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  • Les coqs, l’infini

     

    Chronique publiée dans la Tribune de Genève - Lundi 21.06.10

     

    Samedi, sur la Dranse, en Haute-Savoie, une femme de 27 ans est morte noyée dans un accident de rafting, lors d’une sortie d’entreprise. Nous ne nous prononcerons pas sur ce cas précis, laissons faire l’enquête. Et nous pensons, bien sûr, à la famille de cette jeune femme.

     

    Mais il faut dire ici, une bonne fois, l’insondable débilité de ce principe des sorties d’entreprise. Sous l’imbécile prétexte de dynamique de groupe, ou d’esprit de corps, on amène sur des canots de rafting, dans des grottes spéléo, sur des parapentes, des gens qui n’y ont jamais mis les pieds, ne font peut-être jamais de sport le reste de l’année. Les accidents n’y sont pas rares.

     

    Encore une fois, nous ne jugeons pas ici le drame de ce week-end. Mais ils se prennent pour qui, les cadres qui organisent ces joyeusetés grégaires ? Pour des sergents de Marines ? Et tout ça, pour quoi ? Les employés ont signé pour travailler dans l’entreprise, le mieux possible, pas pour se faire tuer au nom d’une idéologie de Chantiers de jeunesse.

     

    Sans compter ceux qui n’osent pas dire non, de peur de passer pour des trouillards. La puissance d’un torrent, comme la verticalité d’un sentier de montagne, ça s’apprivoise, doucement. Ca ne se conquiert pas, comme des cons, le temps d’un week-end dont sortiraient vainqueurs les plus matamores. Comme des coqs lustrés par le seul infini de leur bêtise.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Pour qui roule Guy Mettan ?

    Sur le vif - Dimanche 20.06.10 - 23.19h


    Dans l’interminable affaire Kadhafi, il n’est pas très aisé de saisir le jeu du président du Grand Conseil genevois, Guy Mettan.

     

    Pourquoi ce dernier, certes suivi pas une nette majorité, a-t-il voulu le huis clos, vendredi soir, lorsqu’il s’agissait d’examiner une motion du MCG, dont on peut après tout discuter, déclarant « persona non grata » Hannibal Kadhafi. Le ton aurait pu monter ? Et alors ! Le ton monte, bien souvent, dans les débats parlementaires. On aurait pu vexer les Libyens ? Et alors ! Vexer des preneurs d’otages, qui nous ont pourri la vie pendant deux ans, c’est si grave ?

     

    À voir l’empressement du président du Parlement genevois à ménager les Libyens, et la même opiniâtreté à charger Genève (les « quatre boulettes » égrenées la semaine dernière sur Radio Cité), on se demande si Guy Mettan a bien compris qui était l’agresseur, et qui l’agressé, qui méprisait le droit, et qui le respectait, qui étaient les preneurs d’otages, et qui les victimes.

     

    Très présent dans les milieux internationaux de Genève, où il jouit d’ailleurs d’un carnet d’adresses remarquable, Guy Mettan, au nom du refus de l’ethnocentrisme, a-t-il bien intégré que malgré les « boulettes », nous étions, nous les Suisses, un vieille démocratie et un remarquable Etat de droit n’ayant absolument pas à rougir en comparaison internationale. Et que nos chers partenaires libyens, qu’il tient tant à ménager, sont, eux, sous la coupe d’une caste et d’une clique faisant strictement ce qu’elle veut, au mépris du droit ?

     

    Pourrait-t-on attendre du premier citoyen du canton qu’il se soucie un peu plus de ses administrés, un peu moins de son carnet d’adresses ?

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

     

     

     

     

  • Va falloir hausser un peu le ton avec le Cannibale

     

    Sur le vif - Oulah oui, très vif - Samedi 19.06.10 - 17.48h

     

     

    Bon alors, il lui faut quoi encore, au Cannibale ? Un bain chaud, bien moussant, tiré par la présidence du Grand Conseil genevois ? L’édition princeps de « Huis Clos », in-quarto, dédicacée par Sartre à son Castor ? La tête de Laurent Moutinot enfant, format Jivaros ? La traversée des Alpes, en chemise et sans éléphant, pieds nus, par Hans-Rudolf Merz, jusques aux premiers faubourgs de Canossa ?

     

    Ah, mais c’est qu’ils seraient susceptibles, nos frères humains de Cyrénaïque et de Tripolitaine ! Paraît qu’il faut pas les vexer. Pas en rajouter. Pas d’huile sur le feu. Ils nous ont pourri la vie pendant deux ans avec des otages, ils ont conchié les règles les plus élémentaires du droit, ils ont traîné la Suisse, notre pays, dans la boue et dans la honte, mais il ne faudrait surtout pas les irriter. C’est tellement sensible, un Bédouin, dans la grâce naissante du sirocco.

     

    Alors, ils l’ont clos, l’huis. Terrorisés à l’idée que le ton pourrait monter. « Persona non grata », le Cannibale ? Vous n’y pensez pas ! Grata, grata, gratissima, willkommen, bienvenue, welcome ! Et cette fois, promis, tes gens de maison, tu pourras les rudoyer, les vilipender, les triturer tant que tu voudras. Vas-y, Hanni, cogne, rosse, nous, cette fois, on ferme les yeux, les oreilles, on cautérise ce qui nous reste de conscience.

     

    Huis clos, donc. L’Enfer, c’est les autres. Mais là, l’Enfer, c’est qui ? Je veux dire, qui d’autre que ces enfoirés qui ont retenu deux des nôtres pendant deux ans. Et il faudrait les ménager ! Et il faudrait qu’ils soient personae gratae dans notre République, qui est un Etat de droit dont nul n’a à rougir, où un être humain en vaut en autre, où maîtres en valets n’existent plus que dans les pièces de Molière et de Beaumarchais.

     

    Moi, je dis que le Cannibale à Dafi, y a plus un Genevois un minimum sensé qui veut le revoir dans les parages. Non seulement pour le foin qu’il a fait à cause de son arrestation, mais encore et surtout pour tous ces mois interminables où son régime, son clan, sa caste ont joué avec le sort de deux de nos compatriotes. Enlèvement. Recel. Prise d’otages. Mépris total du droit. Et il faudrait qu’il soit grata, le persona !

     

    François Longchamp a eu parfaitement raison de réagir fermement à cet hallucinant « dépôt en garantie » de deux millions sur un compte germanique, par la Confédération. Pas un centime ! Ni de Genève, ni d’ailleurs. Il faudra peut-être renoncer à quelques contrats, si nous tenons à récupérer quelques infimes parcelles d’honneur. Il nous faut leur dire, à ce régime, cette caste, bien haut ce que nous pensons d’eux. L’huis, on l’ouvre. En on gueule à s’époumoner. On leur dit, de toutes nos forces, qu’on les emmerde.

     

    Pascal Décaillet