Sur le vif - Mercredi 23.06.10 - 13.55h - Copié collé
C’est la branche majeure. Cardinale. Elle nous éveille au monde, à sa délicieuse complexité. Elle nous rappelle l’intangible noirceur de la nature humaine, le temps des guerres et celui du progrès, les grands mouvements de fond. Les grandes figures, aussi. Elle vient d’un mot grec qui veut dire « enquête ». Aller vers elle, une vie durant, nous façonne, précise nos repères, souvent aussi nous trouble, nous heurte, nous remue. Grâce à elle, nulle tranquillité, jamais. Elle s’appelle l’Histoire. Il paraît qu’à Genève, pour d’obscurs décrets d’apparatchiks, on voudrait en réduire l’enseignement d’un tiers à l’école obligatoire. C’est un scandale.
On pourrait en dire tout autant de la géographie, ce long et passionnant chemin vers les repères de notre terre, ses ressources, son climat. Cet ancrage de l’élève sur la planète qui est sienne, sa finitude. Histoire, géo, mêmes menaces de réduction drastique des heures. On va finir par faire quoi ? Par juste obéir aux ukases déterministes de l’économie, qui nous rappelait encore hier, dans une étude, que l’école devait former de bons soldats pour les entreprises. Oh, que le français soit central, je ne vous dirai jamais le contraire. Mais réduire le nombre d’heures d’Histoire ! Alors qu’il faudrait, au contraire, les augmenter.
L’Histoire ne forme peut-être pas des employés modèles. Mais des citoyens. Elle aiguise les consciences. Combat les préjugés. Tisse des liens. Met en rapport des choses. Au sens premier, cela s’appelle tout simplement l’intelligence.
Il ne faut pas réduire les heures d’Histoire. Il faut les augmenter.
Pascal Décaillet