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  • Solitaires ? Oui, mais solidaires !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 18.03.20

     

    La crise que nous traversons place chacun d’entre nous dans une situation totalement inédite. Nul, il y a encore trois semaines, n’aurait pu en prévoir l’ampleur. Voilà qu’on nous appelle à demeurer chez nous, le plus possible. Limiter les déplacements. Nous tenir à distance les uns des autres. Ecoles fermées, cinémas, théâtres, salles de concerts. Pas de rassemblements. Faire nos courses, mais sans nous précipiter pour faire des réserves, comme si nous étions en pleine guerre. On sait que les hôpitaux font le maximum, produisent un travail admirable, avec un personnel qui lutte contre la fatigue. A ces gens, nous devons penser en priorité. Ceux qui sont malades, ceux qui les soignent.

     

    Appelés à être solitaires, nous sommes pourtant investis du devoir de nous montrer solidaires. Les deux mots se ressemblent, cela me frappe depuis des décennies. On pourrait y voir un paradoxe. Et pourtant ! Beaucoup d’entre nous, peut-être une majorité, sont des hommes et des femmes seuls, et cela bien avant la crise actuelle. Seuls chez eux. Seuls face à leur écran. Seuls dans leur tête. Mais la solitude, en aucune manière, ne signifie désintérêt, ni absence d’empathie, pour l’autre. A l’inverse, on peut être grégaire, toujours dans des grappes humaines, ou dans des foules, sans pour autant se sentir en communion avec son semblable. Méfions-nous des apparences.

     

    On nous invite à rester chez nous, ne pas frayer physiquement, pendant un certain temps, avec d’autres humains. Soit. Mais la vie est là, la vie oui, dans sa totalité, visible et invisible. La communauté des humains ne se réduit pas à leur capacité à produire de la foule, mais à sentir, en soi, ce qui nous relie en profondeur. Nous ne pouvons pas trop nous voir, nous toucher, pendant une période. Mais enfin, nous pouvons nous parler, nous écrire, nous entraider pour des choses très pratiques. Jusqu’à nouvel ordre, le virus n’a rien à voir avec celui des ordinateurs : nous avons là, tout de même, un prodigieux outil de communication à distance, nous aurions tort de nous en priver.

     

    De même, les réseaux sociaux. Je suis, vous le savez, un partisan très vif de ces nouveaux outils de communication. On peut les utiliser pour le pire : étalage de vie privée, curiosité malsaine, délation, effets de meute. Mais ils peuvent, tout autant, servir au meilleur : informer les gens, écrire et découvrir des textes, partager des émotions culturelles, ouvrir le débat. Notre solitude est donc toute relative ! Et autrement nourrie que celle d’un confiné du dix-neuvième siècle ! Pour ma part, et pour reprendre un mot célèbre – et magnifique – de François Mitterrand, je crois aux forces de l’esprit. Il a pu m’arriver, il y a une quinzaine d’années, de ne pas être, pendant de longs mois, au sommet de ma force physique : je ne me suis jamais senti aussi entouré d’humanité, visible ou invisible, qu’en cette période. Je souhaite à chacun d’entre nous le courage, la force morale, et aussi la capacité d’humour et de dérision pour traverser ces temps particuliers. De grâce, ne baissons pas les bras !

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

     

     

     

     

  • Bien sûr qu'il faut maintenir le deuxième tour !

     

    Sur le vif - Mardi 17.03.20 - 15.01h

     

    Non, non et non, il ne faut pas reporter le deuxième tour des élections municipales, à Genève ! Les autorités ont maintenu cet acte final de notre processus électoral, et elles ont eu raison. Le premier tour s'est parfaitement déroulé, les débats ont été innombrables (principalement sur les ondes de Léman Bleu, mais aussi ailleurs). De nouveaux visages, de nouvelles voix, ont pu émerger. Les thèmes ont été traités à fond. Le peuple s'est prononcé. Il faut maintenant aller jusqu'au bout.

    Je déteste le discours du style "Quelle importance, ces votations, face au coronavirus ?". Bien sûr que la lutte contre l'épidémie est absolument prioritaire, nous sommes tous d'accord. Mais cette dévalorisation, sous prétexte d'impératif sanitaire suprême, de notre vie citoyenne, de nos institutions, d'une démarche électorale en cours, n'est pas acceptable.

    Les Maires, ça n'est pas rien ! Les Conseils administratifs, ça n'est pas rien ! Ce deuxième tour a un sens ! Il s'agit d'élire les exécutifs des Communes pour cinq ans ! Alors désolé, les éternels ennemis de la politique, ceux qui haussent les épaules quand on leur parle de vie citoyenne, ceux qui n'ont jamais cru aux valeurs de la République, ceux qui prônent le "tous pourris", je vous crie ici mon désaccord total. Pour ma part, je préfère être gouverné par des élus du peuple, aux trois échelons de notre Confédération, que par la ploutocratie financière, par les faîtières du patronat ou celles des syndicats, par les multinationales, ou par un ordre cosmopolite mondial.

    Les Communes constituent une force vivante de notre corps citoyen. Nous devons, malgré les circonstances très difficiles que nous traversons, et que je ne sous-estime en rien, aller jusqu'au bout d'un processus électoral engagé. Notre démocratie ne doit pas baisser les bras. Elle n'est pas dérisoire. Elle n'est pas juste un jouet de beau temps. Nous l'aimons. Elle aussi, nous voulons qu'elle vive.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • A tous, courage !

     

    Sur le vif - Dimanche 15.03.20 - 15.08h

     

    A toutes celles et ceux qui ont fait vivre la Commune, dans le sens le plus noble de ce mot, en se portant candidats dans l'une des 45 élections de notre Canton, j'adresse mes remerciements. Certains sont élus, d'autres non, c'est la vie. Mais tous ont animé la citoyenneté, c'est cela l'essentiel.

    Pour ma part, avec mes confrères et consœurs, je me suis plongé comme jamais dans ces élections. J'ai découvert des visages, des voix, des idées, des enthousiasmes. La politique, ce sont des hommes et des femmes, des énergies vitales, des forces de projection dans l'avenir. Les jeunes, notamment, tous partis confondus, m'ont impressionné par leur maturité, leurs tonalités.

    Toutes ces femmes, tous ces hommes, élus ou non aujourd'hui, ne méritaient pas que l'attention du public pour la vie citoyenne fût à ce point pulvérisée par un élément totalement externe, imprévisible, le coronavirus. Je mentirais si je cachais qu'en ce dimanche, ma tête est ailleurs. Toutes nos têtes le sont !

    Contre ce sentiment, légitime aujourd'hui, sous le choc de la situation que nous vivons, je veux lutter de toutes mes forces. En 34 ans de journalisme professionnel, j'ai toujours placé la politique, la Cité, les affaires publiques, au premier rang de mes préoccupations. Cela ne changera pas.

    Et puis, tout de même, un temps viendra où ce virus prendra le large. Ce jour-là, riches des leçons que nous aurons tirées de la crise, nous aurons, pour nous administrer dans les Communes, les gens qui sortent des urnes aujourd'hui.

    En attendant, c'est vrai, la vie citoyenne, cela doit être, en absolue priorité, notre combat contre la pandémie. Appelés à être solitaires, nous devrons nous montrer solidaires. C'est le thème de mon commentaire, à paraître mercredi dans GHI.

    A tous, courage !

     

    Pascal Décaillet