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  • Le génie civil, ça existe !

     
    Sur le vif - Mardi 13.06.23 - 12.38h
     
     
    La nouvelle du jour, à Genève, pour ceux qui peut-être s'intéresseraient à d'autres sujets que ceux des bobos et des chercheuses en questions de genres, c'est le dépôt de bilan d'une importante entreprise générale du gros-oeuvre, avec de nombreux sous-traitants, et interruption des chantiers.
     
    Je me réjouis d'entendre la réaction de ceux qui ne cessent de nous décrire l'économie genevoise sous le seul prisme snobinard et bling-bling des "start-ups", des "cleantechs", des "sciences du vivant", de la "finance durable", des "emplois verts", de la "transition numérique" ou "écologique".
     
    Ben non. Loin du cliquetis des cocktails, il y a, à Genève, des milliers et des milliers de gens qui travaillent dans le génie civil. Dans le bâtiment. Dans la ferblanterie. Dans le ferraillage. Et si ce secteur-là, vital, commence à aller mal, c'est toute l'économie d'une communauté humaine qui est menacée.
     
    Envers les gens de ces métiers-là qui restent sur le carreau, la solidarité cantonale doit être prioritaire. A commencer par ceux qui exercent les boulots les plus durs, les plus éreintants.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Silvio Berlusconi, portrait

     
    Sur le vif - Lundi 12.06.23 - 15.26h
     
     
    Prenons la politique italienne depuis 1945. Ou l'année suivante, lorsqu'émerge la République sur les décombres de la guerre. Huit décennies. Sur l'immense galerie de portraits qui sépare le père fondateur, Alcide de Gasperi, de l'actuelle Présidente du Conseil, Giorgia Meloni, de qui le grand public se souvient-il ? Quels noms retient-il ?
     
    Réponse : Silvio Berlusconi.
     
    Sur les cinquante premières années, de 1945 à 1994, celles de la toute-puissance de la Democrazia Cristiana, de l'insubmersible Andreotti, de l'infortuné Aldo Moro, de Fanfani, et de l'interminable cortège qui semblait surgir tout droit d'une annexe du Vatican, où ils prenaient leurs ordres, qui sort du rang ? Quel nom sonne encore, aujourd'hui, dans les oreilles du grand nombre?
     
    Réponse : aucun, en comparaison de Silvio Berlusconi. C'est injuste, parce qu'il y eut dans le Marais démocrate-chrétien quelques hommes d'Etat. Mais trop sages. Trop discrets. Trop feutrés. En comparaison du monstre. Ils trottinaient. Lui, cavalcade.
     
    Un entrepreneur de génie. Un Président du Conseil haï ou adulé. Une énergie époustouflante. Des frasques à n'en plus finir. Un patron d'écurie. Un chef de clan. L'homme d'une bannière, avec ses couleurs.
     
    Admirable, pour sa trempe exécutive. Enfin le Président du Conseil existait, dans un régime voulu dès 1946, pour rompre avec le fascisme, comme exagérément parlementaire, une éternelle et ennuyeuse Quatrième République française.
     
    Les limites : transcender la réussite individuelle, tant admirée des Italiens, en réussite républicaine. Un grand capitaine économique ne donne pas un homme d'Etat.
     
    Les limites : les pires télévisions privées sur l'univers habité. Jouir d'un tel pouvoir, dans les médias, et n'en faire qu'une machine à variétés de troisième zone, alors qu'on aurait pu orienter cet outil extraordinaire vers l'élévation culturelle de tout un peuple, tout en le distrayant aussi bien sûr. Échec monumental : l'homme, brillant, aurait dû se rendre compte de la carte à jouer, pour entrer dans l'Histoire. Il ne l'a pas fait. C'est terrible. Le grand peuple italien méritait mieux.
     
    Les limites : le libéralisme à tout crin. Dans un pays qui a certes besoin d'admirer la réussite économique, les champions, mais qui a profondément besoin de République et d'Etat.
     
    Les limites : se servir de l'Etat comme d'un casino. Alors qu'en Italie, l'Etat est le seul garant contre les ferments de dispersion, le pouvoir hallucinant de quelques grandes familles, la toute-puissance des clans.
     
    Être un homme d'Etat en Italie, c'est être un homme au service de l'Etat. L'éclat d'une réussite individuelle, même époustouflante, ne tient pas lieu de vision d'ensemble, dans l'un des pays les plus compliqués du monde, où la République, contrairement à la France, n'a jamais vraiment réussi à s'imposer.
     
    Que repose en paix cet homme déroutant, vibrionnant, surdoué pour les affaires. Il fut, entre la chape de plomb du Marais et l'époque contemporaine, un éloquent moment de l'Histoire italienne. Et tout de même, quel homme, quel personnage, quelle existence, quelles couleurs, au milieu des visages éteints de la grande galerie.
     
     
    Pascal Décaillet
     

  • Loi sur le climat : oser dire NON

     
    Sur le vif - Lundi 12.06.23 - 09.45
     
     
     
    Je l'ai dit, je le répète : l'ambiance de campagne autour de la loi sur le climat est insupportable. Et ce sont les partisans du texte qui en sont responsables.
     
    Il ne nous invitent pas à un débat démocratique, même vif et sans concessions, comme il doit l'être. Non, ils nous imposent la férule d'un dogme. Sous prétexte de "sauver la planète", les Suisses devraient accepter à 100% un train de mesures dispendieux, et dont l'utilité réelle reste à prouver.
     
    "Sauver la planète" : comme si les opposants ambitionnaient de la détruire ! Il y aurait d'un côté les partisans du Salut, au sens où l'entendent les théologiens, et jusqu'au grand Martin Luther, et de l'autre les suppôts du suicide collectif, les anges noirs de la Damnation.
     
    Là, désolé, nous ne sommes plus dans le débat politique, mais dans la Guerre de Religions. C'est un peu dommage. Nous avons, en Suisse, éprouvé, dans la chair de notre Histoire nationale, ces conflits ravageurs, laissant même des traces jusqu'en novembre 1847, trois siècles après la Réforme, lors du conflit du Sonderbund.
     
    Toute l'Histoire de la Suisse moderne, depuis 1848 (celle qui me passionne le plus), c'est justement recréer l'unité, au-delà des différences. Et là, on revient avec un dogme, une diabolisation des opposants, une captation du débat démocratique par un Camp du Bien.
     
    Dire NON à cette loi, ça n'est en aucun cas vouloir détruire la planète. C'est lutter pour un autre salut, celui de notre bien le plus cher en Suisse : la démocratie.
     
     
    Pascal Décaillet