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  • Débriefer dans le train retour, c'est un peu court...

     

    Sur le vif - Jeudi 21.09.17 - 13.51h

     

    L'échec de Pierre Maudet n'est pas celui d'un homme : il est jeune, brillant, sa capacité à rebondir ne m’inquiète guère.

     

    Non. Cet échec est celui d'un système de pensée, à l'intérieur du PLR, principalement dans ses sections de l'Arc lémanique. Cette obsession maladive du jeunisme, de la nouveauté, de "l'innovation" (mot magique, incantatoire, totalement vide de sens). Cette religion du "numérique", dont personne ne nie certes l'importance, mais qui ne nécessite pas une telle dévotion rhétorique.

     

    Cette arrogance de prétendre "faire de la politique autrement", comme si les générations d'avant, celles qui ont produit des Chavanne et des Delamuraz, des Furgler et des Tschudi, n'avaient jamais rien compris à rien.

     

    Cette posture à tout vouloir réinventer. Cette prédominance - qu'on trouve aussi dans le journalisme, hebdomadaire notamment - à vouloir que la réalité se plie, non aux faits, mais aux angles d'idées qu'on a puissamment définis en amont, avec un volontarisme métallique, dominateur.

     

    Cette grande illusion de vouloir à tout prix établir des passerelles avec la gauche (dont on s'imagine qu'en récompense, elle va voter pour vous).

     

    Pire que tout : le mépris affiché, par certains caciques PLR à Genève (pas tous), face à la famille politique qui siège à sa droite, je veux parler clairement de l'UDC. Faible à Genève. Mais très puissante au niveau national.

     

    On notera encore la très mauvaise stratégie (dont je devine les souffleurs) consistant en une profonde méconnaissance des dynamiques de droite dans les cantons alémaniques. On est parti comme en 40, projetant comme des grands la situation genevoise, totalement idiomatique, à celle de l'ensemble du pays. On a cru qu'on pourrait s'en sortir en traitant le reste de la droite suisse comme des gueux.

     

    On a eu tort. C'est tout.

     

    Loin d'être portée par le seul Pierre Maudet, cette idéologie est promue, avec une arrogance sans pareil, depuis une bonne douzaine d'années, par l'actuel Président du Conseil d’État genevois.

     

    Avoir "débriefé hier dans le train retour de Berne" est peut-être un peu court. Mais c'est leur affaire, of course.

     

    Leur chance, c'est que les autres roupillent.

     

    Le Sommeil du Juste, c'est juste le sommeil.

     

    Pascal Décaillet

     

  • La droite vous dérange, Chers Confrères ?

     

    Sur le vif - Mardi 20.09.17 - 15.07h

     

    L'exaspération avec laquelle tant de journalistes SSR, notamment en radio, considèrent le "glissement à droite" du Conseil fédéral, suite à l'élection d'Ignazio Cassis, est singulièrement révélatrice.

     

    Que se passe-t-il, et de quoi parle-t-on ? Aux élections fédérales d'octobre 2015, le peuple suisse a envoyé aux Chambres fédérales une très nette majorité de droite, principalement UDC (premier parti du pays) et PLR. Mais aussi, des PDC nettement plus conservateurs, en moyenne, que la section genevoise, sur la jauge de laquelle il faudrait, du bout du lac, cesser de mesurer le parti national.

     

    Oui, la Suisse est à droite. Son Parlement est de ceux, en comparaison européenne, où le poids de la gauche est le plus faible. Non par grâce divine, mais par volonté populaire, venue d'en bas.

     

    Dans ces conditions, le "glissement à droite", qui fait s'étrangler les intervieweurs SSR, n'est rien d'autre qu'une adaptation souhaitable de l'exécutif fédéral sur la représentation parlementaire, voulue il y a deux ans par le souverain. Nous sommes à l'exact milieu de la législature : il était temps que cette évolution du curseur s'opérât.

     

    Et puis, quoi, Mesdames et Messieurs les journalistes SSR ! Le gouvernement de notre pays n'aurait pas le droit d'être, éventuellement, à droite, surtout si les Chambres le sont aussi nettement ? En quoi cela serait-il une tare ? Morale ? Théologique ? Transcendante ?

     

    Le vrai problème, ça n'est pas l'adaptation du curseur à Berne. Mais les jugements de valeur, toujours les mêmes, des journalistes SSR, visant à faire du centre-gauche un positionnement moralement acceptable, et de tout ce qui ressemble à la droite, une anomalie condamnable.

     

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Pierre, Epictète, la vie qui continue

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    Sur le vif - Mercredi 20.09.17 - 10.26h

     

    Pierre Maudet a fait une excellente campagne. Il a été un candidat courageux, dynamique, offensif, inventif. Il s’est battu sur des idées, et la sincérité de son engagement force le respect de tous, y compris ceux (dont je fais partie, en matière d’Europe et d’immigration notamment) qui ne partagent pas ses convictions. Ce matin, il perd, mais il peut être fier de son combat, et peut rejoindre son canton la tête haute.

     

    A son échec, deux raisons. D’abord, la nécessité, ressentie comme impérieuse par l’Assemblée fédérale, d’un retour de la Suisse italienne dans l’exécutif fédéral. A cela, le candidat genevois ne pouvait pas changer grand-chose. Il connaît le début du Manuel d’Epictète, ce qui dépend de nous, ce qui n’en dépend pas.

     

    L’autre raison, que j’expose ici depuis des semaines, notamment dans mon texte consacré à la Statue du Commandeur, c’est que dans la Berne fédérale, on ne traite pas la vieille droite suisse, patriote et conservatrice, comme on croit bon de la traiter à Genève. A l’UDC, Pierre Maudet, l’homme du rapprochement avec l’Union européenne et de l’opération Papyrus, ne s’est fait que des ennemis. Il aurait voulu refaire le coup de Christophe Darbellay contre Blocher le 12 décembre 2007 : construire l’élection d’un candidat de droite en misant sur la gauche. C’est une erreur.

     

    L’homme, donc, rentre à Genève, et continuera d’y tenir un rôle signalé. S’il pouvait, dans l’avenir, considérer avec un peu moins de hauteur ses alliés cantonaux de droite, il gagnerait en estime dans sa propre famille politique. Lorsque je dis « famille », je n’entends pas seulement le PLR, mais la droite au sens large. Celle qui, dans un improbable marais d’incertitudes, est réputée commencer au PDC. Et, vers des terrains plus clairs et plus lisibles, aller jusqu’à l’UDC.

     

    Cette Vielle Suisse conservatrice, une certaine arrogance genevoise se permet de la prendre de haut. Au niveau fédéral, cette superbe et ce mépris ne sont tout simplement pas possibles. Cette Statue du Commandeur surgit des entrailles profondes de notre pays, de son Histoire. Pire : conseillé de façon qu'on peut soupçonner d'avoir été un peu légère, Pierre Maudet l'a sous-estimée dans son propre parti national, le PLR. Il y a trente ans, la droite qui faisait peur à la gauche, ça n'était pas l'UDC, mais les radicaux. De cette filiation, en Suisse alémanique, demeurent des traces.

     

    En politique, on ne construit rien de durable contre sa propre famille naturelle. Sans doute Pierre Maudet l’a-t-il maintenant appris. Cela lui aura, peut-être, coûté une élection. Il lui reste la vie, son énergie, sa puissance de travail. La politique, en Suisse, devra compter sur cet homme, pour un sacré moment.

     

    Pascal Décaillet