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  • Alors, ils ont ciblé AET...

     

    Sur le vif - Dimanche 18.03.18 - 11.26h

     

    Ils ont d'abord tenté de cibler Mauro Poggia. Sans grand succès. L'homme est habile, solide, compétent.

     

    Ils ont ensuite tenté de cibler Serge Dal Busco. Mais l'homme est charpenté, intègre, opiniâtre.

     

    Alors, ils se sont dit, à cinq semaines du Jour J, qu'ils pourraient peut-être orienter leurs missiles sur Anne Emery-Torracinta. Parce qu'il leur faut bien gagner un siège, ils sont là pour ça.

     

    Ils sont descendus dans leur arsenal. Rassembler toutes les munitions prévues contre cette magistrate, pour le jour où une offensive serait nécessaire.

     

    Ils ont lancé l'attaque en s'appuyant sur les saintes "investigations" (comme si ce mot exonérait de toute responsabilité, autorisait tous les coups) de leur Pravda bleutée, sur une affaire judiciaire en cours.

     

    Politiquement, c'est aussi simple que cela. Une affaire de pouvoir et de meurtre politique, à l'approche d'une élection. C'est cela, totalement cela, et seulement cela. Le reste, c'est de l'encens pour les bonnes âmes.

     

    Je suis un journaliste politique. Pas un journaliste "de société". Encore moins un moraliste. On me permettra donc d'accorder mon attention première aux mécanismes de récupération politique.

     

    Je ne m'intéresse pas trop aux affaires judiciaires. Sauf lorsque, par pure opportunisme, elles sont récupérés par des officines politiques pour avoir la peau d'une partie adverse.

     

    J'espère que le corps électoral, le 15 avril, ne sera pas dupe. Et saura juger la ministre genevoise de l'Instruction publique sur son action, dans le domaine scolaire et celui de la transmission des connaissances, à la tête du Département.

     

    Qu'elle n'ait maîtrisé, sous le feu des attaques, ni la communication, ni la gestion de crise, c'est certain. Mais c'est une femme intègre, dévouée à la grande et noble cause de l’École, qu'elle a servie toute sa vie, sans relâche. Jugeons-la, dans le sens qu'on voudra, le 15 avril, sur ces choses-là.

     

    Ne laissons pas nos esprits se faire dévier, et uniquement accaparer, par une affaire tellement providentielle, surgie, montée, orchestrée, comme par hasard dans l'ultime ligne droite d'une élection.

     

    Par qui ? Et dans quel but ?

     

    Pascal Décaillet

     

  • Candidats, faites-nous aimer la politique !

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    Commentaire publié dans GHI - 14.03.18

     

    Prenez la masse des gens, dans la rue. Dans les trams. Dans les grandes surfaces. Combien, parmi eux, s’intéressent-ils vraiment à la politique ? Un sur trois ? Un sur cinq ? Je n’en sais strictement rien. Mais je suis sûr d’une chose : nous, les journalistes politiques, avons avec les candidats, de tous bords évidemment, une mission en commun, donner à un maximum de personnes le goût de la chose publique. Soit pour s’y lancer, comme acteurs. Soit, au moins, pour maîtriser au mieux les enjeux, lors de votations ou d’élections. Car la vraie fracture, aujourd’hui, n’est pas tant entre la droite et la gauche, qu’entre ceux qui croient en la politique, et les autres. Pour ma part, je considère de mon devoir de rendre la politique attrayante, appétissante, accessible à tous. Et non de la laisser gésir dans une tour d’ivoire, entre initiés, avec leurs mots complexes, leurs rites, leurs petits arrangements, entre gens du même monde.

     

    Pourquoi ? Mais parce que nous sommes en Suisse ! Le pays de la démocratie directe. Donner la parole à l’ensemble d’un corps électoral (plutôt qu’aux seuls parlementaires), le principe est génial, mais à une seule condition : que nos citoyennes, nos citoyens, soient dûment formés à la culture politique. Le rôle de l’école est primordial, et, même si des progrès ont été accomplis ces dernières années, doit aller beaucoup plus loin qu’aujourd’hui dans l’enseignement de l’Histoire, y compris nationale, et même locale, et dans celui de l’éducation citoyenne. En 2018, la formation, à Genève, est obligatoire jusqu’à 18 ans. C’est précisément l’âge où l’on devient citoyen, avec le droit de vote. Eh bien il est inadmissible qu’à cet âge, on puisse, par défaut d’y avoir été initié dans l’institution scolaire, ignorer les grands mécanismes de notre pays, et de notre canton : démocratie directe, initiatives, référendums, fédéralisme, identification des trois échelons de législatifs et d’exécutifs, etc. C’est le devoir de l’école que d’enseigner cela.

     

    Et puis, lors d’une campagne électorale (nous y sommes en plein, avec l’élection du Grand Conseil et le premier tour du Conseil d’Etat, le 15 avril), c’est le devoir de chaque candidat de nous faire aimer la politique. Oui, la politique toute entière, dans son principe, son essence. Car chaque candidat, en plus d’être le représentant de son parti, incarne aux yeux du public l’action politique, dans son ensemble. Peu importe, à mes yeux, qu’il soit de gauche ou de droite, homme ou femme : ce que je lui demande, c’est d’avoir du talent, de l’énergie, de la puissance de communication, une sincérité militante, au service de la Cité. Oui, chaque candidat au Grand Conseil, et bien sûr au Conseil d’Etat, doit se considérer comme un ambassadeur de la chose publique, afin que cette dernière l’emporte contre les clans, les féodalités, les puissances financières, les réseaux, les corporations d’intérêts. Cela n’est pas une affaire de la droite contre la gauche. Mais de la République, qui nous est si chère, face à la jungle et au néant.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Entreprendre

     

    Sur le vif - Jeudi 15.03.18 - 13.25h

     

    En page 3 de la TG, mon confrère Roland Rossier décrit avec beaucoup de justesse le parcours du combattant que constitue la création d'une entreprise. Oh, pas seulement l'inscription au Registre du Commerce, cela n'est rien, mais la lente et patiente affirmation de son indépendance, le choix de la forme juridique, le combat avec les assurances, les obstacles multiples à franchir.

     

    Ce chemin d'initiation, je l'ai vécu, il y a exactement douze ans (printemps 2006), alors que j'avais déjà vingt ans d'expérience comme journaliste professionnel. Il est passionnant, riche d'enseignements sur l'essentiel, éprouvant pour le caractère.

     

    Et puis, s'inscrire n'est rien. Il faut tenir. Un an, cinq ans, dix ans. Le plupart de ces fameuses "start-ups", dont les ménestrels de "l'innovation" (la plupart eux-mêmes salariés, n'ayant jamais rempli une fiche de paye, ni établi un bilan annuel) nous chantent les louanges à longueur d'année, meurent aussi vite qu'elles ont surgi. Pourquoi ne le disent-il pas ? Pourquoi montrent-ils autant d'ébahissement devant les premiers jours, sans rendre hommage à ceux qui, à force de ténacité, ont su durer ?

     

    Après douze ans comme entrepreneur, dont neuf comme employeur, douze ans avec des locaux à moi, douze bilans, douze comptes d'exploitation, des centaines de petits tracas à régler soi-même (parce que personne ne le fera à votre place), un sentiment puissant d'indépendance incluant le vertige de la solitude, j'estime, pour ma part, savoir de quoi je parle lorsque je prononce les mots "entrepreneur" ou "entreprise".

     

    Car même un grand directeur, avec des centaines d'employés, s'il est salarié, n'est pas vraiment entrepreneur. L'entrepreneur, c'est celui qui assume le risque économique, le risque de disparition. Mais qui se bat quand même. Un petit cordonnier, seul avec un apprenti au fond de son échoppe, est sans doute plus entrepreneur qu'un chantre salarié du patronat.

     

    Cela, en marge de la belle page de Roland Rossier, à titre de témoignage, je voulais quand même le dire. Comme entrepreneur. Responsable de la même entreprise, étonné moi-même par sa durabilité, loin du fracas des modes et du snobisme des "start-ups", depuis douze ans.

     

    Pascal Décaillet