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Thomas Mann, orfèvre et magicien

 
Sur le vif - Samedi 02.09.23 - 06.46h
 
 
« Thomas Manns Idee einer deutschen Kultur » : au plus grand prosateur de langue allemande (avec Kafka), la Weltwoche consacre sa une et sa couverture. J’attends ce moment depuis si longtemps.
 
Il faut imaginer ce que représente Thomas Mann pour un germaniste. L’orfèvre du mot. Le magicien de la phrase. Celui qui exploite si profondément les ressources à la fois complexes et savoureuses de la pensée allemande. Prenez Der Tod in Venedig, le premier travelling sur le personnage principal, arpentant la Prinzregentenstrasse de Munich, tout est là, dans un style éblouissant, jusqu’aux premiers indices de sa maladie.
 
J’ai découvert Thomas Mann dans mon adolescence. Il m’accompagne sur la terre. Une œuvre exigeante, incroyablement travaillée, chaque mot pesé. Comme si chaque phrase, souvent longue, avait à exister en elle-même, détail intrinsèque, indépendant, indivisible, et cependant organe vital du corps du texte.
 
Thomas Mann est partie inaltérable d’une langue allemande moderne lancée en 1522 par Martin Luther, lorsqu’il traduit la Bible, sans cesse revivifiée, réinventée, par Hölderlin, Brecht, Kafka, Musil, Paul Celan, Heiner Müller, Christa Wolf.
 
Et puis, tous les autres. Tous ceux de l’immense forêt obscure, percée de lumières fugaces, joueuses, saisissantes. Jusqu’à cet Erlkönig, ce diable de mots qui ravit les enfants. Pour les emmener où, dans quelles contrées ? Vers quel destin ?
 
 
Pascal Décaillet
 

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