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  • Fugace géométrie d'un cauchemar

     

    Sur le vif - Mercredi 26.01.11 - 15.51h


    Les nuits de janvier ne sont pas toujours très faciles. Il arrive qu’on y fasse d’étranges rêves. La nuit dernière, je me suis retrouvé au milieu de dizaines d’hommes cagoulés. Mes yeux ne voyaient pas, je ne pouvais parler, les compas, les équerres, de puissantes et blafardes Lumières aveuglaient la scène. J’ai pris peur. J’ai pensé cryptes, hypnoses, caves humides, cales sèches. Dieu merci, je me suis réveillé. Il n’y avait, autour de moi, que des livres. Et cette immense abside, sans rien en elle qui éveille ni désir ni salut, ça n’était que Palexpo.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Le Conseil national n’est pas une garderie

     

    Sur le vif - Mardi 25.01.11 - 11.23h


    Jean-Charles Rielle : à titre privé, le meilleur des hommes. Sympathique, chaleureux, charmeur. Dans ses combats sectoriels, notamment contre le tabac, un croisé efficace. Comme conseiller municipal, naguère, de la Ville de Genève, du bon boulot aussi. Hélas, comme conseiller national, au terme presque d’une législature, il n’a guère convaincu. Comme une bonne partie des nouveaux venus de 2007 de la délégation genevoise, il a donné l’impression que Berne, la vie fédérale, la dimension suisse (et non seulement genevoise) des problèmes lui étaient un peu étrangers. Un Christian Lüscher, tout au contraire, sort plus ferme et plus crédible de cette première législature, il va s’avérer un candidat sérieux pour ravir à la gauche l’un des deux sièges des Etats.

     

    Interrogé sur ce thème par ma consœur Sandra Moro, dans le Temps de ce matin, Jean-Charles Rielle décoche une réponse hallucinante : « Une première législature permet avant tout de faire ses classes, cela prend du temps de connaître à fond les dossiers et de s’imposer dans son groupe ».

     

    Non, Monsieur Rielle. Non, non et non.

     

    Le Conseil national n’est ni une école maternelle, ni un atelier d’apprentissage. Il est un organe majeur de la Confédération, celui qui en prépare les lois. Il n’est pas question d’y envoyer des débutants, comme on enverrait ses enfants en Suisse alémanique, pour parfaire leur pratique de la langue de Brecht et de Kafka (ne je dis jamais « celle de Goethe », il y a tant d’autres auteurs immenses). Il est hors de question de considérer la première législature, donc quatre années complètes sous la Coupole, comme une sorte d’école préparatoire. Le revendiquer confine à l’amateurisme. J’ai vu arriver Christophe Darbellay, fin 2003, au Conseil national. Le premier soir, il maîtrisait déjà tous ses dossiers, le second il exigeait que son groupe l’écoute. Le mercredi de la deuxième semaine (jour de la chute de Ruth Metzler et de l’élection de Christoph Blocher), il était, entre chaque tour de vote, celui vers lequel convergeaient naturellement les élus de son parti, pour se concerter.

     

    Qu’avait fait Christophe Darbellay, auparavant ? Il avait été le numéro deux, à 29 ans, de l’Office fédéral de l’Agriculture, avait défié son propre camp dans une épopée mémorable en Valais, avait pris des risques considérables, posé la politique en termes de destin et de métier. Je sens moins ces choses-là chez d’autres.

     

    Il y a des politiciens qui ont une très forte équation locale, ce qui est d’ailleurs louable et nécessaire. Mais qui ne donnent pas leur pleine mesure dans la vie fédérale, plus complexe. Il faut connaître l’allemand, lire la presse alémanique, et aussi tessinoise, prendre la dimension de la complexité multiculturelle du pays. Et ses preuves, il faut les faire tout de suite. Donc, accepter de se faire des ennemis, à commencer par son propre camp. A trop vouloir jouer la gentille transversalité, ou considérer la Chambre du peuple comme un club de foot, ou de copains, accomplit-on vraiment ce pour quoi les gens vous ont élu ?

     

    Pascal Décaillet

     

    *** PS à 14.15h: nous venons d'apprendre, à l'instant, que Jean-Charles Rielle renonçait à sa candidature pour un deuxième mandat au National. Hommage à lui pour cette courageuse décision, et bon vent pour sa carrière municipale!

  • La marge, les gueux

     

    Chronique publiée dans la Tribune de Genève - Lundi 24.01.11

     

    Qui détient le pouvoir exécutif à Genève ? Réponse : cinq partis acoquinés, n’ayant aucun rapport entre eux, un grand écart allant des libéraux aux socialistes, juste un équipage de fortune, jeté là par le hasard et l’opportunisme de se partager postes et prébendes.

     

    Ce pouvoir, qui en est écarté ? Réponse : la gauche de la gauche (près de 14% d’un électorat hélas pour lui divisé), le MCG, l’UDC. Près de deux Genevois sur cinq. Il y a donc, d’un côté, les détenteurs d’un pouvoir, que nous nommerons « les transversaux », s’épargnant plus qu’ils ne se combattent, se félicitant de se cirer mutuellement les pompes dans les cocktails. De l’autre, la marge, que nous nommerons « opposition ».

     

    Etrange système : avec 17 sièges au Parlement, Eric Stauffer n’est pas conseiller d’Etat. Avec seulement 11, François Longchamp l’est. Il l’est comment ? Mais par alliances, pardi, en s’appuyant sur d’autres. C’est, ma foi, le jeu, dans la règle actuelle.

     

    Ce qui choque, ça n’est pas que les transversaux gouvernent. C’est la hargne, l’arrogance, la morgue avec laquelle certains d’entre eux traitent les gueux de la marge. Ils voudraient tellement pouvoir régler leurs petites affaires entre eux. Faire taire. Censurer. Il n’est pas certain que ce soit là le vœu de la population. Elle aura, sous peu, l’occasion de le montrer.

     

    Pascal Décaillet