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  • La nouveauté d'un possible

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    Commentaire - GHI - 21.03.18

     

    Il y a des listes, plus que d’autres, d’où sortent de belles vibrations. Et dans ces listes électorales, il y a bien sûr, avant toute chose, des personnes. En l’occurrence, des femmes.

     

    Une liste avec uniquement des femmes : le principe philosophique ne m’avait jamais plu, je le trouvais sectaire, alors que la République est une et indivisible. Bref, j’étais – et suis encore, au fond – mal disposé, sur le principe.

     

    Seulement voilà, il y a les principes, et il y a les personnes. Pour ma grande opération « Visages de Campagne », 104 candidats face à moi, six minutes chacun, j’ai rencontré huit représentantes de la Liste des femmes. Au-delà de savoir si je suis d’accord ou non avec elles, j’ai découvert des univers, des engagements, une joie militante profondément ancrée. Enfin, quelque chose d’assez puissant, à quoi je ne m’attendais pas.

     

    Ensuite ? Ensuite, rien ! Je n’appelle ici ni à voter pour cette liste, ni à la rejeter, chacun est libre. Mais j’ai découvert, après des décennies de passion pour la chose politique, la nouveauté d’un possible. Pas avec de grands discours, ni des démonstrations, ni des palabres de salons parisiens. Mais avec la force, parfois saisissante, de huit témoignages.

     

    Laisser émerger l’inattendu de la parole, c’est peut-être aussi cela, la mission du journalisme. Alors, à ces dames de passage, je dis simplement merci.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Juristes de la Couronne

     

    Sur le vif - Mercredi 21.03.18 - 15.08h

     

    En déclarant nulle l'initiative "Le Plaza ne doit pas mourir", le Conseil d'Etat affiche une nouvelle fois son total mépris d'un processus parfaitement régulier d'exercice de la démocratie directe, dans le Canton de Genève.

     

    Cette initiative a eu les signatures (11'316). C'est aux citoyennes et citoyens de se prononcer. Pas aux juristes de la Couronne.

     

    Par les temps qui courent, avec les errances de la Chancellerie, et la très laborieuse fin de législature que nous vivons, le Conseil d'Etat serait plus avisé de s'invalider lui-même.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Anne Emery-Torracinta, magistrate intègre et courageuse

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    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 21.03.18

     

    C’est toujours comme ça, une campagne électorale : ça commence prudemment, sans trop de bruit, avec des adversaires qui s’observent et s’épient, en affûtant leurs armes. C’est ce qu’on appelle la Drôle de Guerre, comme entre la France et l’Allemagne, entre le 1er septembre 1939 et le 9 mai 1940. Et puis voilà, il faut bien qu’il y ait un 10 mai. Cela change de nom, cela s’appelle la Blitzkrieg, l’offensive-éclair. Elle est violente, massive, dévastatrice. Et surtout surprenante. Évidemment ! On ne va tout de même pas envoyer un bristol à l’ennemi pour lui faire savoir, deux jours avant, qu’on va attaquer ses positions. Pour les élections, on parle de « campagne » : le mot est parfaitement juste, les lois appliquées y sont celles de la guerre. Pour saisir ce qui s’y passe, il faut connaître les grilles de lecture de la guerre, pas celles de la morale. Naïfs et bonnes âmes, s’abstenir.

     

    Ministre genevoise de l’Instruction publique depuis quatre ans et demi, la socialiste Anne Emery-Torracinta est une femme réputée pour son intégrité, sa rigueur, son courage. On partage ou non ses options pédagogiques, par exemple son obsession pour « l’école inclusive », mais nul, dans la République, ne peut lui contester ses qualités d’honnêteté, ni la ténacité de son engagement, pendant toute sa vie, en faveur de l’École genevoise. D’abord, comme prof d’Histoire, très appréciée. Puis, comme députée. Puis, comme magistrate.

     

    Sans doute a-t-elle commis des erreurs. Sous le feu des attaques, elle a mal communiqué, mal géré la crise. Mais ces nervosités ne doivent aucunement nous faire oublier qu’elle a dirigé correctement, dans les grandes lignes, un Département très difficile, avec toujours un souci d’Etat, et des priorités républicaines. Je demande aux citoyennes et citoyens qui voteront, le 15 avril, de la juger, dans le sens qu’ils voudront, sur ces choses-là, qui sont simplement l’essentiel. Et non sur les seuls échos de la Blitzkrieg que d’aucuns, comme par hasard à quatre semaines des élections, ont jugé bon de lancer sur elle.

     

    Bien sûr, les affaires évoquées, impliquant des relations entre profs et élèves, sont importantes. Et doivent être instruites. Pas question, ici, de nier cela. Mais pas question, non plus, de pousser la candeur jusqu’à ne pas voir la prodigieuse aubaine que constituent ces affaires, datant d’ailleurs d’époques antérieures, pour les adversaires politiques de Mme Emery-Torracinta. Nous sommes en période électorale ! Donc, en campagne. Donc, langage et codes de la guerre, Donc, intox permanente. Donc, avantage à celui qui maîtrise la communication. C’est cela, la Blitzkrieg. Cela qui se passe, avec la récupération éhontée, et tellement providentielle, d’affaires judiciaires en cours, pour avoir la peau d’une magistrate honorable et compétente. Une ministre à qui, pour ma part, malgré mon goût relativement limité pour l’école inclusive, j’accorde ma gratitude et ma confiance.

     

    Pascal Décaillet