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  • Il y a toujours un lundi

     

    Chronique publiée dans le Nouvelliste - Vendredi 07.02.14


     
    Pour le 9 février, vous connaissez ma position, je défends le oui. J’entends que mon pays retrouve le chemin d’un contrôle des flux migratoires. Je n’accepte pas que les partisans de l’initiative soient traités de xénophobes, cela est totalement hors sujet, il s’agit juste d’une régulation des entrées, la plupart de nos voisins s’y emploient. Rien à voir avec la xénophobie, qui est une peur de l’étranger, par extension une déconsidération de ce dernier. Je défends le oui, mais je respecte ceux qui votent non. Nous sommes en démocratie, les arguments s’entrechoquent. Et puis, un beau dimanche, le peuple et les cantons tranchent.


     
    Comme pour l’initiative Schwarzenbach en juin 1970, comme pour l’EEE le 6 décembre 1992, il faut bien se dire qu’il y aura certes un dimanche, où nous allons tous beaucoup nous exciter, mais qu’il y aura un lundi. Et  le lundi 10 février 2014, la terre ne s’arrêtera pas de tourner. Pas plus que le lundi 7 décembre 1992, ce jour de grisaille où, après un dimanche fou de résultats et de débats, je rejoignais, un peu groggy, la Berne fédérale où j’étais correspondant. Quel que soit le résultat de dimanche, la question des flux migratoires demeurera.


     
    Si c’est oui, nos autorités devront donner des signaux très clairs de respect de la volonté populaire. En ne pas tripatouiller la réalité en freinant la mise en application, comme ce fut récemment le cas dans plusieurs domaines. Il ne s’agira nullement d’une fermeture des frontières, comme l’ont répété de façon mensongère les opposants (jamais vu une campagne aussi chère et aussi nulle à la fois). Il s’agira d’organiser la régulation voulue par le souverain.


     
    Si c’est non, il faudra veiller absolument à ces fameuses mesures d’accompagnement dont nous parlent enfin, avec l’énergie désespérée de la dernière heure, ces mêmes conseillers d’Etat PLR de Suisse romande qui nous ont inondés, dans les journaux, d’annonces stipendiées par le grand patronat. Le problème, c’est que ces mesures, ils avaient dix ans pour s’en occuper. Ne voyant que le profit immédiat, ils ne l’ont tout simplement pas fait. L’électorat de gauche – le vrai, pas celui des bobos – jugera. C’est peut-être lui, ce week-end, à l’image de nos amis tessinois, qui fera la différence.


     
    Pascal Décaillet

     

  • Folie des grandeurs

     

    Chronique publiée dans Lausanne Cités - Mercredi 05.02.14


     
    « Diffuser les Jeux Olympiques n’est pas rentable », pleurniche dans le Temps du mardi 4 février un apparatchik de la SSR. Pas rentable : on s’en doute ! Mais on aimerait surtout savoir ce qui les oblige à cette massive débauche de moyens, si ce n’est leur folie des grandeurs. La Suisse est un tout petit pays, nous ne sommes ni la Russie, ni les Etats-Unis. Nous brillons certes dans certaines disciplines d’hiver, comme le ski alpin, le ski nordique et quelques autres. Mais pourquoi vouloir tout couvrir, alors que les images des compétitions sont parfaitement accessibles sur les canaux sportifs mondiaux ?


     
    Combien la SSR va-t-elle engloutir dans les Jeux de Sotchi ? Combien de personnes envoie-t-elle sur place ? Qui va payer ? La redevance, c’est-à-dire nous tous ? Des parrainages, mais alors voilà des méthodes de médias privés ? La publicité ? Les sociétés de membres (SRT) qui constituent la SSR ont-elles été consultées ? Faut-il absolument que toutes les compétitions de Sotchi soient commentées par des voix maison de la SSR ? Si oui, pour quelle valeur ajoutée ?
     


    Il est grand temps que les budgets sportifs du Mammouth soient passés au crible d’un audit très serré. Sans complaisance. Il en va de notre argent. Car ce sympathique prélèvement qu’on appelle la redevance n’est rien d’autre qu’un impôt déguisé.
     
     
    Pascal Décaillet

     

  • 9 février : ça n'est pas un combat gauche-droite

     

    Sur le vif - Mardi 04.02.14 - 17.31h

     

    La votation du 9 février « contre l’immigration de masse » n’est pas un combat gauche-droite. Les lignes de fracture sont ailleurs. D’abord, clairement, au sein de la droite, entre l’aile libérale, libre-échangiste, et le courant protectionniste. Et puis, il existe – ou plutôt, il devrait exister, beaucoup plus – une ligne de front interne à la gauche, entre les sociaux-démocrates, avec leurs alliés Verts, et une gauche minoritaire (sauf au Tessin !) sensible à la protection des résidents et ne croyant plus du tout aux promesses de mesures d’accompagnement. Nous parlons ici des appareils de partis, persuadés que le vote de l’électorat profond de la gauche suisse pourrait, dimanche, nous jouer quelques tours.

     

    A droite, la ligne de fracture est claire. Entre deux univers parfaitement respectables, les libéraux et les « nationaux ». Deux mondes qui se rejoignent sur la sécurité, les finances publiques, la fiscalité, ce qui est déjà énorme. Mais qui différent sur l’idée de frontière, celle de souveraineté, la protection de l’emploi pour les résidents, le statut spécial de l’agriculture, l’usage de la démocratie directe. Contre la gauche, dans les cantons et au niveau fédéral, ils s’allient la plupart du temps. Mais sur les thèmes où ils divergent, la bataille est toujours très rude. Parce qu’elle engage le pays, son indépendance, son rapport à l’étranger, toutes choses qui remuent les âmes des patriotes que nous sommes tous. Car de gauche ou de droite, libéraux ou protectionnistes, nous sommes tous enfants d’une même matrice. Pour y être nés, ou pour l’avoir choisie, ou pour en avoir un jour été adoptés, peu importe.

     

    A l’intérieur de la droite, celui qui gagnera la bataille du 9 février prendra une option sur l’avenir de la politique suisse. C’est le rapport de forces entre ces deux courants d’une même famille qui, pour les années qui viennent, se joue. Cela n’est donc pas rien. En précisant que nulle victoire – dans un sens comme dans l’autre – ne saurait se construire sur l’humiliation de l’adversaire. Le 9 février au soir, il faudra, de part et d’autre, que des mains sachent se tendre à d’autres mains. C’est cela qui a fait notre pays. Cela, dès le lundi 10 février, qui doit demeurer.

     

    Pascal Décaillet