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  • Pardo s'empare du Mossad !

    After eight years as head of the Mossad, Meir Dagan will step down in the coming weeks after Prime Minister Binyamin Netanyahu on Monday announced the appointment of Tamir Pardo as the next head of the espionage agency.

    The announcement ended weeks of speculation as to who would succeed Dagan.

  • L’original, la copie

     

    Sur le vif - Dimanche 28.11.10 - 18.46h

     

    La victoire de l’initiative UDC sur le contreprojet est celle, classique en politique, de l’original sur la copie. Le thème de la criminalité étrangère a été empoigné dès les années 1990 par l’UDC, par l’UDC seule, par l’UDC contre tous. En ce temps-là, la gauche, déjà, criait au fascisme. Mais pire : les partis dits de « centre-droit », libéraux, radicaux et PDC, faisaient semblant de ne pas voir le problème. Ils savaient bien, pourtant, qu’il en existait un, mais ne voulaient pas salir leur costume trois-pièces de notables dans la fange de ce caniveau-là.

     

    Sur ce thème, comme sur pas mal d’autres, ce « centre-droit qui a fait la Suisse » est devenu, dans les quinze dernières années, le champion toutes catégories du contreprojet. Plus nuancé, à coup sûr, plus atténué, plus « présentable » dans un salon que les textes bruts de décoffrage du premier parti de Suisse. Le problème, c’est qu’un contreprojet, aussi achevé soit-il, c’est déjà le suivisme. C’est déjà la politique par le rattrapage. C’est la copie, face à l’original. Le peuple suisse n’est pas dupe : tant qu’à faire, il choisit l’original.

     

    La vérité, c’est que « le centre-droit qui a fait la Suisse » ne la fait plus du tout. Au Parlement, les alliances gauche/UDC se multiplient. Et l’addition, de toute manière, des forces des deux anciens ennemis du Sonderbund, n’arrive qu’à un tiers de l’électorat. Le deuxième tiers, c’est la gauche. Le troisième, c’est l’UDC. Il y a donc, ce soir, plus que jamais, trois Suisses.

     

    Le grand vainqueur de ce dimanche soir, c’est la vieille Suisse conservatrice que ne cesse de mépriser, depuis vingt ans, à vrai dire depuis la campagne du 6 décembre 1992, tout un monceau d’arrogance urbaine à prétention éclairée, internationaliste, délivrée de l’archaïque notion de frontière. Oui, il y a ce soir une revanche de la Vieille Suisse, et ceux qui ont étudié le Sonderbund, notamment en Valais, savent à quoi je fais allusion. Cette Suisse, profonde, ne cesse d’avaler des couleuvres, ronge son frein pendant qu’on la ravale au primitivisme. Mais, quatre fois par an, elle se rappelle à notre bon souvenir. Dans une liturgie qui s’appelle les votations.

     

    En octobre de l’an prochain, on la retrouvera, cette vieille dame-là. Dans un autre rite : les élections.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

     

  • Charles Beer aime l’Iliade « à titre personnel »

     

    Sur le vif - Samedi 27.11.10 - 18.45h

     

    « Les grands textes » de retour à l’école : dit comme cela, comment ne pas acquiescer ? « Les grands textes », c’est la formule magique de Charles Beer, lorsqu’il parle de l’enseignement du « fait religieux », dans les classes genevoises. M. Beer vient, il dit « grands textes », le récepteur se trouve comme magnifié par le puissant envol de ces deux mots-grimoires, il se dit que quelque chose de fort va traverser l’école genevoise, aussitôt il aimerait en savoir plus. Hélas, néant. Silence.

     

    En termes de marketing, c’est redoutablement rassembleur : qui d’entre nous, sauf à vouloir passer pour un plouc, un apôtre du petit, un éradiqueur du savoir, un Khmer du nivellement par l’ignorance, pourrait-il s’opposer à ce que les élèves de nos écoles se frottent et se piquent un peu au souffle des « grands textes » ? On ne va tout de même pas sublimer la lecture de l’annuaire, ni de l’insignifiance, ni de la prose qui sentirait l’ail de discount : « grands textes », ça en jette un peu plus.

     

    De quoi s’agit-il ? D’initier les élèves au rôle joué dans l’Histoire par quelques grands courants. Judaïsme, christianisme, Islam, bouddhisme, hindouisme, confucianisme, apparition du monothéisme dès la pensée platonicienne, polythéisme des Grecs, des Romains, mythologie antique, que sais-je encore ? J’en oublie. Et assurément, chacun de ces exemples se trouve porté par de très « grands textes », ici la Bible, là le Coran, ailleurs encore l’Iliade, les Hymnes homériques, Hésiode et sa Théogonie, la pensée zoroastrienne, les Lumières, l’Aufklärung, la philosophie de l’athéisme, l’agnosticisme, et justement la Gnose, en j’en oublie encore, des tonnes. A coup sûr, les professeurs chargés d’un tel enseignement n’auront que l’embarras du choix. D’ailleurs, ils l’ont déjà aujourd’hui, et beaucoup les proposent déjà, des extraits de ces « grands textes », à l’enseigne, par exemple, de l’Histoire ou de la philosophie. L’embarras du choix, oui.

     

    A tel point que Charles Beer se garde bien de donner lui-même, ministre, le moindre exemple, la moindre consigne, le moindre repère de ce qui pourrait, de près ou de loin, ressembler à un « grand texte ». Tout au plus, quand on lui murmure « L’Iliade », acquiesce-t-il « à titre personnel ». On dirait qu’il marche sur des braises, apeuré à l’idée d’un faux pas. De qui, de quels gourous de l’intérieur, craint-il les immédiates foudres ?

     

    Ce signal d’hyper-prudence du ministre élu n’est pas bon. Il ne me gênerait pas, pour ma part, en République, que le chef de l’Instruction publique ose quelques exemples de ce qu’il appelle lui-même les « grands textes ». Il fut un temps, entre 1882 et 1914, à l’époque de Ferry et de ses successeurs, où l’Etat (français, en l’occurrence) n’était pas tétanisé de peur en brandissant lui-même des modèles. Il se trouve, pas tout à fait par hasard, que ces trois décennies de hussards noirs et de missionnaires de la transmission furent (un demi-siècle après Guizot) le plus grand moment de l’Histoire scolaire française.

     

    En s’abstenant de donner lui-même le moindre exemple, en déléguant la responsabilité du choix aux seuls experts (aussi brillants, pertinents, soient ces derniers), M. Beer déçoit. A l’entendre, diriger l’Instruction publique se limiterait à en assumer la conciergerie, faire construire de nouveaux bâtiments scolaires, en rénover d’autres, s’occuper des effectifs, se battre pour un budget, toutes choses certes essentielles, mais l’autorité d’un ministre, ce doit être aussi une part, même symbolique, de magistère. Il ne s’agit pas, bien sûr, de rendre obligatoire, tel jour à tel heure, dans toutes les classes de France, telle lettre (au demeurant bouleversante) de Guy Môquet. Il ne s’agit pas d’opérer les choix à la place des profs. Il s’agit juste de donner un ou deux signaux de maîtrise du sujet.

     

    Il ne s’agit pas de transférer les cendres de Jean Moulin au Panthéon. Ni de rendre hommage aux morts des Glières. Non. Juste un ou deux exemples, d’en haut. De la part du ministre. Pour donner un sens. Fixer un cap. En République, cette tâche incombe aux élus du peuple. Pas aux fonctionnaires.

     

    Pascal Décaillet