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  • La duchesse de Berry

    Edito du 7-8  -  Radio Cité  -  Jeudi 04.09.08  -  07.05h

     
    Et alors quoi ? Il paraîtrait qu’il ne faudrait pas attaquer les femmes en politique. Les femmes qui exercent un pouvoir. C’est ce que j’ai cru entendre, l’un de ces matins, de la part d’une éminente directrice de théâtre, dans un billet sur une radio publique.

    Les méthodes d’une magistrate de la Ville de Genève avec son personnel, ses cadres supérieurs ou moyens ? Une tonalité d’arrogance, et même cassante, nous confirment de nombreuses sources. Mails il ne faudrait pas en parler.

    Plutôt que de donner son point de vue, il faudrait laisser faire les images du monde. Un sourire, dans un journal dominical, une interview franchement pas trop dérangeante. Et ce Livre d’Or, ces très grandes heures de la duchesse de Berry, il faudrait le laisser passer, sans le tempérer d’une vision critique, en fonction de ce qu’on sait, de ce qu’on a pu établir, au fil des mois, en recoupant les témoignages.

    Que la personne critiquée soit une femme ne joue strictement pour rien dans l’affaire. Ce que nous tentons de dévoiler, ce sont les mécanismes du pouvoir. Hommes, femmes, gauche, droite, aucune importance. Tout pouvoir doit être décodé. Ou alors, nous renonçons à une part cardinale de notre mission.

     

    Pascal Décaillet

  • La queue et les oreilles


    Le PDC et la mort subite de l’éternité

     

    Sur le vif -  Mercredi 03.09.08 – 13.50h

     
    Longtemps, le PDC fut le parti du centre mou. Très peu de grandes figures nationales, dans ses rangs, depuis le départ de Furgler, en 1986. Des présidents de passage, des passe-muraille, transparents comme l’inexistence de Dieu. Une pratique politique, surtout, poussant à ce point le compromis, l’arrondissement des angles, que nulle géométrie mesurable ne se dessinait plus. Ils étaient pour l’économie de marché, mais pas trop. Pour l’Etat, mais pas trop. Pour la famille, sans que personne ne pût comprendre ce que cela recouvrait exactement.

    Et puis, il y a eu le 10 décembre 2003. L’exécution, par le Parlement, de Ruth Metzler, pour pouvoir placer Christoph Blocher. A cette seconde précise, tandis que la dame en noir, remarquable de dignité, faisait ses adieux, le PDC a compris que l’éternité, elle aussi, était mortelle.

    Mais le charme de la mort, c’est qu’elle invite à renaître. Alors, il y eut Doris Leuthard, il y eut Christophe Darbellay, et ce parti, depuis si longtemps assoupi comme un satrape dans sa tiédeur, est reparti au combat. Il est clair, aujourd’hui, qu’il tentera, à la première occasion, la reconquête du deuxième siège au Conseil fédéral. Clair, aussi, qu’il pourrait bien le faire au détriment des radicaux. Encore plus clair que les premiers missiles de Christophe Darbellay sur l’univers de Pascal Couchepin sont à interpréter dans ce sens. Hier, une politique pour la jeunesse décrite, dans un communiqué, comme franchement nulle. Aujourd’hui, le secrétaire général du PDC, Reto Nause, qui met le Président de la Confédération en demeure de brider la marge de manœuvre diplomatique de Micheline Calmy-Rey.

    Pour l’heure, des banderilles. Deux ou trois picadors taquinent la bête. Mais l’heure du matador, dans l’aveugle lumière de l’arène, attend, patiemment, de sonner. Pour la queue et les oreilles, il faudra sans doute attendre. Mais les signaux sont là : le PDC revit. Et il n’a guère l’intention, dans sa Reconquista, de faire des cadeaux à ceux qu’il trouvera sur son chemin.

     

    Pascal Décaillet

  • Maudet à Solutré


    Edito du 7-8  -  Radio Cité  -  Mercredi 03.09.08  -  07.05h

     

    Il y a des photos qui en disent plus que toutes les démonstrations : deux hommes, marchant côte-à-côte, hier matin, à Zimmerwald, dans le canton de Berne : Pascal Couchepin, Pierre Maudet. Sur les traces de Lénine et Trotski, ce qui ne manque pas d’un certain sel.

    On dira qu’il était question de jeunesse, dans le message présidentiel, et que Maudet préside la Commission fédérale de la jeunesse. Certes. Mais, sur sept millions de compatriotes, c’est Pierre Maudet que Pascal Couchepin a choisi pour cheminer avec lui, dans son pèlerinage annuel, son Solutré, son petit Liré, devant des dizaines de photographes. Si ça n’est pas l’adoubement d’un dauphin, ça y ressemble méchamment.

    Se flanquer d’un homme de trente ans qui n’est que membre du gouvernement de la Ville de Genève. Là où d’autres, qui rêveraient de succession, sont conseiller aux Etats à Neuchâtel, ancienne conseillère d’Etat genevoise, président tessinois du parti radical, tous ayant dûment blanchi sous le harnais, et regardant d’un œil particulièrement torve ce blanc-bec, ce freluquet, qui ravit toutes les vedettes.

    Et ils ont raison de se faire du souci. Peut-être pas pour ce coup-là. Mais quiconque connaît Pierre Maudet, quiconque l’a rencontré, ne serait-ce qu’une fois, sait que cet homme, dans la politique suisse, ira très loin. Comme Christophe Darbellay. Comme Pierre-Yves Maillard. Ceux-là sont habités, beaucoup plus que d’autres, par le démon politique.

    Dans le quintet où il sévit, ce temps, en attendant son heure, Maudet s’applique à régler des questions très concrètes. Il paye ses galons, comme on dit dans un langage qu’il connaît bien. Mais que le costume de conseiller administratif de la Ville de Genève devienne assez vite un peu étroit pour lui, cela, déjà aujourd’hui, éclate aux yeux.

    Cela, depuis longtemps, Pascal Couchepin l’a senti. Parce que la politique, ça n’est pas seulement affaire de raison et de labeur. La politique, c’est aussi une affaire d’instinct.

     

    Pascal Décaillet