Sur le vif - Mardi 13.10.20 - 08.02h
Ce qui m'intéresse, ça n'est pas l'épidémiologie, mais la politique.
Je n'ai, pour ma part, depuis les premiers jours de la crise, jamais parlé épidémiologie, pour la simple raison que je n'y connais rien.
Ces histoires de "nombre de cas", ces chiffres quotidiens qu'on nous balance depuis huit mois, ne me parlent pas. Je ne suis pas médecin, encore moins épidémiologiste.
En revanche, la politique me passionne. Depuis l'enfance, je la connais, je la comprends. Je m'intéresse à son langage, son système de communication. De manipulation, aussi.
Depuis février donc, je ne vous parle jamais médecine, mais politique.
Et là, que voyons-nous ? La chienlit. Qu'entendons-nous ? 26 cacophonies. Que constatons-nous ? Le fédéralisme, vertu cardinale de notre pays, dévoyé par la floraison maligne de petits chefs locaux.
Que découvrons-nous ? L'immanente noirceur du pouvoir. Tout pouvoir, d'où qu'il vienne. Le pouvoir, qui corrompt les âmes.
Le peuple suisse découvre, par exemple, que le monde des blouses blanches est touché, comme les autres, par la noirceur de la domination. Celui qui sait. Celui qui détient l'expertise. Celui qui porte la vérité. Celui qui use de sa compétence comme levier de pouvoir sur les humains.
Les politiques ne sont pas en reste. La cacophonie discrédite la parole de l'autorité. Elle ruine le crédit des élus, des corps intermédiaires. Elle pulvérise la confiance. Elle attaque en cela l'essence même du Pacte républicain.
Nous en sommes là. L'Histoire de cette crise n'est pas celle, particulièrement rasoir, des communiqués quotidiens sur les "nombres de cas".
Non. Elle est celle de la désagrégation d'une confiance. Parce que de nombreuses personnes, blouses blanches ou costumes noirs, ont abusé, par jouissance de la domination, de leur petite parcelle de pouvoir.
Pascal Décaillet