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  • Bernard Crettaz, la nécessité de l'intense

     
    Sur le vif - Mardi 29.11.22 - 14.32h
     
     
    Avec son éternel pull rouge et ses cheveux en bataille, la clarté de sa voix, ses accents de gravité qui surgissaient comme d'un glacier, avec son regard de chasseur dans les minutes juste avant l'aube, Bernard Crettaz, citoyen d'Anniviers et du monde, vous signifiait par sa présence la nécessité de l'intense.
     
    Je vais être clair. Avant Bernard Crettaz, l'ethnographie, dans nos têtes, c'étaient des expositions colorées sur des peuplades très lointaines. Une promenade du dimanche après-midi, pour enfants et familles, au pays des Jivaros et de l'Oreille cassée. Couleurs, totems, tabous, assez fascinant. Mais c'était toujours l'Autre.
     
    Avec Crettaz, l'ethnographie, c'était nous. Magie absolue de cette Annexe du Musée d'ethnographie, dans une vieille maison de Conches, avec jardin donnant sur l'Arve, vue plongeante sur le Salève, odeurs de bois et de greniers, "galetas", comme on dit en Valais. Certains de mes plus beaux dimanches, je les ai passés là. En présence des morts.
     
    Car ces expos de Crettaz nous parlaient de la mort. En Valais, dans les vallées. Dont il se trouve que ma mère et mon père étaient l'un et l'autre natifs, dans la même année 1920, l'une à Orsières, l'autre au Châtelard. Alors, aller visiter une expo sur les rituels de la mort, du transit, du passage, le bout de fromage et la bouteille comme viatique, dans les montagnes valaisannes, c'était quand même autre chose que se colorer l'âme avec le parfum d'exotisme de Java ou de l'Orénoque. Parce que là, Crettaz me donnait à voir la liturgie funéraire de mes propres ancêtres, par exemple celle de ces quatre grands-parents que je n'ai, hélas, jamais eu la chance de connaître. On n'est plus chez le Général Alcazar. On est chez soi.
     
    Bernard Crettaz nous parlait de la mort, comme son épouse Yvonne Preiswerk, mais il était un homme de vie et de lumière, de soleil et de neige, de la chaleur d'ici et de la glace d'en-haut. Il y avait en lui le vin des montagnes, celui du glacier, et puis le viatique de toujours. La nourriture terrestre, pour nous accompagner au-delà du rivage. A ses proches, toutes mes pensées. A lui, je dis "Bon voyage !". Et toute ma reconnaissance : vous m'avez fait comprendre que nulle recherche de l'Autre ne pouvait s'offrir l'économie de la connaissance de soi.
     
     
    Pascal Décaillet
     

  • Youp'la'Boum !

     
    Sur le vif - Dimanche 27.11.22 - 10.23h
     
     
    Les maçons de nos chantiers, les manœuvres, les grutiers, les spécialistes du marteau-piqueur, les conducteurs de pelles mécaniques, les artisans du gros-oeuvre, les tunneliers, les foreurs, les préposés à la barre à mine, les goudronneurs de nos routes, seront sans doute enchantés d’apprendre qu’une partie de leurs cotisations syndicales sera affectée à l’organisation, par les apparatchiks idéologisés de l’USS, d’une « grève féministe » en Suisse.
     
    Oui, sans nul doute, ce glissement du social vers le sociétal les ravira.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Non, l'USS n'a pas à annoncer de "grève féministe" !

     
    Sur le vif - Samedi 26.11.22 - 16.20h
     
     
    L'Union Syndicale Suisse annonce une grève féministe. Inadmissible dérive sociétale de cette grande centrale syndicale de notre pays, qui a pour mission de s'occuper du niveau de vie de TOUS LES TRAVAILLEURS, et n'a pas à les fragmenter en fonction de leur appartenance à un genre ou à un autre. Qu'elle laisse cela aux "collectifs" de toutes sortes, et à l'amicale des chercheurs en sciences sociales de l'Université de Lausanne.
     
    L'affaire est beaucoup plus grave qu'elle ne paraît. Le syndicalisme suisse, né des grands combats de la fin du 19ème siècle, a traversé tout le 20ème comme partenaire crédible pour le patronat. La Paix du Travail, en 1937, a consacré la solidité de cette collaboration. Nous avons, dans notre pays, très peu de grèves, surtout en comparaison de la folie syndicale française, et c'est tant mieux. Nous n'avons qu'un modèle à avoir : l'Allemagne. Oui, la vieille Allemagne bismarckienne, qui a consacré, il y a plus de 130 ans, le partenariat social, et constitue un modèle d'efficacité économique.
     
    Mais ce crédit porté au monde syndical, en Suisse, n'a de valeur que si ce dernier demeure un défenseur des travailleurs, TOUS LES TRAVAILLEURS. En demeurant pragmatique. Et surtout pas en s'imprégnant d'idéologies.
     
    Or, l'idée de "grève féministe" est une idéologie. Bonne ou mauvaise, à chacun de juger. Mais c'est une idéologie. Cette "grève féministe", qui tente de s'incruster dans notre calendrier comme une liturgie incontournable, une sorte de Fête-Dieu de la mi-juin, est un choix idéologique. Un acte de combat et de pression. Une mise devant le fait accompli qui ne relève en aucune manière du partenariat social.
     
    Le voici, le vrai visage de Pierre-Yves Maillard, naguère le meilleur de tous, j'avais été le premier à l'écrire, il y a plus de vingt ans. Un homme politique hors-normes. Mais hélas, dans sa fonction de premier syndicaliste du pays, un homme doucement en train de devenir l'otage de combats sociétaux idéologiques.
     
    Ces derniers n'ont rien à voir avec le partenariat social. Rien à voir avec la tradition syndicale suisse, qui est de défendre le travail et les travailleurs, TOUS LES TRAVAILLEURS, dans leur unité indivisible.
     
    Ce que j'écris là déplaît ? Ne correspond pas aux modes ? Eh bien, déplaisons ! Jetons les modes aux orties ! Et disons enfin tout haut ce que ressent la majorité silencieuse de notre pays.
     
     
    Pascal Décaillet