Sur le vif - Mardi 03.03.20 - 08.37h
Le 17 mai, chaque citoyenne, chaque citoyen de notre pays répondra individuellement, du plus profond de sa conscience, au coup de poignard de Pierre-Yves Maillard contre les travailleurs suisses. Nous verrons bien le résultat.
Pour moi, cet homme naguère brillant, et même "le meilleur de tous" (j'avais titré dans ce sens un édito, il y a une vingtaine d'années), a cessé d'exister, en se posant comme l'allié des ultra-libéraux, libre-échangistes et internationalistes, dans le combat de ce printemps.
La Suisse doit réguler son immigration. J'ai voté dans ce sens le 9 février 2014. Je le ferai le 17 mai 2020. Parce que mon souci premier est celui de la justice et de la cohésion sociales dans mon pays. Le travail, en priorité, doit être donné aux résidents. C'est aussi simple que cela. Et nous devons penser en priorité aux plus vulnérables d'entre nous, personnes âgées démunies, jeunes sans emploi.
Les frontières sont là pour protéger, à l'intérieur du pays, les plus faibles, ceux que la mondialisation anéantit. Depuis toujours, et j'ai été bien seul dans ce sens en pleine folie ultra-libérale, il y a vingt ans, je milite pour des économies solidaires et nationales, centrées sur l'épanouissement de l'être humain, non sur le profit de casino.
Économie nationale : à l'intérieur d'un périmètre donné, où s'exercent et s'articulent des réseaux de solidarité, d'entraide, d'intérêt public, le tout arbitré par des lois démocratiquement votées, l'activité humaine se déploie, au service de tous. Cela s'appelle une nation. Souveraine, solidaire, responsable.
Ce modèle, auquel je crois de toutes mes forces, réhabilite le local, l'horizon du visible et du palpable, la connaissance et la fréquentation quotidienne des hommes et des femmes pour qui on travaille. Il est à des années-lumière de la spéculation mondialisée, anonyme, glaciale, meurtrière.
Qu'un homme comme Pierre-Yves Maillard en soit encore à la sanctification conceptuelle de l'internationale des travailleurs, au nom du dogme, et au détriment de la cohésion sociale de son propre pays, me déçoit immensément.
Les grandes faîtières syndicales, mammouths d'un autre âge, débitent leurs mots d'ordre pour aménager leur propre survie, en se gorgeant d'adhérents sans frontières. Le sort des travailleurs suisses, des chômeurs suisses, des délaissés suisses, serait-il, à leurs yeux d'apparatchiks, à ce point secondaire ?
Pascal Décaillet