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  • Malheur aux Gueux sédentaires !

     

    Sur le vif - Jeudi 28.06.18 - 07.53h

     

    Les propos d'Ignazio Cassis sur les mesures d'accompagnement auront pour conséquence d'entraîner une partie de la gauche suisse dans le camp des opposants à la libre circulation.

     

    Pour ma part, je n'ai JAMAIS compris comment la gauche pouvait être favorable à ce grand bazar échangiste, destructeur de cohésion sociale à l'intérieur des nations constituées par l'Histoire, ayant construit patiemment leurs réseaux de solidarité interne, leurs services publics, leurs appareils législatifs de protection des plus faibles. Et tout à coup, en laissant déferler des masses externes, on saccage ces équilibres, déjà si fragiles !

     

    Prenez un magasin de philatélie, par un jour de bise noire. Ouvrez les fenêtres, juste pour voir. L'effet sera le même.

     

    Pour une partie de la gauche, la grande illusion d'une fraternité mondialisée existe encore. On y sublime l'altérité. Plus vous venez d'ailleurs, plus vous aurez grâce à leurs yeux. Malheur aux Gueux sédentaires, dont les ancêtres, pendant des siècles, ont fait vivre nos cantons et notre pays. Les vertus suprêmes de "mixité" et de "métissage" n'auront ni l'heur, ni la grâce, d'illuminer leur blason.

     

    Un grand merci à M. Cassis, s'il peut, à son corps défendant, ouvrir les yeux de cette gauche, et l'exorciser de son extase mondialiste. La ramener sur le seul terrain qui vaille : celui du combat pour la solidarité, non dans une béatitude planétaire, mais nation par nation.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Genève internationale : oui, mais laquelle ?

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    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 27.06.18

     

    Genève est une ville internationale. Elle ne l’est pas par nature, ne l’a pas toujours été, mais elle en est une, c’est le fruit de l’Histoire, notamment depuis le dix-neuvième siècle. En soi, c’est une chance extraordinaire. Je suis né et j’habite encore dans le quartier des Nations, j’adore m’y promener, toujours la même boucle, féérique, depuis des décennies. Il est magique de se dire qu’on arpente la deuxième ville de Suisse, et qu’on voit défiler sous nos yeux des représentants du monde entier, dans toute sa diversité. Souvenirs du Président Wilson, de Clemenceau, Lloyd George, le Négus, Mendès France, Churchill, la résistance algérienne du FLN, on pourrait multiplier à l’infini. J’ai moi-même couvert l’Assemblée générale décentralisée à Genève de l’ONU, qui accueillait en 1988 Yasser Arafat. Oui, la dimension internationale de Genève est magique.

     

    Mais il y a tant à faire pour en changer l’image. Genève accueille des organisations internationales, des Missions permanentes, fort bien. Mais il faut dire une chose : tout ce petit monde, aussi respectable soit-il, est perçu par les Genevois comme une galaxie à part. On les voit, on les croise, on les salue à peine (eux non plus, d’ailleurs), chacun vit dans un univers séparé. Les regards, le plus souvent, s’évitent, sauf heureusement entre voisins d’immeuble, où on prend le temps de se connaître. Eh bien j’affirme ici qu’il est temps de changer l’image de la Genève internationale. Pour cela, il faut, de part et d’autre (les Genevois, les internationaux), cheminer sur les voies de la connaissance. Ne perdons pas notre temps à nous appesantir sur l’aspect technocratique de la mission de beaucoup de ces gens. Valorisons au contraire la richesse de leurs origines, mettons-la en miroir de la nôtre, échangeons, dialoguons.

     

    Cela passe par la culture. Quand on commencera à parler des pays d’Afrique, par exemple, rappelons leur Histoire, la variété de leurs langues et de leurs coutumes, qui vont de l’Empire de Tombouctou aux ultimes confins du Fleuve Niger, ou du Zambèze, ou des Grands Lacs, alors là, oui, pourront surgir des étincelles de reconnaissance mutuelle. Je rends ici hommage à mon confrère Gorgui Ndoye, journaliste sénégalais, mais surtout porteur d’une conscience panafricaine qui mérite d’être relevée, interrogée, discutée. Alors oui, allons-y pour la Genève internationale, et cette présence planétaire dans ce petit coin de terre, entre Lac, Jura et Salève. Mais entamons avec les gens de tous pays un dialogue de la connaissance. Pour beaucoup de pays d’Afrique (je reviens à ce continent), nous avons une langue commune, le français. Ils nous ont légué des auteurs, comme Senghor, qui figurent au Panthéon de nos poètes.

     

    C’est de là, de ce trésor commun, celui des mots, des arts, de la musique, que doit partir la grande entreprise de reconnaissance mutuelle. Parce que, désolé, se contenter de rapporter au jour le jour les décisions technocratiques et souvent ennuyeuses de leurs Organisations internationales, ça n’est pas suffisant pour le chemin de connaissance qui sied, entre frères humains, égaux, sur la planète.

     

    Pascal Décaillet

     

    *** Image : les Manuscrits de Tombouctou.

     

     

  • Cela s'appelle la politique

     

    Sur le vif - Mercredi 27.06.18 - 08.08h

     

    La préférence indigène entre en vigueur en Suisse dans quatre jours. Il y a encore quelques années, elle était une option inimaginable dans notre pays. Nous n'étions que quelques-uns, au niveau cantonal et national, à en défendre l'idée.

     

    Le dogme libéral et libre-échangiste régnait en maître absolu. Il régentait les consciences, formatait les éditorialistes. Il fallait à tout prix que le marché du travail fût ouvert, sans entraves, à tous, pour légitimer le principe sacré de libre circulation des personnes, réputé sanctifiant pour la vitalité de notre économie. Le libre-échangisme était devenu l'opium des élites mondialisées.

     

    Le résultat, on l'a vu : les bénéfices de ce grand casino des personnes et des biens n'ont profité qu'à une minorité, notamment dans le sacro-saint commerce extérieur, sur l'autel duquel on a strangulé notre monnaie. Cette prospérité n'a pas été répartie sur l'ensemble du tissu social de notre pays. Des patrons ont pratiqué la sous-enchère, avec une main d'œuvre étrangère peu regardante sur les salaires. On a trop souvent oublié les demandeurs d'emploi qui résidaient déjà dans notre pays. On a laissé mourir notre agriculture.

     

    Ce libéralisme du profit immédiat est une impasse. On commence enfin à s'en rendre compte ! Il est temps de revenir à l'économie au service de l'humain. Ca passe par des communautés nationales définies, délimitées par des frontières protectrices pour les plus faibles. Avec des lois, démocratiquement votées. Des peuples qu'on écoute. Des souffrances sociales dont on tient compte. Cela porte un très beau nom, lorsqu'il échappe à la combinazione des partis et aux basses manœuvres des ambitions individuelles : cela s'appelle la politique.

     

    Pascal Décaillet