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Liberté - Page 715

  • Mme Sommaruga et "l'exclusion"

     

    Sur le vif - Mardi 09.10.18 - 08.36h

     

    Hallucinant d'entendre Mme Sommaruga déclarer que l'initiative du 25 novembre, sur la primauté du droit suisse, "exclut la population".

     

    Une initiative, Madame, munie d'au moins cent mille signatures validées, soumet un texte à cinq millions de citoyennes et citoyens de ce pays. Toutes les femmes, tous les hommes, de nationalité suisse, âgés d'au moins 18 ans. Elle provoque un vaste débat national, où chacun peut s'impliquer, de Genève à Romanshorn. Le pays tout entier en parle.

     

    Votre monde à vous, Madame, circule en boucle - comme dans l'un de ces giratoires, si chers depuis deux jours aux rédactions romandes de Tamedia - dans un monde de 246 personnes, sous la Coupole fédérale.

     

    Cinq millions, ou même deux millions si on prend 40% de taux de participation, donc de gens qui votent vraiment sur un objet, me semblent tout de même moins de nature à "exclure la population", que 246 élus, qui ne sont en aucun cas propriétaires du débat politique en Suisse.

     

    Votre propos, Madame, est un discours de caste et de cléricature.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Comprendre, plutôt que s'étrangler

     

    Sur le vif - Lundi 08.10.18 - 07.22h

     

    Au Brésil aujourd'hui, comme il y a deux ans aux États-Unis, comme en Italie, en Autriche, en Bavière, les paradigmes traditionnels de la politique de l'après-guerre sont en train d'éclater. Il faut en prendre la mesure, en tentant de comprendre en profondeur les motivations de ces électorats, plutôt que s'étouffer ou s'étrangler.

     

    Les citoyennes et citoyens, un peu partout, veulent une prise directe sur le destin de leur pays. En Suisse, nous avons la chance de l'exercer, ce contrôle, grâce à la démocratie directe, ce bien si précieux qui sert de soupape, et permet d'exhumer des thèmes que la classe politique, les élus, voudraient laisser enfouis sous terre, parce qu'ils les dérangent.

     

    En Suisse, oui, nous avons cette chance. D'autres peuples, de plus en plus, aspirent à établir, nation par nation, chacune selon son génie propre, une prise de décision directe des citoyens sur le destin du pays. L'évolution fulgurante des techniques, la mise en réseau des connaissances, vont dans ce sens.

     

    Lutter contre la corruption. Défaire les cartels au sein des élites au pouvoir. Décider directement, d'en bas. Reprendre absolument le contrôle des flux migratoires. Ces thèmes, un peu partout, sont en pleine expansion. Aujourd'hui, la Bavière, demain l'ensemble de l'Allemagne ? Aujourd'hui l'Autriche, demain la Mitteleuropa ? Aujourd'hui l'Italie, demain la France ?

     

    Pascal Décaillet

     

  • Par pitié, pas les profs de droit !

     

    Sur le vif - Lundi 08.10.18 - 09.29h

     

    Par pitié, dans le débat du 25 novembre sur la primauté du droit suisse, qu'on nous épargne le doctes leçons des profs de droit !

     

    Un prof de droit n'a aucune espèce de légitimité supérieure à celle de n'importe quelle citoyenne, n'importe quel citoyen, à s'exprimer sur un sujet de votation fédérale.

     

    Il peut donner son avis comme citoyen. Comme nous tous. Comme citoyen, au milieu de cinq millions d'autres : le corps électoral, au niveau fédéral, en Suisse, se compose de tout homme, toute femme, de nationalité suisse, ayant 18 ans ou plus.

     

    Dans une initiative, de quoi s'agit-il ? De modifier la Constitution. Le peuple et les cantons disposent de ce pouvoir. S'ils disent, comme le 9 février 2014, "Il faut des quotas pour réguler les flux migratoires", eh bien il faudra des quotas pour réguler les flux migratoires. S'ils disent "Le droit suisse doit primer sur le droit international", eh bien le droit suisse devra primer sur le droit international. C'est aussi simple que cela.

     

    La souveraineté du peuple et des cantons, lorsqu'ils s'expriment sur des initiatives, ne saurait s'accompagner d'une application facultative par les instances de mise en œuvre. Cette souveraineté constitue un ordre - je dis bien : un ordre - donné par le corps des citoyennes et citoyens aux organes chargés de l'appliquer. Si ces derniers ne le font pas, ou minaudent, ou jouent la montre, ou dénaturent l'intention initiale, ce comportement constitue une trahison de l'ordre donné par le souverain.

     

    Quant aux profs de droit, ils ont beau connaître par coeur la Constitution, comme un prof de latin connaît par coeur Virgile, cette dernière ne leur appartient pas. Pas plus que le génie poétique de Virgile n'appartient au grammairien, jaloux de concordance des temps et de précision dans les déclinaisons.

     

    Non, la Constitution est écrite, remaniée, corrigée, au fil des décennies, par le peuple et les cantons. Ils en sont les auteurs, les inspirateurs. Les profs de droit sont là pour l'enseigner à leurs étudiants. Pas pour dire aux citoyennes et citoyens libres de ce pays ce qu'ils ont à voter.

     

    Pascal Décaillet