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Liberté - Page 717

  • Que viendrait faire le peuple, dans cette idylle ?

     

    Sur le vif - Jeudi 05.10.18 - 10.02h

     

    Depuis que Mme Sommaruga est aux affaires, je ne suis d'accord avec rien de ce qu'elle dit, rien de ce qu'elle fait. Rien contre la dame à titre personnel, loin de là, mais opposition totale, géométrique, à chacun de ses propos, chacun de ses actes.

     

    Par exemple, malgré la fougue naturelle - et légendaire - qui me porte vers les humains, je n'aurais sans doute pas embrassé avec une telle ferveur M. Juncker. Je me fus, tout au plus, contenté d'un soufflet, en évitant d'un millimètre le contact physique, en ces temps de centenaire de la grippe espagnole.

     

    Ou encore, cette manie, face à chaque initiative, de la démolir avant même qu'on eût entendu les auteurs du texte, en nous promettant la mort du pays, les rats, la peste bubonique, les sauterelles, en cas d'acceptation. Quand elle entend le mot "initiative", la socialiste Simonetta Sommaruga, cent ans après le Comité d'Olten et la Grève générale, fonce aux abris.

     

    J'aime les initiatives, Mme Sommaruga ne les aime pas. J'aime la démocratie directe, Mme Sommaruga ne l'aime pas. J'aime que toute la Suisse débatte du même sujet, et pourquoi pas en s'engueulant, le temps d'une campagne, et qu'un dimanche l'affaire soit tranchée ; Mme Sommaruga n'aime pas ces choses-là. Elle doit les considérer comme du désordre, de l'imprévu, des fausses notes sur la partition.

     

    Mme Sommaruga est faite pour la quiétude de la Berne fédérale. Ce petit monde qui vit entre soi. Avec des juristes, des avis de droit, des ordonnances, des recours. La politique, comme un orchestre de chambre. Les pulsions de la vie, réglées comme du papier à musique. Que viendrait faire le peuple, dans cette idylle ?

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Jean-Pascal, vingt ans déjà

     

    Sur le vif - Jeudi 04.10.18 - 09.18h

     

    C'était un homme qui incarnait l’État et respirait la vie. Un combattant d'exception, rude comme le taureau, âpre à la tâche, porté par l'action. Son verbe, à nul autre pareil, surgissait de quelque fermentation, celle qui prend le temps, pour débouler, décocher, défriser, apaiser nos soifs d'étonnement. Il y avait du Gilles, il y avait du Ramuz, il y avait chez cet homme de droite des essences de rive gauche.

     

    Il n'était pas un littéraire, comme son prédécesseur Chevallaz, ni d'ailleurs un paysan, bien qu'il en eût la puissance, la structure. Il était juste un destin, jeté là, poussière d'étoile, arrachée à la terre.

     

    Il était un homme d'esprit qui aimait les gens. Il a aimé son pays, avec l'ardeur et l’incandescence d'une braise, celle qui de l'âtre, consumant les ceps, transmettant leur parfum comme un encens, donne à la salle obscure des rêves orangés.

     

    Oui, j'ai aimé Jean-Pascal Delamuraz. Il a représenté pour moi, pas toujours sur les choix, mais assurément dans l'exceptionnelle dignité de son rapport à la charge, ce que l'engagement politique peut produire de plus puissant : la liberté d'un homme, offerte au service de l’État.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Serge et le vent

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 03.10.18

     

    Serge Dal Busco, nouveau ministre des Transports à Genève (après avoir géré les Finances, lors de son premier mandat), multiplie les gages donnés à la gauche. Il jure de plus en plus par la « mobilité douce », notamment en milieu urbain. Du côté des partisans de cette dernière, on s’en félicite. Du côté des amis du transport motorisé privé, voitures, motos et scooters, on commence à grincer des dents.

     

    Où le nouveau ministre, qui vient de la droite bien sentie, libérale d’inspiration, veut-il en venir ? A-t-il une stratégie cachée ? Une chose est sûre : la conversion de Serge Dal Busco aux thèses des Verts ou de l’ATE (Association Transports et Environnement), voire de Pro Vélo, ne faisait pas partie du scénario prévu dans la campagne électorale du printemps 2018. Et peut, légitimement, décevoir une partie non négligeable de la population, pour laquelle circuler en voiture en ville ne constitue pas encore, a priori, une atteinte à la sécurité de l’Etat.

     

    On comprend bien que le nouveau magistrat de tutelle des Transports ait voulu rompre avec la stratégie de son prédécesseur, parfois modérément lisible, faite d’effets d’annonce, voire d’actes de foi (traversée du lac). Mais de là à laisser tomber une partie de son électorat naturel, c’est un pari très risqué. Et une posture qui peut laisser poindre le sentiment qu’on s’en va quérir, sur le bout humecté du doigt, la direction du vent. En politique, rien ne se gagne, jamais, à jouer contre son camp.

     

    Pascal Décaillet