Sur le vif - Lundi 04.10.10 - 12.06h
Ce matin, ma consœur Alexandra Cohen, sur Radio Cité, animait un débat entre le président du parti socialiste genevois, qui veut dissoudre la Constituante, et l’une des étoiles montantes des radicaux, Murat Julian Alder, membre de cette noble Assemblée. Débat où il se confirme clairement que M. Longet a un problème avec la démocratie, avec la notion de majorité, avec quelques principes républicains majeurs qu’il semble oublier, au profit de sa logique partisane.
Ne nous étendons pas sur les vocables, comme ce sommet du gnangnan, bien gentil, bien socialiste genevois, « la Charte du vivre ensemble », qui sonne davantage comme le règlement interne d’une garderie avec moniteurs en sandales que comme le socle fondamental d’une législation.
Non, analysons le fond. M. Longet, expressis verbis, se fâche que les Constituants se mettent à dos « les anti-nucléaires, les fonctionnaires, les syndicats ». Est-ce à dire qu’il soit dogmatiquement obligatoire de sauvegarder la bonne humeur de ces gens-là ? Une Constitution pour les corporatismes, M. Longet, ça n’est pas la République. Et puis quoi : que signifient ces passages contraints, ces obligations d’adhérer que viendrait dicter le chef d’un parti à 80 membres libres de nous proposer souverainement un modèle sur lequel, de toute manière, le peuple aura le dernier mot. Peut-être que le peuple refusera la Constituante. Mais ça n’est pas à M. Longet, ni à aucun d’entre nous, de venir anticiper sur ce vote final et souverain.
Ailleurs, René Longet parle de respect des minorités. Que fait-il, lui, du respect le plus élémentaire en République, celui d’une majorité ? Que se passe-t-il, en fait ? La Constituante élue par le peuple se trouve être plutôt à droite. Et c’est cela qui fâche tant M. Longet. Il y aurait eu une majorité de gauche, qui aurait fait passer le droit au logement, l’interdiction définitive du nucléaire, toutes les thèses féministes du PS, M. Longet n’y aurait vu aucun inconvénient. Il aurait même applaudi des deux mains ! Donc, il y a d’un côté la Constituante du Bien, celle qui avalise la pensée socialiste (15% de l’électorat genevois), et de l’autre la Constituante du Mal, celle qui les combat.
Encore plus étrange, ce reproche adressé au plénum de ne pas écouter les commissions. Mais enfin, dans toute assemblée du monde, le plénum l’emporte sur les commissions. Et, en Suisse, le peuple l’emporte sur le plénum, ce qui est très bien. M. Longet ne semble aimer la démocratie que lorsque cela l’arrange. C'est-à-dire lorsqu’elle va dans le sens des socialistes. Etrange, non ?
Pascal Décaillet