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  • Pierre et la Sphinx

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    Sur le vif - Mercredi 13.09.17 - 13.51h

     

    Je connais bien Berne et ses rites, j'y ai passé de nombreuses années. Ce qui est arrivé hier à Pierre Maudet, après une campagne tambour battant, comme s'il s'agissait d'être élu au suffrage universel, c'est le début du piège qui se referme sur le candidat trop bruyant, surgi de l'extérieur.

     

    Le piège, à l'instar de certains crustacés, rend captif tout ce qui pourrait nuire à la conservation de ses propres rites, de son propre tempo, de sa propre démarche. L'étranger au cercle, par nature, y est un intrus.

     

    Comme une sanction à l'impétrant qui aurait eu le front de se présenter dans le sanctuaire sans avoir donné des signes d'allégeance.

     

    Ou d'obédience.

     

    Ou comme la Sphinx, qu'il me plaît en helléniste de mettre au féminin, qui ne permet le passage qu'à celui qui se plie à la liturgie des questions. On ne lui demande pas ce qu'il pense. Mais de réciter le rituel, sans dévier.

     

    Ainsi, la vie de Berne. Comme le murmure recommencé d'une prière.

     

    Pascal Décaillet

     

  • DIP : voracité PLR

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    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 13.09.17

     

    Ils sont comme des requins, attirés par la moindre goutte de sang : ils vont chercher le point faible. Nathalie Fontanet et Alexandre de Senarclens, les deux candidats PLR (avec, jusqu’à nouvel ordre, Pierre Maudet) au Conseil d’Etat, multiplient les attaques contre Anne Emery-Torracinta, cheffe du DIP. Elle aurait, par exemple, laissé en jachère le champ de l’initiation au numérique, véritable dada de tout PLR, sur Genève ou sur Vaud, frénétique « d’innovation », obsédé par l’idée de se montrer branché dans ce secteur, moderne, à la pointe. Entre deux hymnes à la blanche félicité des start-ups.

     

    La cheffe du DIP a-t-elle négligé l’importance de l’informatique ? Pas sûr. Ce qui, en revanche, est certain, c’est que cette ministre, clairement choisie comme cible privilégiée par le PLR, n’a absolument pas démérité pendant son mandat. Elle n’a peut-être pas eu le souffle d’un Jules Ferry, ni d’un André Chavanne. Mais enfin, que je sache, elle n’a commis aucune erreur majeure, qui puisse être comparée à une mauvaise gestion du G8, de la police ou de la mobilité, pour prendre trois exemples, au hasard, de ces quinze dernières années.

     

    Sera-t-elle réélue ? Je n’en sais rien. Mais à mes yeux, son bilan est parfaitement comparable à ceux de ses collègues. Tout au plus fait-elle moins de tintamarre que d’autres sur la communication. Elle ne se déplace pas en Harley. Non. Comme Serge Dal Busco, discret et bosseur, elle fait son boulot. N’en déplaise à la rapace voracité des candidats PLR.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Prévoyance 2020 : je vote finalement oui

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    Sur le vif - Dimanche 10.09.17 - 14.26h
     
     
    Après des semaines de réflexion intense, une analyse approfondie du dossier, et de puissantes hésitations, je voterai finalement en faveur de Prévoyance 2020, le programme de réforme de nos retraites, sur lequel nous sommes appelés à nous prononcer le 24 septembre.
     
    Oh, ce projet n'est pas parfait, loin de là. Il brille par son absence d'unité de matière. Il mélange le destin du premier pilier (AVS, 1947) avec celui du deuxième (prévoyance professionnelle, 1985). Il déshabille Paul (baisse du taux de conversion) pour habiller Jean (augmentation des rentes AVS). Il est le fruit d'un incroyable bric-à-brac parlementaire. Il ne résout pas les problèmes pour les moins de 45 ans.
     
    Mais, aussi imparfaite soit-elle, nous avons là une solution pour les douze ou quinze années à venir. J'ai étudié de très près l'Histoire de l'AVS, j'ai même lu les débats de 1947. Ce fleuron de nos assurances sociales a été révisé dix fois dans le premier demi-siècle de son existence, dont trois fois sous l'excellent conseiller fédéral socialiste Hanspeter Tschudi (1959-1973), cf photo, que j'ai eu l'honneur d'interviewer chez lui, à Bâle, en 1993, pour ses 80 ans.
     
    Mais voilà : depuis vingt ans, les choses n'avançaient plus. Il était temps, aujourd'hui, de faire quelque chose. Une assurance sociale est un tissu vivant, en évolution permanente, en fonction de la démographie, notamment. Nous sommes condamnés à adapter l'AVS tous les quinze ans, environ.
     
    Surtout, si le projet ne passe pas (ce qui est fort possible, à cause de son côté complexe), il faudra tout reprendre à zéro. Une décennie de boulot ! Mieux vaut, à mon avis, lancer une première réforme, pour au moins insuffler au pays une direction claire, quitte à intégrer très vite les mécanismes de correction qui s'imposeront, pour être mis en oeuvre dès l'horizon 2030.
     
    Bref, tout bien pesé, je voterai oui. Ce ne sera pas un oui du coeur, encore moins un oui de l'enthousiasme. Mais un oui de la raison. Cette "Vernunft" des radicaux du dix-neuvième siècle, héritée des grands philosophes, soucieuse d'équilibre. Des valeurs fondamentales dans la fragile et passionnante construction de notre pays.
     
     
    Pascal Décaillet