Sur le vif - Dimanche 03.10.10 - 09.22h
Dans une interview accordée à mes consoeurs Ariane Dayer et Stéphanie Germanier, dans le Matin dimanche d’aujourd’hui, Christian Levrat révèle l’âme dogmatique qui est décidément sienne. Le Levrat des mauvais jours, celui qui, l’an dernier, n’hésitait pas, par exemple, à écrire directement à un ministre cantonal de l’Instruction publique pour avoir la peau d’un prof d’Uni. Ce dernier avait eu l’impudence d’écrire un texte où il ne disait pas que du bien des lendemains qui chantent. Oui, il existe un Levrat censeur.
Un Levrat qui essaye de justifier l’hystérie de son attitude, lundi, sous la Coupole fédérale, parce que la répartition des Départements n’avait pas laissé aux socialistes le Département amiral où Moritz Leuenberger a pu, pendant quinze longues années, placer les siens, distribuer faveurs et prébendes. Un Levrat qui a cru judicieux de parler du Département fédéral de Justice et Police, qui fut celui de Kurt Furgler, comme d’une Ligue nationale B. Ce qu’une certaine Ruth Dreifuss, hier dans le Tages Anzeiger, qualifiait tout bonnement de stupide.
Ce Levrat des mauvais jours, aujourd’hui, récidive. Il insulte la Présidente de la Confédération : « Doris Leuthard est la marchande de commerce de l’industrie nucléaire ». Il nous annonce comme apocalyptique ce qui relève, après tout, d’un débat démocratique et d’un choix de société: « Le danger, c’est la libéralisation de La Poste, la privatisation de Swisscom, le démantèlement des CFF, la construction de nouvelles centrales nucléaires ». Bref, un discours, non de chef de parti gouvernemental, mais de secrétaire central du Syndicat de la communication. Son ancien job ! Il y en a qui prennent de la hauteur. Lui, prend du plancher.
Et puis, il y a cette cerise, tout au sommet de la tarte à la triple crème de la Gruyère : « C’est EconomieSuisse qui est là-derrière. Ils ont eu des contacts avec Doris Leuthard ». La revoilà, la bonne vieille théorie du complot, les revoilà, nos bonnes chaires de sociologie ou de science politique imbibées d’analyses marxisantes sur le primat du fric et les politiques (de droite) comme marionnettes.
Ce serait drôle, si celui qui parle n’était autre que le syndicaliste Christian Levrat, l’homme qui doit toute sa carrière à son rôle dans les syndicats, qui respire la collusion entre appareils syndicaux et personnel politique. Il serait temps, d’ailleurs, d’avoir une fois les vrais chiffres de financement des campagnes de gauche par les syndicats. Oui, M. Levrat, cette phrase est de trop. Non seulement parce qu’elle insulte une fois de plus la Présidente de la Confédération. Mais parce qu’elle induit le retournement du miroir. Contre vous. Pour montrer votre vrai visage.
Pascal Décaillet