Sur le vif - Mardi 25.02.20 - 12.59h
Pourquoi les syndicats se réjouissent-ils de l'immigration massive, générée par la libre circulation, en provenance de l'Union européenne ? Réponse : les travailleurs étrangers se syndiquent, ce qui est évidemment leur droit le plus strict. Du coup, les syndicats recueillent de nombreux nouveaux adhérents. Et la machine se nourrit d'elle-même ! Le souci numéro un des syndicats se polarise ainsi davantage sur leur propre survie que sur leur finalité essentielle : défendre les travailleurs suisses.
Il faut en finir, en Suisse, avec les grandes faîtières, qu'elles soient syndicales ou patronales. Nous sommes un pays fédéraliste. L'unité de référence, c'est le Canton, pas la Confédération. S'il faut des syndicats, que ce soit en profonde immersion, en totale proximité avec le tissu économique local.
La trahison des clercs, pour reprendre le titre du livre sublime de Julien Benda (1927), c'est celle de cet ancien syndicaliste de choc, brillant conseiller national il y a vingt ans, hélas transfiguré ensuite par l'exercice vaudois du pouvoir, avec sa part d'éternelle quiétude, et aujourd'hui apparatchik en chef d'une faîtière ayant passé un pacte tacite avec le patronat libre-échangiste. C'est cela, la réalité, cela la vérité, cela la triste métamorphose d'un homme, lorsque les mécanismes de conciliation s'imposent comme conditions de survie de sa propre machine.
La trahison des clercs, face à la libre circulation, est partout. Comme elle était omniprésente dans les semaines ayant précédé le 9 février 2014. Le souverain, le 17 mai prochain, tranchera, j'ignore dans quel sens. Mais je sais qu'en politique, nul engagement durable ne peut se fonder sur le reniement de ses propres valeurs.
Pascal Décaillet