Sur le vif - Jeudi 06.03.14 - 09.46h
M. Sciarini nous fait toute une démonstration, dans le Temps, pour nous prouver que le MCG est à droite. Mais enfin, qui en doutait ? Qui a en jamais douté une seule seconde ? Où est le problème ? C'est interdit, d'être à droite ? Comme s'il était scélérat que le groupe parlementaire de ce parti construise des majorités avec le PLR et l'UDC au Grand Conseil.
Bien sûr que c'est un parti de droite. L'appellation "Ni droite, ni gauche" ne dupe personne, et ne veut strictement rien dire. S'étonner de son appartenance à la droite (avec une composante sociale, populaire, et si ça peut vous faire plaisir "populiste"), serait ramener, par ignorance historique, la droite à sa seule famille libérale, ce qu'en effet le MCG n'est pas.
Et justement, ramener la droite, cette grande famille de pensée politique depuis deux siècles, au seul libéralisme, surtout celui que nous avons connu depuis vingt ans avec le profit sans entraves, la libre circulation pour le seul profit de quelques-uns, le Capital comme Veau d'or et le tout aux actionnaires, bref cet orléanisme bancaire, c'est méconnaître profondément les autres dimensions, autrement puissantes, de la droite. Notamment une dimension sociale et populaire dont il n'est pas question que la gauche s'arroge le monopole.
Oui, il existe une droite venue d'en bas, une droite du peuple, joyeuse et conviviale, attachée au lien social. Différente de la gauche pour des raisons bien davantage CULTURELLES (j'y reviens volontiers) que politiques. Mais enfin, le partage, la fraternité, le sentiment d'appartenance républicaine n'ont pas à être détenus de façon exclusive par la gauche. Si la droite laisse filer cela, qui est tellement important, au profit d'une image de cléricature censitaire ou ploutocratique, alors elle aura tout perdu.
M. Sciarini, qui a sans doute une vaste culture de gauche, pêche par méconnaissance - due à un manque d'affinités ? - lorsqu'il s'exprime sur la droite. Sans remonter à la Convention, ni à Tocqueville, ni à Joseph de Maistre, ni au Ralliement de Léon XIII à la République (1891), on dira juste qu'il y a deux siècles d'imprégnation et de connaissances à prendre en compte. A lire par exemple, de toute urgence, dans la même édition du Temps, celle de ce matin, le lumineux papier d'Olivier Meuwly sur l'UDC.
Pascal Décaillet