Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Notre priorité : le peuple suisse !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 28.09.22

     

     

    On s’attendait à un plébiscite, ce fut une césure. Ce dimanche 25 septembre, le peuple suisse s’est retrouvé divisé en deux moitiés, quasiment égales, sur l’avenir de notre système de retraites. Laissons le résultat, considérons la coupure. Elle se déploie sur les vieilles lignes de fracture de notre société suisse depuis 1848. Une conception différente de l’Etat entre Romands et Alémaniques, moins maternante chez ces derniers, nourris de la philosophie économique allemande du Freisinn, le libre-arbitre, mais aussi la responsabilité individuelle, c’est quelque chose de très fort chez nos compatriotes d’Outre-Sarine. D’autres fronts de séparation aussi, en fonction du genre (on demandait tout de même aux femmes de travailler une année supplémentaire), de la situation sociale, du rapport au travail. A vrai dire, ce sont toutes les saveurs de la diversité suisse qui, ce 25 septembre, surgies d’entrailles sous-estimées par les titulaires de la parole, ont remonté à la surface. Les chercheurs, ces prochains temps, nous établiront une radiographie précise de cette carte électorale.

     

    Ce verdict du peuple impose au monde politique quelques leçons. Et notamment à la droite suisse, qui ne doit définitivement plus être l’otage des ultra-libéraux. Elle doit se construire sur d’autres valeurs que celles du profit financier. Elle doit prendre en compte la nation. La patrie. La cohésion sociale de tout un peuple, dans sa diversité. Surtout, elle doit avoir, en absolue priorité, le souci de ce peuple, et la gauche aussi bien sûr ! Le souci du peuple suisse !

     

    La souffrance exprimée par le résultat si serré du 25 septembre nous dit une chose : l’irrépressible nécessité de mettre en avant partout, dans les projets politiques, mais aussi dans l’organisation du discours, les questions sociales, plutôt que se focaliser sur l’écume des modes, incarnée par le « sociétal ». Le social, c’est ce qui touche l’ensemble de nos compatriotes, à commencer par les plus précaires : les retraites, les primes d’assurance-maladie, les frais dentaires, le prix des médicaments, celui des énergies de chauffage, celui de l’essence, celui de l’électricité. Les loyers. Les taxes. Les impôts. Le reste, nous le laisserons volontiers aux chercheurs d’extrême-gauche à l’Université de Lausanne, omniprésents sur les antennes de la RTS, et la presse bobo.

     

    J’ai écrit quelques lignes, dimanche à vif, sur mon blog, à propos de l’unité de notre pays. C’est, à mes yeux, la question essentielle de ce dimanche de votations. Elle n’est pas mise en péril par la diversité, ni le fracas des antagonismes. Nous sommes un peuple largement assez adulte, sur le plan politique, pour intégrer cette complexité. Non. Le vrai danger serait que le peuple ne soit plus écouté, c’est déjà parfois le cas. Ou que les hommes et femmes politiques, tous partis confondus, ne montent à Berne que pour défendre des factions. Le vrai danger, ce serait perdre de vue ce qui doit être au centre géométrique de nos priorités : les intérêts vitaux du peuple suisse.

     

    Pascal Décaillet 

     

  • Les primes prennent l'ascenseur, le liftier roupille

     
    Sur le vif - Mardi 27.09.22 - 14.49h
     
     
    En vingt ans, les primes ont doublé en Suisse. C'est ça, la nouvelle. Et pas les pourcentages des différents cantons.
     
    En vingt ans, les primes ont doublé. J'étais à Berne lorsque les Chambres planchaient sur la LAMal, il y a près de trente ans. Déjà, je dénonçais ce pachydermique paradoxe : rendre l'assurance-maladie obligatoire (il le faut, assurément), et en même temps laisser certains requins du privé gérer les Caisses.
     
    En vingt ans, les primes ont doublé. Si une assurance est obligatoire, alors elle doit être guidée par un régime d'Etat. D'intérêt général. Au-dessus des factions, des corporations, des féodalités, des recherches de profit. Je ne suis pas un homme de gauche, c'est le moins qu'on puisse dire, mais j'ai toujours dit cela. Parce que ma droite à moi est nationale, patriote, non-libérale, focalisée sur la cohésion sociale de notre peuple.
     
    En vingt ans, les primes ont doublé. L'échec monumental de la LAMal est évidement celui des socialistes, qui l'ont portée sur les fonts baptismaux. Mais il est aussi celui de toute une droite libérale, celle qui ne s'est jamais élevée contre la gestion délirante des Caisses, la politique des réserves, le lobbyisme éhonté de leurs représentants aux Chambres fédérales, notamment au Conseil des Etats.
     
    En vingt ans, les primes ont doublé. C'est ça qu'il faut dire, répéter. Inscrire ce scandale, ce pataquès du politique, dans le dossier beaucoup plus large du pouvoir d'achat. Celui des classes moyennes, notamment.
     
    En vingt ans, les primes ont doublé. La gauche échoue. La droite libérale joue en bourse la santé des Suisses. Entre ces deux dérives, il y a la volonté de construire un pays, avec une économie libre, forte, fondée sur les PME. Avec le respect et la promotion des toutes petites entreprises, des indépendants, ceux qui ne coûtent rien à personne, et entretiennent le plus la machine, s'ils ont le mauvais goût de bien s'en sortir professionnellement. Parce qu'on les tond, tout simplement.
     
    Il faut cette dimension de liberté d'entreprendre, oui. Mais il faut, tout autant, le sens de l'Etat, de l'intérêt supérieur, pour tout ce qui touche aux fondements de la vie. La santé de nos compatriotes ne m'apparaît pas comme le dernier d'entre eux.
     
     
    Pascal Décaillet
     

  • Giorgia : l'espoir, sur l'Italie

     
    Sur le vif - Lundi 26.09.22 - 14.50h
     
     
    Un mois et trois jours avant le centenaire de la Marche sur Rome, voilà donc Giorgia Meloni qui triomphe. Elle gagne les élections. Sa coalition aura la majorité parlementaire. Elle pourra devenir la première Présidente du Conseil de l'Histoire italienne.
     
    Pour autant, voyez-vous, chers amis, je doute que nous ayons des défilés de chemises noires, ce soir, dans les rues d'Italie. Ni que le prochain grand chantier du pays soit l'assèchement d'un Marais. Il y a, c'est vrai, une inspiration directement puisée de la période 1922-1943 (laissons les deux années suivantes, sur les bords du Lac de Garde), chez cette femme politique. Mais il faut oublier l'idée, tant brandie par la gauche (et la RTS) que nous assistons à un retour du fascisme.
     
    Pourquoi ? Mais c'est très simple ! Parce que l'Histoire ne se répète pas avec l'exactitude d'une matrice. Le fascisme mussolinien, il faut l'étudier à fond avant d'en parler, tenez vous devez absolument lire l'excellente biographie du Duce par Pierre Milza, quelque 800 pages, chez Fayard. C'est passionnant, notamment sur les grands chantiers sociaux des années vingt et début trente. Tout le monde sait que ça a commencé à dégénérer avec l'Alliance allemande, mais aussi un impérialisme colonial délirant : Mussolini est un réformateur social, il n'est pas un chef de guerre. La fin, on la connaît : terrible, pitoyable. Fin avril 45, l'Italie est en lambeaux.
     
    Ca, c'est l'Histoire du fascisme italien. Mais Giorgia Meloni, c'est autre chose. Une femme d'aujourd'hui, moderne, ayant capté certaines aspirations puissantes des Italiens. En matière sociale. En matière de maîtrise des flux migratoires (l'Italie, par son flanc sud, est droit sur le front, et nous n'avons strictement aucune leçon à lui donner). En matière de cohésion et de fierté nationales. Tout cela, bien sûr, peut rappeler le Mussolini des années 1919 à 1922, jusqu'à sa prise du pouvoir le 28 octobre. Mais tout cela, en même temps, n'a rien à voir : un siècle complet s'est écoulé, le fascisme a fait son oeuvre, il est tombé, l'Italie est républicaine depuis 1946, membre fondateur de la Communauté européenne, dans un Traité justement signé à Rome, en 1957.
     
    Et puis - et cela n'est pas nécessairement pour me plaire - Giorgia Meloni est atlantiste. Elle est conservatrice sur certains sujets, très avancée sur certains aspects sociaux. Elle est nationale dans la pensée, pour la frontière, pour la préférence aux Italiens. Elle présente beaucoup de points communs avec une Marine Le Pen.
     
    Tout cela ne plaît pas à la gauche. Ni à la RTS. Ni au Temps. Ni aux éditorialistes partisans d'un "ordre libéral", de la planète, et d'un multilatéralisme où la nation irait se liquéfiant dans un improbable conglomérat.
     
    Mme Meloni ne plaît pas à ces gens, qui le font beaucoup savoir. Elle ne plaît pas à la Présidente de la Commission européenne, qui multiplie les ingérences et se comporte en Chambellan du Saint-Empire. Elle ne plaît pas au Ministre espagnol des Affaires étrangères, détail totalement dépourvu d'intérêt, que les flashes RTS, ce matin, et le Journal de 12.30h ont pourtant jugé bon de placer en tête de leurs nouvelles annonçant la victoire de Giorgia.
     
    Elle déplaît à tous ces gens. Mais il se trouve qu'elle a réussi à convaincre d'innombrables Italiens. Réussira-t-elle ? Ne risque-t-elle pas de se faire neutraliser par le système des alliances fluctuantes, en vigueur depuis 77 ans ? Impossible à savoir. Mais l'avènement de cette femme, qui veut le primat de la Nation contre les Empires, mérite qu'on lui accorde le plus vif des intérêts. Nous suivrons cette expérience italienne avec une passion égale à celle que nous éprouvons pour cet incomparable pays, sa beauté, son Histoire, sa langue plurielle et dialectale. Son style de vie, surtout, unique au monde.
     
     
    Pascal Décaillet