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Brandebourg-sur-Rhône

 

Sur le vif - Dimanche 23.02.20 - 09.05h

 

Il y a la rigueur absolue des Six Concertos Brandebourgeois, chef d'œuvre d'un compositeur de 36 ans, mathématique de lumière, variation vers l'infini, les notes qui se ressemblent et pourtant diffèrent, les cordes et les vents qui s'élèvent vers la complexité biblique des étoiles.

À première écoute, les Brandebourgeois, c'est la musique de la structure. On rêve de l'écouter dans une friche industrielle de Saxe ou de Prusse, ou dans les lumières d'une usine nocturne, une sucrerie de novembre, par exemple, qui tourne 24 heures sur 24.

Et puis, il y a Anne Teresa de Keersmaker. La magie d'une troupe. Des hommes et des femmes en noir, sur la scène. Ils n'ornent pas la musique de Bach. Ils n'ajoutent pas. Ils n'illustrent pas. Non, ils se fondent dans la partition. Ils SONT la succession des notes. Ils incarnent, avec leurs corps d'humains, ce chant recommencé de la structure.

Ils l'incorporent, et justement ils en dévoilent l'âme. Tantôt groupes, tantôt grappes, jamais uniformes, jamais prévisibles, eux aussi ils varient. Plus on les regarde, plus on écoute la magie singulière de chaque instrument, telle flûte miraculeuse, par exemple, dont le velouté apaise les récurrences algébriques des cordes. Bach serait-il l'inventeur ancestral de l'algorithme ?

Oui, ces danseuses et danseurs humanisent. Ils simplifient. Dissolvent les équations. Chassent les inconnues. Ramènent à l'essentiel. Du coup le spectateur, l'auditeur, le fidèle de passage, embarqué dans cette Cathédrale sans images, se dit que tout est simple. Dans un monde sans un mot, le voilà seul, face au Verbe.

Ces gens qui dansent, avec une telle présence, ne sont pas avec Bach, ni autour de lui. Ils sont en lui. Dans l'infini mystère de son génie.

 

Pascal Décaillet

 

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