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Liberté - Page 341

  • Musique allemande : l'Anneau invisible

     
    Sur le vif - Jeudi 07.10.21 - 16.06h
     
     
    Il ne saurait exister d'Histoire de l'Allemagne sans une Histoire, en profondeur, de la musique allemande.
     
    En profondeur, cela signifie l'immersion dans les partitions. L'Histoire des instruments. La Révolution du clavier tempéré, à laquelle j'ai déjà consacré un épisode de ma Série, en 2015. Et puis, bien sûr, l'incroyable tournant, autour du Sturm und Drang et de la naissance du Romantisme. En un mot, la Révolution beethovénienne.
     
    Et puis ? Et puis, tout le reste ! Wagner, Richard Strauss, Hindemith, le vingtième siècle, les créateurs contemporains.
     
    Et puis ? Et puis, le rapport entre la musique et les textes. Bach et la Bible de Luther, Strauss et Hofmannstahl, Wedekind et Alban Berg, Brecht et Kurt Weill. La note allemande, collée sur la syllabe allemande. Le rythme. La prosodie. La respiration de la phrase musicale.
     
    Et puis ? Et puis, la galaxie du Lied ! Schubert, Schumann, Mahler, le vingtième siècle, les oeuvres d'aujourd'hui. Les grands auteurs et les grands musiciens de la DDR.
     
    Et puis ? Et puis, placer tout cela dans une continuité. Car il existe un lien ! Un fil invisible. Un Ring. Un Anneau, à retrouver, dans le mystère de l'invisible.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Thomas Mann, la langue allemande, la voix haute

     
    Sur le vif - Mercredi 06.10.21 - 14.46h
     
     
    Lire Thomas Mann - ne parlons pas de Kafka ! - c'est passer son temps à chercher le verbe. Celui de la principale, au milieu de l'enchevêtrement des subordonnées. Il faut avoir fait du latin, aimer cette patience qui va d'abord identifier la structure de la phrase, avant d'en dégager le sens. C'est une ascèse. Et c'est une jouissance.
     
    Thomas Mann est un auteur complexe. Mais son propos touche au sublime : l'observation de l'homme, l'homme vrai, l'homme nu. Le diagnostic de ses fragilités. Prenez Mort à Venise, premières pages, balade du héros à Munich, Prinzregentenstrasse, et déjà les premiers signaux corporels du mal qui l'emportera. La phrase se ramifie, comme un tissu de cellules affolées. Il y a pourtant un sens : la maladie. La vie qui prend congé. Le chemin vers la mort.
     
    J'invite tous les profs d'allemand à faire lire Thomas Mann à leurs élèves. En classe, à tour de rôle, à haute voix. Quand une phrase est complexe, il faut commencer par la lire tout haut, en posant bien chaque virgule : alors, tout doucement, une fois l'exercice maintes fois répété, et l'oreille toujours prêtée à sa propre voix, le lecteur commencera, comme en révélation photographique, à voir affleurer le sens.
     
     
    Pascal Décaillet

  • L'Allemagne : un exemple !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 06.10.21

     

    L’Histoire de l’Allemagne est l’une de mes grandes passions, je planche d’ailleurs depuis six ans sur une fresque de 144 épisodes, de la traduction de la Bible par Luther, en 1522, jusqu’à nos jours. J’en ai encore pour des années. Politique, littérature, poésie, et aussi une immense place pour l’Histoire des formes musicales

     

    En attendant, j’ai suivi de près les débats politiques sur les chaînes allemandes, autour de leurs élections du 26 septembre, le début de l’après-Merkel. L’occasion, plusieurs fois, de voir s’affronter la Verte Annalena Baerbock, le chrétien-démocrate Armin Laschet, et le social-démocrate Olaf Scholz.

     

    Je n’aurai qu’un mot : quel bonheur ! Que plaisir, intellectuel et politique, d’assister à des débats qui ressemblent, Dieu merci, beaucoup plus aux nôtres, en Suisse, qu’à l’étripage généralisé des chaînes continues françaises. Ces « chroniqueurs » qui s’’invitent entre eux, se lacèrent, s’éviscèrent, hurlent les uns sur les autres, dans une cacophonie généralisée. L’espace médiatique français est devenu une honte.

     

    En Suisse, tant à la RTS que sur les chaînes privées, nous écoutons l’interlocuteur. C’est parfois vif, il est bien normal que les passions affleurent, mais c’est très loin de la foire d’empoigne des coquelets parisiens. En Allemagne, c’est encore mieux. C’est une autre tradition journalistique. On privilégie le fond. On laisse parler l’autre. C’est peut-être lié au génie de la langue allemande : sans verbe, on ne comprend rien. Et pour l’avoir, il faut attendre la fin de la phrase ! Vive l’Allemagne !

     

    Pascal Décaillet