Le PDC et la mort subite de l’éternité
Sur le vif - Mercredi 03.09.08 – 13.50h
Longtemps, le PDC fut le parti du centre mou. Très peu de grandes figures nationales, dans ses rangs, depuis le départ de Furgler, en 1986. Des présidents de passage, des passe-muraille, transparents comme l’inexistence de Dieu. Une pratique politique, surtout, poussant à ce point le compromis, l’arrondissement des angles, que nulle géométrie mesurable ne se dessinait plus. Ils étaient pour l’économie de marché, mais pas trop. Pour l’Etat, mais pas trop. Pour la famille, sans que personne ne pût comprendre ce que cela recouvrait exactement.
Et puis, il y a eu le 10 décembre 2003. L’exécution, par le Parlement, de Ruth Metzler, pour pouvoir placer Christoph Blocher. A cette seconde précise, tandis que la dame en noir, remarquable de dignité, faisait ses adieux, le PDC a compris que l’éternité, elle aussi, était mortelle.
Mais le charme de la mort, c’est qu’elle invite à renaître. Alors, il y eut Doris Leuthard, il y eut Christophe Darbellay, et ce parti, depuis si longtemps assoupi comme un satrape dans sa tiédeur, est reparti au combat. Il est clair, aujourd’hui, qu’il tentera, à la première occasion, la reconquête du deuxième siège au Conseil fédéral. Clair, aussi, qu’il pourrait bien le faire au détriment des radicaux. Encore plus clair que les premiers missiles de Christophe Darbellay sur l’univers de Pascal Couchepin sont à interpréter dans ce sens. Hier, une politique pour la jeunesse décrite, dans un communiqué, comme franchement nulle. Aujourd’hui, le secrétaire général du PDC, Reto Nause, qui met le Président de la Confédération en demeure de brider la marge de manœuvre diplomatique de Micheline Calmy-Rey.
Pour l’heure, des banderilles. Deux ou trois picadors taquinent la bête. Mais l’heure du matador, dans l’aveugle lumière de l’arène, attend, patiemment, de sonner. Pour la queue et les oreilles, il faudra sans doute attendre. Mais les signaux sont là : le PDC revit. Et il n’a guère l’intention, dans sa Reconquista, de faire des cadeaux à ceux qu’il trouvera sur son chemin.
Pascal Décaillet