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  • Cela s'appelle la présence

     

    Sur le vif - Dimanche 22.03.20 - 10.38h

     

    Une Cathédrale plus nue et plus sobre que jamais. Juste quelques humains, distants les uns des autres. Seuls, au milieu du vide.

    Des mots remarquables, du Pasteur, sur les activités de guérisseur de Jésus, l'ambiguïté des miracles, les aveugles et ceux qui voient.

    Un organiste habité, qui chante en jouant. Quelques chanteurs (dont la remarquable Géraldine Cloux), au fond de l'autel. Le violon de Bianca Favez.

    Un Culte, sans les fidèles. Quelques fleurs, pas trop. Le bleu du vitrail, dans l'ocre pâle de la pierre.

    L'immensité du vide.

    Et pourtant, par le verbe et par la musique, par la distance et par le chant, par l'austère majesté des lieux, une incroyable puissance de l'invisible.

    Cela porte un nom. Cela s'appelle la présence.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Le sel du tragique et le sucre de canne

     

    Sur le vif - Samedi 21.03.20 - 17.06h

     

    Dans la crise que nous traversons, une seule entité politique survit : la nation. Chacune d'entre elles, la Suisse, la France, l'Italie, etc., fait ce qu'elle peut, prend les décisions qu'elle croit justes, mobilise les énergies, tente au mieux d'affronter la tempête. Chacune de ces nations, dans le monde, mérite le respect, pour les efforts immenses qu'elle entreprend.

    La nation se bat, le multinational a totalement disparu des radars. Un exemple : l'impuissance totale de l'Union européenne à exister dans cette affaire. On ne l'entend plus, ou alors par de sourds borborygmes. Elle ne signifie plus, elle gesticule. Elle ne se singularise plus, elle tente tout au plus de mimer les différentes autorités nationales.

    Cette liquéfaction d'instances multilatérales dont on nous promettait le salut, et qui ont littéralement disparu des écrans radar, était prévisible. Mais la célérité avec laquelle elles se sont effondrées dépasse les prévisions des plus pessimistes sur l'opportunité même de leur existence. Face à cette crise sanitaire majeure, l'Union européenne n'existe plus, ne parlons pas de l'ONU, tout ce petit monde a volé en éclats, comme la SDN à la fin des années trente. Ne reste plus que chaque nation, souveraine et combative, pour faire au mieux.

    Pour notre part, depuis des décennies, nous n'avons jamais dit autre chose. La seule unité de référence, aujourd'hui, dans laquelle puissent avec efficacité s'organiser la solidarité, la cohésion sociale, la réinvention d'un destin, se situe à l'intérieur des frontières nationales. Le reste, c'est du vent. Du rêve de beau temps. Des discours d'entre-deux-guerres. Du sucre de canne, dans les cocktails de la "Genève internationale".

    Il faudra, très vite, en tirer les conséquences. Sur notre politique de sécurité, qui a plus que jamais sa raison d'être. Sur notre souveraineté alimentaire. Sur la relance, puissante, solidaire et patriotique, d'une économie nationale. Pour l'heure, respect des directives, solidarité avec tous, communion avec ceux qui souffrent. Sur ce dernier point, c'est bien l'un des seuls, soyons universels : un humain est un humain, chacun en vaut un autre. C'est du moins là, depuis l'aube de mon enfance, et les valeurs que j'ai reçues, ma vision du monde, et mon credo.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Alors, nous renaîtrons

     

    Sur le vif - Samedi 21.03.20

     

    Il est temps que la SSR mette en ligne, en accès total, aisé et gratuit, la totalité de ses archives, radio et TV. Il y a là des trésors inestimables.

    C'est l'Histoire, vivante et palpitante, que chaque citoyenne, chaque citoyen de ce pays doit pouvoir exhumer à tout moment, par un système de recherches universellement accessible, simple, clair, à la portée de tous. Pourquoi ces trésors devraient-ils dormir dans des caves ? Nous payons la redevance. Nous avons le droit d'accéder, chacun de nous, à cette partie de nos vies, celle de nos parents, nos grands-parents. C'est la mémoire de notre pays !

    De même, il est urgent que la bibliothèque universelle soit accessible sur internet. Le livre doit quitter l'Université, il doit être lisible par tous, sans formalités, et à tout moment !

    Et par pitié, épargnez-nous les commentaires sur l'aspect sensuel et olfactif du papier. Je suis le premier d'accord : j'ai passé une partie de ma jeunesse à humer avec jouissance de vieux livres, de littérature grecque ou allemande, sur de vieux rayons. On est trop sérieux, quand on a dix-huit ans.

    Mais nous sommes en mars 2020 ! Nous sommes confinés. Nous sommes des millions de solitudes éclatées, juxtaposées. Nous avons besoin des forces de l'esprit, besoin de l'écriture et de la parole vivante. Besoin, plus que jamais, de la puissance de feu du verbe. Alors, incendiés par la musique et par la danse des mots, nous renaîtrons.

     

    Pascal Décaillet