Edito du 7-8 - Radio Cité - Mercredi 03.09.08 - 07.05h
Il y a des photos qui en disent plus que toutes les démonstrations : deux hommes, marchant côte-à-côte, hier matin, à Zimmerwald, dans le canton de Berne : Pascal Couchepin, Pierre Maudet. Sur les traces de Lénine et Trotski, ce qui ne manque pas d’un certain sel.
On dira qu’il était question de jeunesse, dans le message présidentiel, et que Maudet préside la Commission fédérale de la jeunesse. Certes. Mais, sur sept millions de compatriotes, c’est Pierre Maudet que Pascal Couchepin a choisi pour cheminer avec lui, dans son pèlerinage annuel, son Solutré, son petit Liré, devant des dizaines de photographes. Si ça n’est pas l’adoubement d’un dauphin, ça y ressemble méchamment.
Se flanquer d’un homme de trente ans qui n’est que membre du gouvernement de la Ville de Genève. Là où d’autres, qui rêveraient de succession, sont conseiller aux Etats à Neuchâtel, ancienne conseillère d’Etat genevoise, président tessinois du parti radical, tous ayant dûment blanchi sous le harnais, et regardant d’un œil particulièrement torve ce blanc-bec, ce freluquet, qui ravit toutes les vedettes.
Et ils ont raison de se faire du souci. Peut-être pas pour ce coup-là. Mais quiconque connaît Pierre Maudet, quiconque l’a rencontré, ne serait-ce qu’une fois, sait que cet homme, dans la politique suisse, ira très loin. Comme Christophe Darbellay. Comme Pierre-Yves Maillard. Ceux-là sont habités, beaucoup plus que d’autres, par le démon politique.
Dans le quintet où il sévit, ce temps, en attendant son heure, Maudet s’applique à régler des questions très concrètes. Il paye ses galons, comme on dit dans un langage qu’il connaît bien. Mais que le costume de conseiller administratif de la Ville de Genève devienne assez vite un peu étroit pour lui, cela, déjà aujourd’hui, éclate aux yeux.
Cela, depuis longtemps, Pascal Couchepin l’a senti. Parce que la politique, ça n’est pas seulement affaire de raison et de labeur. La politique, c’est aussi une affaire d’instinct.
Pascal Décaillet