

     

    Sur le vif - Samedi 05.03.11 - 09.41h


     

    Dans l’affaire libyenne, le Grand Conseil genevois doit jouer son rôle. Quelle est la force d’un parlement ? Sa puissance, sa dignité, sa raison d’être ? C’est de contrôler l’action du gouvernement. Outils principaux: les commissions des finances et de gestion. Le contrôler, oui, même (et surtout) s’il provient de la même majorité, si les hommes à mettre en cause se trouvent être copains de buvette ou de commission, de cocktail, de revue, de football ou de Grand Théâtre. Les affinités personnelles, à Genève, ont pris une telle ampleur qu’il devient de plus en plus difficile de se souvenir que l’électorat a envoyé siéger des représentants de partis antagonistes, pas nécessairement là pour se taper sur l’épaule.

     

    Dans le volet genevois de l’affaire libyenne, rien n’est clair. Il faut voir le ton sur lequel « on » nous a parlé, en 2010. Les grands airs qu’on a pris, au plus haut niveau de ce Conseil d’Etat-là. La servilité avec laquelle on a immédiatement dirigé la foudre juridique sur ce qui gênait. L’infantilisation de l’opinion publique, avec des postures du style : « Il y a des choses que vous ne devez pas savoir, ou ne pouvez comprendre ».

     

    Aujourd’hui, on sait ce qui s’est passé à Berne. Reste à établir l’aspect genevois des événements. Comme le Conseil d’Etat ne s’empressera pas de le révéler spontanément, une bonne partie de la population apprécierait que certains élus les y poussent un peu. Par exemple, par une commission d’enquête. Laquelle, évidemment, sera refusée par la majorité si horizontalement alignée du parlement. Mais au moins, l’opposition gouvernementale aura joué son rôle.

     

    Car le drame de la buvette parlementaire n’est pas tant qu’on en vient parfois aux mains. Mais qu’on y est si copains.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Rançon : que savait le Conseil d’Etat ?

     

    Sur le vif - Vendredi 04.03.11 - 19.27h

     

    Il y a donc eu rançon. La Tribune de Genève, dès hier soir sur son site, nous donne le montant et de nombreux détails.

     

    Nous savons maintenant quel a été le comportement du DFAE. Nous devons désormais savoir quel fut, exactement, dans cette affaire, le degré de connaissance du Conseil d’Etat genevois.

     

    Il y a eu trop d’écrans de fumée, trop de hautaines leçons de morale, trop de tartufferies, en 2010, au plus haut niveau de l’exécutif genevois, pour que la lumière ne soit pas faite.

     

    Il appartient aux différents partis politiques d’interpeller, questionner, se montrer curieux. Le parlement, organe de contrôle du gouvernement, jouera-t-il, tous partis confondus, son rôle? Ou la triste horizontalité des partis au pouvoir, où la barbichette est souveraine, sauvera-t-elle une nouvelle fois la mise?

     

    La population a droit à des réponses claires et précises. Il ne suffira pas, cette fois, de se draper dans la raideur et l’arrogance. Ni d'envoyer d'obscurs spadassins pour brouiller les pistes.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Genève est suisse – Elle le dira haut et fort, demain à Berne !

     

    Sur le vif - Mardi 01.03.11 - 15.57h

     

    Demain, in corpore, le Conseil d’Etat genevois monte à Berne, pour proclamer que Genève est suisse. Opération de séduction, rencontre avec le Conseil fédéral et l’ensemble des parlementaires, sur le coup de 13h. C’est une excellente initiative. Il convient de la saluer.

     

    Lorsque je suis revenu à l’observation de la politique genevoise, après tant d’années passées à Berne et dans les arcanes de la politique fédérale, ou dans les politiques des 25 autres cantons, j’ai été frappé de constater à quel point Genève ignorait la Suisse. Comme si ce canton n’en faisait pas vraiment partie. Ou juste quand ça l’arrange. On n’avait d’yeux que pour la « région transfrontalière », comme s’il appartenait à un canton, sans le moindre feu vert fédéral, de passer des accords séparés avec tel Département français, tel Land allemand, telle région italienne. On ne jurait que par la « Genève internationale » : ça fait bien, ça en jette, on se croit soudain si important, à partager des canapés avec des diplomates. On se croit hors-sol, loin des pesanteurs terrestres, loin des émotions nationales.Tout fier, sur le green du cocktail, de se sentir "homme du monde".

     

    A lire le communiqué de la Chancellerie genevoise, qui annonce l’événement de demain, on note avec bonheur une nouvelle tonalité : « Avant d’être une ville internationale, Genève est profondément suisse ». J’aime cet « avant », dans les deux acceptions qu’on peut en déduire : préférentielle, ou chronologique.

     

    Il est juste, il est bon, que le Conseil d’Etat rompe avec les années d’autisme et d’arrogance où même les communications officielles suintaient l’idée, tellement déracinée, d’une sorte de République libre, n’ayant guère de comptes à rendre à une Confédération à laquelle elle a pourtant choisi de se rallier à la chute de l’Empire.

     

    Oui, il est sain de rappeler que Genève est un canton suisse. Et que, dans ce lien, tout le monde est gagnant : la Suisse, d’avoir pu s’étendre, en 1815, à une ville chargée de tant d’Histoire et de culture ; mais aussi Genève, d’avoir su trouver, après l’occupation française (1798-1813), un arrière-pays d’une telle qualité. Un système politique (qu’elle a aidé à construire). Un petit miracle de respect mutuel, par-dessus les différences. Une patrie.

     

    Pascal Décaillet