Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Conseil d'Etat : la fin des Cent Jours

 

Commentaire publié dans GHI - 05.03.14

 

Voici mars, les premiers bourgeons. Et, pour le nouveau Conseil d’Etat, bientôt la fin des Cent Jours. Oh, rien de grave, pas d’île d’Elbe ni de Waterloo, juste une tradition : laisser aux nouveaux venus un certain temps, de l’ordre de trois mois, pour s’installer, pendre contact avec leurs équipes, découvrir les cadavres dans les placards, se mettre au boulot. A l’issue de cette période, on attend des différents ministres l’annonce de projets clairs, si possible visionnaires, avec feuille de route, estimation des coûts et stratégie.

 

Ce temps, on est déjà bien gentils de le leur concéder. Leur poste, ils l’ont voulu, nul ne les a obligés à le briguer, ils se sont battus, ont multiplié les débats pendant des mois, sont tous des briscards de la politique genevoise, ils devraient donc normalement, dès le premier jour, être au top. Pensez que Pierre Mendès France, le plus éblouissant président du Conseil de la Quatrième République, résolvait à l’issue du premier mois la crise indochinoise, et se retirait définitivement après sept mois seulement de pouvoir (juin 1954-février 1955). Alors OK, à Genève, va pour les Cent Jours, mais pas plus : l’argument du temps d’adaptation (qui a perdu certains conseillers nationaux), n’est plus valable au-delà de ce délai.

 

Oui, Madame et Messieurs, il est temps de nous dévoiler vos intentions. Non plus sous la forme de grandes déclamations comme cet automne, mais avec des projets concrets. A cet égard, on accueille avec un peu de scepticisme l’annonce « d’Assises de la Mobilité ». Après les années très difficiles qui ont sinistré ce secteur à Genève, on attend du magistrat en charge autre chose que des états généraux ou des palabres. L’heure, de la part du ministre, est à la prise de décision, en même temps celle d’un risque politique, l’indication d’un cap, la mise en œuvre d’une stratégie pour convaincre le Parlement, voire le peuple. L’exécutif ne saurait, en République, ne tenir lieu que d’organisateur de séminaires ou de remue-méninges.

 

Idem dans le domaine du logement. Recevoir les animateurs d’un réseau social, c’est bien. Mais il faut aller plus loin, que le ministre anticipe, soit porteur d’une vision, ose et décide. Idem dans le social : le titulaire a mené une campagne féroce et puissante dans la dénonciation du taux de chômage à Genève, on aimerait maintenant savoir ce qu’il entend entreprendre, très concrètement, pour le faire baisser. Idem pour l’école : être à l’écoute, c’est bien, mais pour faire quoi ? Que les années à venir soient moins porteuses de querelles que les précédentes, certes, mais on espère que cette paix des âmes ne se fondera ni sur l’attentisme, ni sur l’immobilisme.

 

Côté sécurité, au moins, on n’a pas ce problème : avec Champ-Dollon, le ministre est au cœur d’une telle tourmente qu’on lui accordera volontiers quelque délai pour nous préciser le reste de ses desseins. Quant au ministre des Finances, il aura sans tarder à en découdre avec les ambitions d’économies d’un quarteron de spadassins de l’Entente. On assistera enfin avec l’admiration d’usage à la passion présidentielle pour l’inauguration des chrysanthèmes.

 

Pascal Décaillet

 

Les commentaires sont fermés.