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  • Argent public

     


    « Pas un centime d’argent public n’a été versé à la famille Kadhafi, émanant des caisses de l’Etat de Genève ». Déclaration, mot pour mot, de François Longchamp, hier soir.

     

    Ce qui frappe toute oreille un peu sensible au langage et à ses nuances, c’est l’adjectif « public ». Est-ce gratuitement que le président du Conseil d’Etat genevois a tenu à insérer ce mot?

     

    Puisqu’il n’y a pas d’argent « public », y aurait-il eu de l’argent privé ? Si oui, François Longchamp le sait-t-il ? Donnera-t-il, entre jeudi et vendredi, des informations aux députés à ce sujet, lors de la séance du Grand Conseil ?

     

    Ces questions-là, en l’état, sont posées.

     

    Pascal Décaillet

     

    PS: il reste toujours, sémantiquement, la possiblité d'argent public n'émanant pas de l'Etat de Genève. De l'argent fédéral, par exemple?

     

  • Hervé Loichemol : excellente nouvelle !

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    Sur le vif - Lundi 14.06.10 - 17.28h

     

    Elle aura été laborieuse, la succession d’Anne Bisang à la tête de la Comédie, à Genève, elle aura fait couler de l’encre, de la salive, fait sortir Charles Beer de sa réserve, mais toutes ces difficultés, devant l’excellence du résultat, s’évanouissent. C’est Hervé Loichemol qui sort du lot, fou de théâtre et de littérature, allumé des planches, provocateur dans la Cité.

     

    Depuis le premier spectacle que j’ai vu de lui, « Rester Partir » de Bernard Chartreux en 1984, c’est toujours avec un pincement de désir et de folle curiosité que je vais voir ses pièces. Il y a Yves Laplace, son complice de toujours, avec lequel il monta, en 1989, l’éblouissante « Nationalité française » (sur fond d’Algérie française, dans laquelle Loichemol a grandi). Il y a Heiner Müller (Hamlet-Machine, Quartett), il y a le Koltès de la "Solitude des Champs de coton", il y a Brecht, Sade, Olivier Py, Michel Beretti, et une impressionnante quantité d’auteurs contemporains.

     

    Avec Loichemol, le théâtre est dans la cité, il nous interpelle, nous remet en question, nous heurte, nous dérange. Surtout, il nous jette des horizons, sur le chemin. Il ouvre le jeu. On l’aimera ou non, on l’encensera, on le conspuera, il ne laissera jamais indifférent. Là où certains se contentent de passer les murailles, en voilà un qui existe, haut et fort. A prendre ou à laisser. Essayez de prendre : ça vaut la peine.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Ziegler, Jean

     

    Chronique publiée dans la Tribune de Genève - Ma modeste contribution au Larousse de l'an 2325

     

    Ziegler, Jean, 19 avril 1934, Thoune. Célèbre fils d’artilleur, connu pour ses feux d’artifice. Homme de feu, de flammes, de poudre, de silex. Enfant déjà, lisait Andersen, « La petite fille aux allumettes ». Homme de soufre, de phosphore, incendiaire des convenances, mélancolique de l’or des morts. Vieux fou, docteur en droit, a cru toute sa vie aux livres, oligarque de la parole, prunelles en éveil comme mille promesses de l’aube.

     

    A certains virages de son parcours, les pistes se troublent. De Denges à Denezy, de Cuba à Tripoli, des chaudrons de l’archaïsme à la beauté dansante des filles du feu, de livres noirs en nuits blanches, les traces de sa biographie se jouent de l’enquêteur. Un jour dans les entrailles primitives de l’Afrique, le lendemain sur une terrasse genevoise, soleil couchant, citant Hölderlin.

     

    Vice-président honoraire de l’Association zimbabwéenne de pyrotechnie lunaire, homme de foi, emmerdeur public no 1, diva des salles d’audience, madone des projecteurs, prince de l’incantation. Classé personnalité suisse la moins rasoir du vingtième siècle par un jury d’érudits en 2130. A promis de revenir pour la fin du monde, coiffé de douze étoiles. Aux élus, il vendra ses livres à prix d’or. Aux damnés, il les offrira gratuitement. Avec obligation de les lire, les lire, et les lire encore.

     

    Pascal Décaillet