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  • Le Conseil d’Etat genevois prédit le passé


    Sous la forme d’un fastidieux catalogue énumératif, dans lequel on peine à voir émerger l’esquisse d’une priorité, le Conseil d’Etat genevois vient de publier son programme de législature.

     

    Un peu catalogue Veillon, un peu catalogue des vaisseaux, un rien annuaire téléphonique, un chouïa Redoute, ce document n’est rien d’autre qu’une juxtaposition. Sans mise en évidence par ordre d’urgence. « Gouverner c’est choisir », avait dit le plus grand homme d’Etat (peut-être le seul, d’ailleurs) de la Quatrième République, Pierre Mendès France. Là, le Conseil d’Etat ne choisit pas vraiment. Alors, gouverne-t-il ?

     

    Peut-être, enfin, pourrait-on, dans un abcès de folie qu’on voudra bien nous pardonner, rêver qu’une fois, les « programmes de législature » soient brandis AVANT les élections, ce qui permettrait d’élire des équipes sémantiquement cohérentes, et non des patchworks de fortune.

     

    Parce que là, un programme d’action avancé au septième mois d’un mandat qui en compte 48, on pourrait presque se dire que c’est un peu tard. Mais ce serait médire.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Et pisse, haine !

     

    Chronique publiée dans la Tribune de Genève - Lundi 07.06.10

     

    Ils ont pris l’escabeau, ils ont ouvert l’armoire, sur la pointe des pieds ils ont trouvé, tout là-haut, le keffieh. Lavé, repassé depuis la dernière manif. Ils ont même déniché le mode d’emploi, comment se l’enrouler correctement pour faire palestinien. Ils ont respiré bien fort. Ils se sont sentis devenir des héros.

     

    Et puis, ils sont allés sur le pont du Mont-Blanc, et ils se sont mis à hurler. Epicène, le slogan : « Nous sommes toutes et tous des Palestiniens ! ». Des fiancés de la nuance, nos héros d’un jour : « Israël assassin ! », « Israël terroriste ! », « Israël criminel ! ». Tout devant, Ueli le Climatique, Carlo le Magnifique, et le si bon docteur Rielle, alias Papy Moustache, qui aime le monde entier, sauf Israël.

     

    Ils ont braillé un moment, et puis ils sont allés boire une bière. Il faisait si chaud, la journée était si belle. Même le keffieh, ils ont fini par l’ôter. Ils ont regardé passer les filles, qui étaient si belles, certains l’ont remis, le keffieh, l’étoffe des héros, elles adorent ça, les passantes.

     

    Et puis, ils ont traîné au bord du lac, la soirée était magique. Adieu Gaza, adieu flottille, adieu les abordages. Leur esprit, déjà, était ailleurs. Très tard, après pas mal de bières, ils sont rentrés chez eux. Ils ont mis le keffieh à la machine, lavage doux, sans essorage. Pour la prochaine fois où ils sortiront, jouer les héros.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

  • L’homme qui fait fuir les cygnes

    Sur le vif - Dimanche 06.06.10 - 09.24h

     

    « Israël terroriste ». C’est en tête d’une manifestation hurlant ces deux mots que le conseiller national Carlo Sommaruga, hier, défilait sur le pont du Mont-Blanc, à Genève. Peu après, on a pu entendre le même personnage donner libre cours longuement à sa haine d’Israël, sans contradicteur, sur les ondes publiques.

    Ces braves gens qui manifestaient hier à Genève, avec leurs keffiehs, leurs drapeaux turcs et palestiniens, on apprécierait aussi de les entendre lorsque des bus scolaires israéliens sont la proie des roquettes de ce si cher et si charmant Hamas.

    On apprécierait, aussi, de recueillir leur point de vue si nuancé et documenté sur le transit, par Gaza, de toutes sortes d’armes visant, rien de moins, qu’à détruire Israël.

    Mais cela, on ne l’entend jamais. On perpétue, sans la moindre nuance, la bonne vieille tradition unilatéralement pro-palestinienne de la gauche suisse. On sort le keffieh, mythologie oblige, on vient brailler « Israël terroriste » sur le pont du Mont-Blanc, on ne donne jamais ce qualificatif à ceux d’en face, on cite sur les ondes quelques vagues Conventions de Genève, on se retranche derrière le paravent du droit international, et puis on rentre chez soi. Persuadé d’avoir participé à quelque chose d’héroïque, de grand.

    Alors qu’on a juste fait peur aux cygnes qui passaient. Avec de rauques hurlements. Ah, les braves gens !

     

    Pascal Décaillet

     

    PS: il y a, jour pour jour, 66 ans, une "flotille" un peu moins amatrice venait, sur les côtes de Normandie, contribuer à libérer l'Europe du plus abominable régime que ce continent ait connu. Là oui, je pense qu'on pouvait parler d'Etat terroriste.