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  • Vive la démocratie directe !

     

    Sur le vif - Dimanche 24.09.17 - 12.53h

     

    Très heureux de la décision cantonale genevoise sur l'abaissement du nombre de signatures pour les initiatives et les référendums.

     

    Dans notre système suisse, la pierre angulaire, c'est le peuple, entendez le corps électoral : les citoyennes et citoyens.

     

    Une communauté humaine n'a rien à craindre d'une prise en charge croissante de la politique par le peuple. Non pour se substituer aux Parlements (il faudra toujours des gens pour écrire les lois et s'échiner sur les virgules). Mais pour indiquer les grandes orientations, initier des débats majeurs, et parfois (référendums) corriger les décisions législatives jugées mauvaises.

     

    Les deux partis, à Genève, qui ont cru bon de s'opposer à cette réforme n'auront finalement montré que le vieux réflexe défensif d'une caste qui, au nom de la sacro-sainte "démocratie représentative", redoute comme la peste la verticalité tellurique du suffrage universel.

     

    Vive la démocratie directe !

     

    Pascal Décaillet

     

  • DFAE : l'attente d'une rupture

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    Sur le vif - Vendredi 22.09.17 - 19.11h

     

    Rien de plus insupportable que ce discours des correspondants au Palais fédéral, métier que je connais pour l’avoir pratiqué : le nouveau ministre des Affaires étrangères, Ignazio Cassis, n’aurait qu’une infime marge de manœuvre pour s’écarter de la politique européenne de son prédécesseur. Ce discours est faux. Il suinte l’interne du sérail, l’adhésion aux pratiques de ces dernières années. Il laisse entendre que notre politique extérieure serait comme vouée à l’immuable.

     

    Ce raisonnement, c’est l’abdication de la foi en la politique, tout court. C’est le renoncement à la capacité d’une nation à affirmer ses choix, puis les mettre en œuvre. C’est faire croire que la Suisse, n’étant que l’engrenage d’un ensemble, n’aurait qu’une prise infime, voire inexistante, sur le destin. C’est une vision désespérante. Citoyen de ce pays, je la récuse, de toutes mes forces.

     

    Monsieur Cassis, n’écoutez pas ce discours. Ayez une vision, respectez les décisions du peuple suisse, celle du 9 février 2014 par exemple, mettez en avant notre cohésion nationale, affirmez la volonté du pays, et vous aurez restauré, dans le concert des nations, une politique suisse digne de ce nom.

     

    Monsieur Cassis, en politique européenne, nous avons besoin d’une rupture. Principalement, dans la tonalité. Votre prédécesseur, si préoccupé de « respect », semblait hésitant à effleurer la moindre carte d’un château dont il ne voulait surtout pas troubler la belle construction. Il était, certes, un homme de bonne volonté, mais sa gestion de l’après-9-février, et avec lui celle de l’ensemble du Conseil fédéral, a été d’un attentisme catastrophique. Le Parlement, tant bien que mal, a tenté de faire le boulot, le gouvernement n’a pas donné d’impulsion. Comme s’il était groggy.

     

    Monsieur Cassis, les citoyennes et citoyens de ce pays attendent que vous restauriez la fierté de notre pays face à l’Union européenne. Non en coupant les ponts, personne ne parle de cela. Mais en rompant avec ces intonations apeurées, gémissantes, tétanisées devant les « réactions de Bruxelles » aux décisions de notre seul véritable souverain, le peuple suisse. Si vous montrez, par quelques signaux bien sentis, dès le début de votre mandat, à l’Union européenne que notre pays est ferme dans la défense de ses décisions, vous aurez non seulement l’estime de Bruxelles, ce qui est peu de choses, mais celle, ô combien plus précieuse, du peuple suisse.

     

    Monsieur Cassis, vous avez plaidé dans la campagne pour une immigration contrôlée. Vous venez d’un canton qui, comme Genève, sait ce que peuvent signifier les flux transfrontaliers. Vous êtes un homme d’expérience, cultivé, vous parlez les langues : vous pouvez, tout en gardant sur la forme la courtoisie qui est la vôtre, devenir un grand ministre des Affaires étrangères. A cela, une condition, sine qua non : placer le peuple suisse, sa nécessité de cohésion, de justice sociale, d’attention aux équilibres internes, avant l’idée de plaire à la fausse, à l’hypocrite, à la menteuse douceur des réunions multilatérales. Dès que surgit le tragique de l’Histoire, ces pantins s’évanouissent dans la nature. Et chaque nation, chaque peuple, se retrouve seul face à son destin.

     

    Monsieur Cassis, j’ai confiance en vous, et vous souhaite plein succès dans vos activités au service de notre pays.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Les partis ont-ils encore un sens ?

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    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 20.09.17

     

    Lorsque paraîtront ces lignes, vous connaîtrez le nom du nouveau conseiller fédéral. Une compétition qui se sera jouée au sein d’un seul parti : le PLR. Oh, par n’importe lequel : sa composante « R », comme « radical », fut la fondatrice, en 1848 et dans les décennies suivantes, de la Suisse moderne. Pourquoi un PLR, à tout prix ? A cause d’un pacte tacite, appelé « formule magique », datant de 1959, exigeant que les trois partis en tête des élections fédérales (législatives), en octobre, tous les quatre ans, obtiennent chacun, en décembre suivant, deux conseillers fédéraux, et le quatrième, un seul. Didier Burkhalter ayant démissionné en cours de législature (2015-2019), son successeur devait donc appartenir, comme lui, au PLR.

     

    En Suisse, ce n’est pas le peuple qui élit les conseillers fédéraux, mais les 246 membres de l’Assemblée fédérale. On a proposé récemment au peuple de changer cela, en sa faveur, il a refusé. Dont acte. L’élection de l’exécutif, l’un des actes majeurs de notre vie politique, se voit donc cantonnée au minuscule théâtre de la Berne fédérale. Un champ d’action que j’ai fréquenté de longues années, et dont je crois connaître le langage et les codes. Les partis y sont rois. Le Conseil fédéral, d’ailleurs, rencontre régulièrement les chefs des quatre partis gouvernementaux dans une maison patricienne de la Vieille Ville de Berne, cela s’appelle les Entretiens de Watteville. On y devise sans trop élever la voix, entre gens de bonne compagnie. Et ce système d’équilibre entre partis et gouvernement, ma foi, fonctionne. Une horlogerie fine, unique au monde.

     

    En attendant l’éternité de l’immuable, on nous permettra tout de même de poser ici quelques questions, oh fort polies, sur la pertinence, au 21ème siècle, de laisser encore tant de champ et de pouvoir à des familles de pensée issues, pour la plupart, du 19ème. Les radicaux sont les fils de la Révolution et des Lumières. Les démocrates-chrétiens, ceux de la Vieille Suisse, catholique, paysanne, opposée aux réformes trop rapides des radicaux entre 1848 et 1891. Les socialistes sont ceux de l’Internationale, avant la scission de cette dernière. L’UDC est principalement de souche agrarienne, même si cela a beaucoup changé ces trente dernières années.

     

    Voulons-nous, pour l’éternité, nous en remettre aux petits arrangements entre partis, à ces épiceries soupesées, au niveau d’états-majors où tout le monde se connaît, se tutoie, se tape dans le dos ? Ne devons-nous pas, au contraire, utiliser à fond, en les étendant même, les ressorts de la démocratie directe : gestion de la politique, non en fonction d’une couleur, d’une famille, d’une bannière ou d’une fanfare, mais par objectifs, comme dans les comités d’initiative ? Depuis quand les partis prospèrent-ils ? Depuis 1848, âge d’or de la démocratie représentative. A partir de quand commenceront-ils à perdre de l’influence ? Lorsque les citoyennes et citoyens, voulant atteindre des buts précis plutôt que de nourrir sous perfusion des idéologies mourantes, auront pris en charge, directement, leur destin politique. Mais le veulent-ils, seulement ? C’est toute la question.

     

    Pascal Décaillet