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  • Jouvencelle candeur

     

    Chronique publiée dans la Tribune de Genève - Lundi 17.01.11

     

    Le départ de Martine Brunschwig Graf, à la fin de la législature, fragilise une délégation genevoise dont elle est, avec son collègue libéral Christian Luscher, mais aussi le socialiste Carlo Sommaruga, l’une des personnalités compétentes et influentes. Un tout petit cru, ce « Onze genevois » 2007-2011, à mille lieues, par exemple, d’une députation fribourgeoise hors normes, avec ses Berset, ses Schwaller, ses Rime et ses Levrat.

     

    A Berne, il faut envoyer des politiciens, pas des compassionnels. Ni des rêveurs. Il faut choisir des gens ayant, depuis des années, montré quelque intérêt pour ce qui se passe au-delà de la Versoix. Des gens avec une vision suisse, un sens du pays, de son Histoire, la connaissance d’au moins une autre langue nationale, ne tombant pas des nues quand on leur parle de 1798, 1848, ou 1919. Toutes ces conditions, MBG les remplissait. Elle aura, pendant huit ans, utilement servi la Suisse, sous la Coupole.

     

    Puisse la délégation 2011-2015 nous épargner l’impression d’amateurisme, ou de jouvencelle candeur, donnée aujourd’hui par certains, de gauche comme de droite. Le Conseil national n’est pas un club de copains sympas, ni de foot. C’est l’un des organes majeurs de notre Confédération. Il y faut les plus compétents. Oui, tout simplement, les meilleurs. Quelles que soient vos sensibilités, pensez-y en composant votre casting d’octobre prochain.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

     

     

  • Saint-Gall – Shanghai, en voiture s’il vous plaît !

     

    Sur le vif - Dimanche 16.01.11 - 18.52h

     

    Il vient d’avoir une belle image, le Flandrin des glaciers, à l’instant, sur la RSR : commentant le passage de Thomas Müller, PDC saint-gallois de longue date, maire de Rorschach, conseiller national, à l’UDC, ce qui est un vrai sale coup pour la démocratie chrétienne suisse, Christophe Darbellay a parlé d’un grand écart digne d’un déménagement de Saint-Gall à Shanghai !

     

    Il se pourrait bien que pour certains, dans les années qui viennent, le voyage Saint-Gall – Shanghai se banalise au point de devenir la règle, une sorte de pèlerinage, ou de sortie de contemporains. Le mot « PDC » n’existe, au niveau fédéral, que depuis 1971. Auparavant, dans les cantons où cette mouvance était encore connotée de quelques valeurs, on l’appelait, et c’était bien plus clair, « les conservateurs ». C’est un très beau mot, plus fier, plus digne, plus franc, tout comme d’ailleurs « les réformateurs », ou même « les révolutionnaires ». En politique, il n’est point de honte à afficher la couleur. Celle des conservateurs, ce fut longtemps le noir.

     

    Alors voilà, si Thomas Müller juge bon de grimper dans l’express de Shanghai, c’est qu’il doit bien avoir de solides raisons. A l’aile droite du PDC, côté Valais, mais aussi Suisse centrale, Suisse orientale, ainsi que dans une frange non négligeable du PLR, il y a des gens qui ont besoin de repères plus clairs. Pour les derniers cités, ils commencent à en avoir un peu assez de la florentine complexité de la pensée de Fulvio Pelli. Alors, la directissime pour Shanghai les chatouille et les gratouille de plus en plus.

     

    Encore un ou deux coups comme ceux du 28 novembre dernier, où l’axe PDC-PLR a joué la copie contre l’original, et, d’ici dix ou quinze ans, le Saint-Gall – Shanghai sera noir de monde. Il faudra même réserver, pour être sûr d’y avoir une place.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Libéraux genevois : un parfum nommé « Venin »…

     

    Sur le vif - Samedi 15.01.11 - 19.11h

     

    A Genève, c’est connu, les libéraux s’aiment entre eux. Torride. Limite charnel. D’ailleurs, « amour », ça se dit « love », et justement, ils se lovent tellement ils s’aiment. Comme des vipères au fond d’un panier. Vous pouvez relire tout Mauriac, Thérèse, le Sagouin, tout Racine aussi, tout Bazin et toutes ses histoires de Folcoches, vous n’aurez jamais le dixième des fureurs intestines, chez les libéraux.

     

    Je sais, Frère lecteur, ce que tu penses. Tu te dis que, si j’avance ça, comme ça, un samedi en fin d’après-midi, un de ces jours où l’hiver ressemble à l’été, la trahison à la fidélité, la Tunisie à une démocratie, c’est que j’ai bien quelques miettes de biscuit. Un petit exemple. Ca tombe bien : j’ai.

     

    Mercredi dernier, 12 janvier, 11.11h, un député libéral saisit la Commission des finances de trois questions délicieusement assassines sur le fait d’avoir équipé la Police genevoise de téléphones portables iPhone. On sait à quel point le principe des « questions », en technique parlementaire, permet de tenir la dague en se drapant dans l’apparence de la candeur. D’autant que le texte du député rappelle à quel point ces téléphones ne sont pas fiables pour une police.

     

    Ce qui est amusant, c’est que les conseillers d’Etat concernés sont Mark Muller pour l’approvisionnement, mais aussi Isabel Rochat, comme ministre de tutelle de la Police, l’un et l’autre libéraux. Honneur, donc, à ce député pour sa très grande distance face à son propre parti.

     

    Ca n’est pas tout. Le surlendemain, jeudi 13 janvier, 14.09h, le président du Grand Conseil, qui se trouve être libéral, rend public un communiqué où il s’exprime son mécontentement face au rôle du Conseil d’Etat dans la rédaction de la brochure explicative sur l’amnistie fiscale (votation cantonale du 13 février 2011). Il se trouve, bien sûr par hasard, que l’homme visé, président du Conseil d’Etat, s’appelle Mark Muller. Et qu’il est libéral.

     

    Ce même jeudi 13 janvier, 21.16h, mon estimé confrère Marc Moulin nous annonce en ligne, sur le site de la Tribune de Genève, que l’ancien député libéral Jean-Michel Gros prépare un recours auprès de la Chambre administrative de la Cour de justice au sujet de cette brochure. On y apprend aussi que le député Olivier Jornot, auteur du projet d’amnistie, et accessoirement libéral, juge « déloyal » le comportement du Conseil d’Etat dans cette affaire de brochure.

     

    Petits meurtres entre amis ? Oui. Chez ces gens-là, on a la lame intestine, l’esprit de famille, le meurtre rituel, l’extase silencieuse. Ce qui serait vraiment fou, c’est que le député libéral ayant posé la question sur les iPhone et le président du Grand Conseil ne soient qu’une même personne. Ce qui tournerait au délire théâtral, c’est que cette seule et unique personne soit, par hasard, régulier compagnon et commensal de Jean-Michel Gros. Par exemple, en début de semaine. Au royaume des vipères, le venin est roi. Au royaume des couleuvres, on avale. Dans l’empire des signes, on ouvre grands les yeux. On retient son souffle. Et on admire.

     

    Pascal Décaillet