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  • Le réseau social, notre grande chance !

     

    Publié sur mon site FB - Mardi 10.03.20 - 10.17h

     

    Je suis, depuis des années, un défenseur des réseaux sociaux. En cela, je suis en phase avec mes actes : je suis actif ici même, j'utilise ce réseau comme outil professionnel, j'y publie des commentaires, des éditos, j'y tiens depuis longtemps mon journal politique et culturel, je prends à témoin le lecteur de mes longues recherches, complexes, sur l'Histoire allemande. Bref, je serais sacrément ingrat et hypocrite, si je reniais ce prodigieux vecteur, pour en dire du mal.

    Bien sûr, il y a des choses que je déteste. La vie privée, la délation, les meutes de moralisateurs. Ces petites saloperies de l'âme humaine n'ont en rien été inventées par le réseau social, elles existaient avant, portées par d'autres organes. Je donne souvent l'exemple des premiers postes à galène : les conversations privées qui s'y tenaient ne devaient sans doute pas toujours être transcendantes, et puis tout cela est devenu la radio, le plus exceptionnel lien entre les humains jamais inventé, celui qui passe par la voix, révélatrice de l'âme.

    En ces temps difficiles que nous commençons à traverser, le réseau social sera appelé à nous rendre de fiers services. Pour une certaine durée (que nul ne peut jauger), nous voilà appelés à éviter les rassemblements, privilégier la solitude aux grandes foules. Soit. Dans ce contexte, il se pourrait bien que la juxtaposition de millions d'humains, chacun seul devant son écran d'ordinateur, soit un peu moins vilipendée par les beaux esprits et les jaloux (ceux qui veulent encore sauver les anciens modèles), et soit enfin reconnue comme le mode de communication présent et futur, pour un sacré bout de temps.

    Car enfin, la toile nous permet le contact. Elle nous relie à l'autre. Mais aussi, avec un peu de métier dans son usage, à l'ensemble des connaissances du monde. Il y a pire, comme invention.

    Sur ce réseau, où nous sommes, j'ai vu éclore des plumes insoupçonnées, venant de parfaits inconnus. J'ai découvert des âmes belles et ouvertes, des énergies, des forces de vie. Il y a bien sûr, aussi, l'exact contraire de tout cela : rien ne nous oblige à le fréquenter.

    Alors oui, une fois de plus, moi l'enfant de milliers de livres et de dizaines de milliers de journaux papiers, moi surgi de l'ancienne civilisation, je clame ici les qualités extraordinaires du réseau social. C'est un outil, rien de plus. On peut s'en servir pour bavarder, ou pour dénoncer son voisin, c'est là le pire usage. Et on peut, tout autant, accéder au meilleur : se soucier les uns des autres, se lire, s'écrire, tenir chacun son journal, proposer son univers, personnel, subjectif. Je ne sache pas que toutes ces merveilles eussent été possibles il y a encore vingt ans. Elles étaient réservées aux clercs. Ces mêmes élites qui, aujourd'hui, n'en revenant pas que le monopole de la parole leur ait échappé, déversent à longueur de journées, de séminaires, de colloques sur l'étude du journalisme, leur haine contre une révolution de communication qui, enfin, met un terme à leurs privilèges.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Soleil noir

     

    Sur le vif - 07.03.20 - 11.01h

     

    Bien plus que notre résistance au virus, c'est notre capacité à nous comporter en humains, dans toute la dimension individuelle, sociale et spirituelle du mot, qui est testée ces jours.

    A ce défi majeur, ne répondons pas avec la froideur de laboratoire de l'hygiéniste. Mais avec le clair-obscur assumé de nos doutes et de nos adhésions, la conscience révoltée de nos finitudes, l'affirmation du sens.

    En affichant la fierté de nos liens, la fidélité à nos compagnons de route, l'intransigeance de notre verbe. Comme un soleil noir, au milieu du chaos.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Gérontophobie : saloperies de directives !

     

    Sur le vif - Vendredi 06.03.20 - 15.51h

     

    Fantastique ! On demande expressément aux personnes de plus de 65 ans de "réduire au minimum leurs visites dans les EMS et les hôpitaux" !

    Ca signifie quoi, cette gérontophobie ? Si tu as plus de 65 ans, tu évites "au maximum" de fréquenter un hôpital ! Alors tu fais quoi, si tu es malade ? Tu restes chez toi, seul, à pourrir ? Tu te drapes de silence ? Tu attends la mort, dans ton superbe isolement ? Tu évites de contacter ton médecin, de peur de déranger, d'être de trop ? Mais tes primes, bien sûr, tu continues à les payer, en bonne poire, bien mûre, prête à la chute finale !

    Et puis, quoi, "éviter au maximum" les EMS ? Mais bordel, les pensionnaires, ce sont avant tout des gens de leur génération qui viennent leur rendre visite. Leurs vieux amis. Ceux de leur âge, qui ont grandi avec eux, fréquenté les mêmes écoles, ceux qui se sont naguère aimés, qui furent amants, jaloux, réconciliés, ceux qui avec eux ont vu le monde changer, contemporains, comme le décrit si bien Annie Ernaux, dans "Les Années".

    Alors non, il faudrait que les vieux aient la délicatesse d'éviter de fréquenter d'autres vieux. Il faudrait qu'ils aient la sagesse de demeurer chez eux, raser les murs en faisant leurs courses, en dehors des heures de pointe, surtout n'approcher personne, ne saluer personne.

    Saloperies de directives. L'hygiène, oui. La discipline collective, oui. Les précautions d'usage, oui. Mais pousser le bouchon, dans un communiqué qui eût faire rougir le Camus de la Peste, jusqu'à ostraciser de la Cité la personne âgée, déjà scandaleusement mise à l'écart par notre société de profit, là il faut réagir ! Et les courageux, qui ont édicté ces directives, ils n'ont pas, eux, la plus élémentaire des hygiènes : celle de signer.

    La précaution, oui. La mise à l'écart, froide et sans âme, de toute une catégorie de population, c'est NON, NON, et NON !

     

    Pascal Décaillet