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Les coqs, l’infini

 

Chronique publiée dans la Tribune de Genève - Lundi 21.06.10

 

Samedi, sur la Dranse, en Haute-Savoie, une femme de 27 ans est morte noyée dans un accident de rafting, lors d’une sortie d’entreprise. Nous ne nous prononcerons pas sur ce cas précis, laissons faire l’enquête. Et nous pensons, bien sûr, à la famille de cette jeune femme.

 

Mais il faut dire ici, une bonne fois, l’insondable débilité de ce principe des sorties d’entreprise. Sous l’imbécile prétexte de dynamique de groupe, ou d’esprit de corps, on amène sur des canots de rafting, dans des grottes spéléo, sur des parapentes, des gens qui n’y ont jamais mis les pieds, ne font peut-être jamais de sport le reste de l’année. Les accidents n’y sont pas rares.

 

Encore une fois, nous ne jugeons pas ici le drame de ce week-end. Mais ils se prennent pour qui, les cadres qui organisent ces joyeusetés grégaires ? Pour des sergents de Marines ? Et tout ça, pour quoi ? Les employés ont signé pour travailler dans l’entreprise, le mieux possible, pas pour se faire tuer au nom d’une idéologie de Chantiers de jeunesse.

 

Sans compter ceux qui n’osent pas dire non, de peur de passer pour des trouillards. La puissance d’un torrent, comme la verticalité d’un sentier de montagne, ça s’apprivoise, doucement. Ca ne se conquiert pas, comme des cons, le temps d’un week-end dont sortiraient vainqueurs les plus matamores. Comme des coqs lustrés par le seul infini de leur bêtise.

 

Pascal Décaillet

 

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