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  • Vous reprendrez bien un peu de jus de citrouille ?

     
     
    Sur le vif - Mercredi 04.10.23 - 16.25h
     
     
    Cinq millions pour des "économies de chaleur" dans des bâtiments abritant les fonctionnaires de la Ville de Genève ! Le dernier communiqué de l'exécutif de la Ville est tout simplement délirant. C'est le gaspillage Vert des deniers publics, dans toute sa splendeur !
     
    La Ville doit être au service de ses citoyens, férocement économe de l'argent de ses contribuables. Elle est tout le contraire : au service d'elle-même, de sa propre machinerie. Et elle dilapide les deniers de ceux qui payent des impôts.
     
    Reste une question, un infime détail : dans un tout petit canton, comparable à celui de Bâle-Ville, à quoi sert au juste la Ville de Genève ? A part pratiquer éhontément son clientélisme de gauche ?
     
    Cet exemple, c'est exactement celui qui attend le Canton, si on laisse faire la loi sur l'énergie version Conseil d'Etat, qui veut jouer les maîtres d’œuvre de la "transition" avec l'argent des contribuables. Et c'est bien pourquoi la version du Grand Conseil, votée en parfaite légalité en septembre, est mille fois plus juste.
     
    Et c'est là le CŒUR DU PROBLÈME dans la décision scélérate du Conseil d'Etat, la pantalonnade de l'article 109.5 : une fantastique histoire de gros sous. Le Conseil d'Etat veut garder la haute main sur les contrats les plus pharaoniques. Les autres arguments, ceux qu'a tenté de faire valoir le Président Vert, c'est du jus de citrouille. Rien de plus.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Les faux amis

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 04.10.23

     

    Parce qu’ils sont alliés, les Verts et les socialistes sont considérés par les gens comme des familles politiques proches. Les deux, au fond, qui constituent la gauche. Comme, naguère, les socialistes et les communistes.

     

    Etudions, en profondeur, l’Histoire de ces deux partis. Et nous saisirons à quel point ils sont différents. Les socialistes, c’est le grand parti de gauche, historique, ancré, depuis 120, ou 130 ans, dans nos pays d’Europe : la Suisse, la France, l’Allemagne. Chez nous, ils sont au Conseil fédéral, en continu, depuis 1943. Huit décennies où ils ont contribué à construire le pays.

     

    Les Verts ne sont là que depuis quatre décennies. Ils ne viennent pas de la lutte des classes, encore moins du monde ouvrier, mais surgissent de mouvances décentralisées, autour de la protection de la nature ou d’idéologies libertaires. Les socialistes, comme les radicaux, ont un parfum d’Etat, les Verts pas du tout.

     

    Allez visiter le Musée de la Mine, à Bochum, dans la Ruhr. Vous y sentirez le poids historique du SPD, la social-démocratie allemande, le parti de Willy Brandt. Le vent de l’Histoire.

     

    Rapport radicalement différent à l’Etat. Souches fort éloignées. Cette alliance, au fond, va-t-elle beaucoup plus loin qu’une conjonction d’intérêts électoraux ? Sentons-nous libres d’admirer les uns, sans pour autant voter pour eux. Et d’afficher notre totale incompréhension face aux autres.

     

    Pascal Décaillet

  • La parole politique est en cendres

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 04.10.23

     

    Vous avez lu l’Iliade ? Ce poème d’exception, huitième siècle avant notre ère, qui fut longtemps chanté avant d’être écrit, commence, au chant 1, par une engueulade monumentale entre Achille et Agamemnon au sujet d’une captive, Briséis. Achille, demi-dieu, roi des Myrmidons, le plus valeureux de tous les combattants, face au roi des rois, Agamemnon, roi de Mycènes et d’Argos, le chef de l’expédition des Grecs contre Troie. Deux caïds, qui s’affrontent par la parole, avec une puissance inouïe. La joute aurait pu dégénérer, si Athéna n’avait retenu Achille. J’ai lu cette scène saisissante, dans le texte, très tôt dans mon adolescence, elle m’a poursuivi toute ma vie, comme d’ailleurs l’intégralité de l’Iliade.

     

    Ces deux coqs royaux, qu’on imagine nez à nez, à s’envoyer les pires mots, incarnent la querelle de pouvoir, la violence de la politique, le rôle du verbe dans la guerre, les mots comme des flèches, surgis des viscères. Tout est là, dans cette scène littéralement homérique, depuis trois millénaires. Ça vaut tous les « Paris libéré ! », tous les « I have a dream », tous les « Ich bin ein Berliner », c’est le verbe en fusion, prêt à tuer.

     

    Aujourd’hui, la parole politique n’est plus que cendre et poudre. Les élus, les candidats, peuvent émettre des mots, on ne les écoute plus. Prenez l’assurance-maladie, en Suisse : trente ans d’échec. Ruth Dreifuss, Pascal Couchepin, Didier Burkhalter, Alain Berset, des gens très bien, très intelligents, des socialistes, des radicaux, deux grands partis qui ont fait la Suisse, mais au final, le fracas sur le récif. Aucun de ces quatre n’a réussi à enrayer l’inéluctable montée des primes, celle qui aujourd’hui nous étouffe tous. Ils ont pourtant parlé, exposé, argumenté, tout entrepris pour convaincre. Mais un élu se juge à ses actes, non à ses paroles. Combien de débats, radio ou TV, ai-je organisés sur notre système de santé, pendant ces trente ans ? Sans doute une bonne centaine ! Résultat : l’échec, l’échec, encore l’échec.

     

    Ces gens-là n’ont pourtant pas menti. Leur bonne foi n’est pas en cause. Ni leurs efforts sincères pour tenter de changer le système. Mais, sur trente ans, le politique, tous partis confondus, n’a jamais été capable de s’imposer, dans ce dossier, sur les puissances de l’argent. C’est un échec républicain. Et c’est une faillite du verbe. La parole politique est ruinée, son crédit dévasté, les gens n’écoutent plus, ils sont au bord de la révolte.

     

    Macron non plus, plus personne ne l’écoute. Oh, il parle bien, avec intelligence, quand il reçoit les journalistes à l’Élysée. Mais, en six ans, il a trop péroré, trop promis, ses syllabes ne touchent plus les âmes, elles s’envolent. Partout en Europe, la parole politique est en état de chute de crédit vertigineuse. Les gens veulent des actes. La fidélité à une parole donnée, une seule, et pas trente-six, à l’image d’un Pierre Mendès France. Et le chemin sacrificiel pour parvenir à un résultat. Le reste, comme dans Shakespeare, ce sont des mots. Toujours des mots.

     

    Pascal Décaillet