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  • Le bailli en dentelles

     

    Sur le vif - Vendredi 22.06.18 - 07.35h

     

    Interviewé par Romain Clivaz, l'ancien Président du Parlement européen, l'Irlandais Pat Cox, au demeurant remarquable francophone, s'accroche encore à l'idée d'une politique globale européenne dans la gestion des flux migratoires.

     

    Le problème, c'est que l'Europe politique n'existe pas. Elle est juste une fiction, un château de cartes, pour faire illusion. Or, pour qu'il y ait une quelconque "politique", migratoire ou autre, il faut qu'existent, puissamment, le crédit et la confiance de l'instance qui prétend l'appliquer, cette politique.

     

    L'improbable conglomérat nommé "Union européenne" ne dispose ni de ce crédit, ni de cette confiance. Comment voulez-vous, dans ces conditions, lui délivrer un chèque en blanc pour une gestion continentale coordonnée des flux migratoires ? Il est assez rare que l'on confie ses intérêts à un fantôme errant.

     

    Tout au contraire, les nations reviennent. Pour ma part, ayant étudié de très près, depuis ma jeunesse, les Histoires de France et d'Allemagne dans les trois derniers siècles, notamment la naissance de l'idée nationale allemande dans la Prusse occupée par Napoléon (1806-1813), je crois depuis toujours à la primauté de la nation sur l'empire.

     

    La nation, c'est la réalité vécue de nos mémoires et de nos âmes. C'est l'unité, le périmètre sensible dans lequel vibrent les souvenirs et se forgent les décisions des peuples. Cet espace-là, aujourd'hui encore, jouit du crédit et de la confiance indispensables à l'application des politiques. Le château de cartes européen, pour sa part, n'en jouit pas. Il est perçu comme lointain, irréel, diaphane, inefficace, prétentieux, arrogant. Un bailli en dentelles.

     

    Dès lors, pour les années qui viennent, les politiques migratoires seront décidées et appliquées nation par nation. Chacune d'entre elles considérera son intérêt propre avant celui du voisin. Entre les Etats, les frontières renaîtront. Et le château de cartes continental, tout naturellement, s'effondrera.

     

    Pascal Décaillet

     

  • L'armée des ombres


     

    Commentaire publié dans GHI - 20.06.18

     

    Qui sont-ils, que font-ils toute la journée ? Qui sont ces secrétaires généraux adjoints qui foisonnent dans les Départements ? Travaillent-ils, comme leur patron, le Conseiller d’Etat qui en a fait serment, dans l’intérêt supérieur de la collectivité ? Ou plutôt, en catimini, dans l’intérêt suprême… de leur magistrat ?

     

    Leur rôle est-il clairement défini, dans un cahier des charges ? Le Parlement, qui détient la haute main sur l’exécutif et l’administration, a-t-il son mot à dire sur la nature de leurs fonctions ? S’en soucie-il ? Détourne-t-il la tête, ayant déjà assez à faire pour contrôler les ministres ?

     

    Ces secrétaires généraux adjoints, à qui rendent-ils des comptes ? A l’Etat, aux députés, au peuple souverain ? Ou seulement, dans la tiédeur des conciliabules, à leur patron, le Conseiller d’Etat ? Se gardent-ils tous d’abuser, dans leurs contacts avec les autres fonctionnaires, de la position de proximité dont ils jouissent avec le Prince ? Se prennent-ils pour de puissants conseillers, sentent-ils la pourpre cardinalice romaine monter, comme un flux de désir, au fond de leurs artères ?

     

    Se défendent-ils, dans les différentes missions qui leur sont confiées, d’influencer, de faire peur ? De menacer ? Se prennent-ils parfois pour le Prince ? Délivrent-ils leur âme du poison du pouvoir ? Hument-ils, en leur for, quelque parfum d’éternité ? Se rêvent-ils en marbre, au détour d’une crypte ? Pensent-ils parfois au Jugement dernier ? Croient-ils au mal, aux archanges ? Ont-ils encore peur de la mort ? Ou le goût du pouvoir les a-t-il, à jamais, ensorcelés ?

     

    Pascal Décaillet

     

  • La pieuvre des apparences en moins

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    Sur le vif - Mercredi 20.06.18 - 15.55h

     

    Ce à quoi Donald Trump met doucement fin, c'est l'illusion de l'existence d'un ordre multilatéral, qui serait en mesure de gouverner la planète. Cet ordre, né de l'immédiate après-guerre, n'a jamais existé que dans le domaine des apparences.

     

    Il n'a jamais constitué d'autre réalité que celle d'un paravent, délicatement déposé sur les vraies puissances : États-Unis et Union soviétique, puis États-Unis tout seuls. D'ailleurs, chaque fois que l'intérêt supérieur - ou impérialiste - de l'un de ces pays, principalement le deuxième, était en cause, l'ordre multilatéral s'effaçait servilement, en s'excusant d'exister.

     

    A Genève, à cause de la présence chez nous de nombreuses institutions internationales, nous surestimons totalement l'impact réel de ces dernières sur le cours de la paix et de la guerre. Je ne parle pas ici des organisation humanitaires, ni médicales, mais de celles qui prétendent influer sur l'ordre politique de la planète.

     

    Oui, Trump multiplie les retraits du château de cartes multilatéral, et c'est exactement ce qu'il avait annoncé, lors de sa campagne, pendant toute l'année 2016. Il ne fait rien d'autre que ce qu'il avait promis ! Les gens, aux États-Unis, qui ont voté pour lui le 9 novembre 2016, l'ont fait en parfaite connaissance de cause.

     

    A Genève encore, où trop d'observateurs de la vie politique ont été formatés par la matrice HEI, où l'ordre multilatéral est déifié, c'est toute une conception du monde qui s'effondre. Celle de la SDN, dont l'Histoire a eu soin d'apprécier la totale inefficacité face à la montée des totalitarismes. Celle, aussi, de l'immense usine à gaz née de l'après-Seconde Guerre mondiale, entendez principalement l'ONU et ses innombrables succursales ou dépendances. Par exemple, cet ineffable "Conseil des droits de l'homme", qui a perdu depuis longtemps tout crédit, pour peu qu'il en eût jamais.

     

    C'est à cela, à cette galaxie d'apparences et de trompe-l’œil, que Donald Trump tourne le dos. Pour des centaines, des milliers de tétanisés du multilatéral, à Genève, c'est comme un univers qui se désintègre et se liquéfie.

     

    Et si nous entrions, tout simplement, dans un nouvel ordre régissant les relations internationales ? Retour des nations. Diplomatie. Alliances. Parfois la guerre, parfois la paix. Bref, le tragique de l'Histoire, dans toute sa permanence et toute son immanence. Mais la pieuvre des apparences en moins. Faut-il vraiment s'en plaindre ?

     

    Pascal Décaillet