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  • Trump et l'Iran : une faute majeure

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    Sur le vif - Dimanche 15.10.17 - 14.38h
     
     
    Il est très clair que Donald Trump, en traitant l'Accord sur le nucléaire iranien comme il le fait, commet une erreur politique majeure, sans doute même une faute.
     
     
    En huit ans d'une Présidence d'une rare inactivité sur le plan de la politique étrangère, et assurément inexistante sur le terrain du Proche et du Moyen-Orient, son prédécesseur, M. Obama, avait tout de même obtenu deux succès diplomatiques de taille : Cuba et, justement, l'Iran. On pouvait se prendre à espérer que, plus de 35 ans après la Révolution islamique, cet incontournable acteur de la scène politique du Moyen-Orient reprît la place qui doit être la sienne sur la scène des nations.
     
     
    En dénonçant l'Accord nucléaire, vraie percée, porteuse d'espoir, à quels champs d'influence internes à la politique américaine, à quels lobbys de son propre pays Donald Trump cherche-t-il à donner des gages ?
     
     
    Veut-il la guerre avec l'Iran ? Après deux décennies d'échecs totaux de ses prédécesseurs dans leurs tentatives de s'ingérer dans l'Orient compliqué, en l'espèce dans le monde arabe, veut-il retourner maintenant les armes contre la vieille civilisation perse, arbitre séculaire, millénaire, des équilibres de la région ?
     
     
    A ce monde, que peuvent comprendre les États-Unis d'Amérique ? Qu'ont apporté ses prédécesseurs, MM Obama, Bush Junior, Clinton, Bush Senior, si ce n'est au mieux de l'impuissance, au pire des torrents de sang et de larmes ? Ne faut-il pas remonter à Richard Nixon, et son Secrétaire d’État Kissinger, pour trouver un peu de cohérence et de compétence dans l'ambition politique sur la scène du Proche et du Moyen-Orient ? Et si, justement, certains lobbys américains l'avaient fait payer très cher à Nixon, cette politique-là, en suragitant en 1974 l'aubaine du Watergate ?
     
     
    En élisant Donald Trump plutôt que Mme Clinton, les Américains ont au moins évité de sombrer dans le bellicisme et le tout-aux-marchands d'armes. Cela, tout au moins, était porteur d'espoir. Mais là, avec ce comportement de va-t-en-guerre face à Téhéran, là où il faudrait justement laisser donner les subtilités de la diplomatie, Trump se fourvoie.
     
     
    Reste à établir à quelles sirènes, dans son propre pays, il a cédé.
     
     
    Pascal Décaillet
     
     

  • Les translucides de la 25ème heure

     

    Sur le vif - Vendredi 13.10.17 - 10.34h

     

    Les puissants éditorialistes qui, enfin cet automne, commencent à appréhender la vraie personnalité - profondément autocratique, orléaniste, arrogante - d'Emmanuel Macron, que faisaient-ils ce printemps, au moment de l'élection ? Ils n'étaient que louanges et pâmoison face à la jeunesse, la beauté, la capacité de séduction de l'homme providentiel.

     

    Ces translucides de la 25ème heure ont toujours trois guerres de retard. Macron, avec un peu de jugement politique, avec les outils de l'analyse du discours, du scepticisme et de l'Histoire, il était parfaitement possible de discerner son être réel en pleine Blitzkrieg de sa candidature. Encore fallait-il le vouloir. Accepter le contre-courant. Décrypter au-delà des apparences.

     

    Ce qui perd le métier, c'est le métier lui-même.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Méphisto, il est où ?

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    Commentaire - GHI - Mercredi 11.10.17

     

    Je me suis toujours battu pour un journalisme qui dise les choses, de façon simple et réelle, telles qu’elles sont. Le pouvoir, lui, d’où qu’il vienne, quelle que soit sa couleur, cherchera toujours, au contraire, à vous faire répéter, comme un perroquet, les mots incantatoires de sa propagande. Les conférences de presse, les communiqués sont les instruments dont il dispose pour imposer son vocabulaire. A tout confrère, toute consœur, je recommande circonspection et méfiance.

     

    Ainsi, le mot à la mode : « recapitalisation ». Fort laid, mais ça n’est pas le plus grave. Surtout, un euphémisme, froidement choisi par le pouvoir politique pour donner l’impression de quelque chose de bienveillant. Si on « recapitalise », c’est bien qu’on injecte de l’argent, comme une piqûre de sang nouveau, régénératrice, bienvenue. Et on réussit à positiver les choses. Nous serions le Docteur Faust, la « recapitalisation » serait notre seconde jeunesse. Mais Méphisto, il est où ?

     

    La vérité, plus crue, c’est que tous ces milliards qu’on va mettre en quarante ans, c’est le contribuable qui va les payer. Encore lui ! Cette dimension sacrificielle, pour assurer les retraites de la fonction publique, n’est guère lisible, hélas, dans le mot « recapitalisation ». Dans le choix des vocables, plus la réalité est dure à encaisser, plus l’autorité nous sert des mots doux. Un peu comme la dernière cigarette d’un condamné : elle fait des volutes, pour mieux masquer la lame fatale. Méfiez-vous des mots !

     

    Pascal Décaillet

     

    *** Photo : l'inoubliable acteur allemand Gustav Gründgens (1899-1963), dans Mephisto, le rôle de sa vie. Lire absolument le livre "Mephisto", de Klaus Mann (1906-1949).